La petite querelle qui met en scène Pastef, ou une partie de celui-ci, et la Société civile aura fini par faire tordre de rire l’ancien président de la République. Quand Pastef défiait les institutions, lorsqu’il appelait inconséquemment à brûler le pays et refusait toute idée de concertation, cette même Société civile avait lâchement détourné le regard, préférant alors se laisser aller dans le sens du mouvement populaire des vociférations.
Quand il était dit que le leader de Pastef avait été aspergé d’un liquide inconnu à l’origine de ses ennuis de santé, Alioune Tine insistait sur l’urgence de permettre à Sonko d’être évacué à l’étranger pour bénéficier de soins appropriés. Seydi Gassama, quant à lui, renchérissait : «Les poursuites contre Ousmane Sonko sont totalement injustes. Tous les opposants sénégalais, contre Abdou Diouf ou Abdoulaye Wade, y compris Macky Sall, ont tenu des propos qui auraient pu être qualifiés d’appel à l’insurrection sans être inquiétés.»
Pour remplir son rôle sans confusion ni soupçon de parti pris, la Société civile doit circonscrire ses actions dans les limites d’évaluation et de critique impersonnelle des gouvernances sectorielles. C’est ainsi qu’elle peut transcender l’éphémère jeu politique et éviter toute confusion dommageable à sa posture de sentinelle. L’efficacité de ses démarches d’influence dépend en grande partie de son profil de partenaire au développement ou, tout au plus, de divers groupes de revendication.
Pour rappel, accusé de viol, Ousmane Sonko bénéficiait du soutien d’une très large partie de la Société civile, qui criait au complot et mettait en doute l’indépendance de la Justice. Au même moment, force est de reconnaître que Thierno Alassane Sall précisait qu’il n’avait pas tous les éléments qu’il fallait pour prendre position. «Notre position, c’est la neutralité. Je ne prendrai pas de position tant que la vérité n’éclatera pas. L’affaire Me Sèye en est une parfaite illustration. J’invite les autres à la neutralité», soulignait le président du parti la République des valeurs.
Birame Waltako NDIAYE