Suite à la libéralisation de l’importation du fuel en 2007 sous le régime de Wade, Senelec a commencé à contracter directement avec les fournisseurs tels qu’Itoc, Sar, pour l’approvisionnement de ces centrales en fuel lourd
C’est suite à cela qu’en Juillet 2010 après une livraison de fuel par Itoc, le réseau de la Senelec a été confronté à un black-out presque total (rupture de fourniture de l’électricité) dû à une panne de l’ensemble des groupes des Centrales C4 d’abord, ensuite C6, plongeant presque tout le pays dans le noir.
Très tôt, le Sutelec (le Syndicat unique des travailleurs de l’électricité) avait alerté pour mettre en cause le fuel fourni par Itoc car l’ensemble des groupes de C4 et C6 avaient subi des dommages et suite aux analyses de laboratoires commis à cet effet, qui avaient conclu à la présence de boue qui avait endommagé les inducteurs des groupes de Senelec.
Après ces résultats d’analyse, Senelec avait porté plainte contre X après avoir adressé une correspondance à Itoc, qui avait dégagé sa responsabilité arguant que toute la chaine de contrôle, à savoir la Sgs (qui devait assurer le contrôle de qualité), le laboratoire de la Sar, avaient donné leur quitus pour le déchargement du fuel qui avait été convoyé à Dakar par Atlas Voyageur, (société qui avait contracté avec ITOC) par Sea Line
Malheureusement, Senelec n’a pas été au bout de sa logique en poursuivant la plainte et a été contraint par l’Etat du Sénégal à faire un arrangement à l’amiable (qui n’a pas été acté). En son temps, c’est Samuel Sarr qui était Ministre de l’Energie du Gouvernement de Wade.
Aujourd hui, la négligence de Senelec se retourne contre elle et on s’étonne de voir Itoc réclamer des dommages à la Senelec, alors qu’elle a été au cœur de ce scandale et devait être poursuivie pour atteinte à la sureté de l’Etat.
Et Itoc oublie qu’en 2011 l’Etat du Sénégal a pris un décret avec l’élaboration du Plan Takkal, qui a redonné à la Sar le monopole de l’approvisionnement en combustible de la Senelec pour éviter les ruptures de fournitures de courant du fait du manque de fuel, Loi L 161-2011 qui a aussi créé le fonds de Soutien de l’Energie pour stabiliser l’Approvisionnement correct des Centrales de Senelec et assurer les investissements suite à la grave crise dans le secteur de l’électricité de 2009 à 2011.
D’ailleurs le Sutelec n’a jamais cessé de demander à cette époque, de redonner à la Sar le monopole de fourniture du fuel, car c’était son métier et l’aventure de l’importation du fuel a été désastreuse pour la Senelec, avec des milliards engloutis pour payer d’innombrables taxes et pénalités de retard (surestaries) qui ont conduit Senelec à la banqueroute de 2007 à 2011.
Itoc semble avoir oublié qu’en 2011, elle-même avait refusé de fournir du fuel du fait des énormes arriérés que lui devait Senelec sur les commandes d’importation de fuel, ce qui avait engendré les fameuses émeutes de l’électricité.
Aujourd’hui, même si il y’a des failles juridiques dans le contrat que Senelec a négligé, la morale voudrait que, quand on cause du tort, on doit réparer au lieu de se ridiculiser en intentant des actions juridiques pour con-traindre Senelec à payer des dommages, essayer de profiter des tares du système Senelec pour se remplir les poches.
La vérité sur cette affaire qui met en cause la responsabilité de plusieurs protagonistes, devrait être éclaircie mais en tout état de cause, Itoc est l’entreprise par laquelle est survenue le Scandale.
Aujourd’hui, la Senelec est rattrapée par ses erreurs, alors que tous les documents attestant la duplicité d’Itoc sont en sa possession.
Les leçons à tirer de cette affaire est que les dirigeants des entreprises publiques doivent faire la part des choses entre leur responsabilité de managers (gestion vertueuse des sociétés) et les désidérata des politiques, qui peuvent être lourdes de conséquences pour eux.
Conclusion
Cela aussi doit servir de tremplin à l’avenir pour la Senelec qui doit être plus regardante sur les contrats, sur des clauses contraignantes, avant de signer.
C’est comme si Senelec ne disposait pas d’avocats conseils, alors qu’ils sont grassement payés.
C’est donc le lieu de revoir tous les contrats, particulièrement avec les Ipp (producteurs indépendants), qui sont des gouffres à milliards. Peut-être qu’en 2007, Senelec était en position de faiblesse, avec les ruptures d’approvisionnement en fuel et le manque d’investissement.
Mais aujourd’hui que l’offre est supérieure à la demande, il faut revoir les contrats et enlever toutes les clauses contraignantes comme les comptes séquestres, les prix d’achat du kilowatt, les conditions d’approvisionnement, etc.
Pour Itoc, il est inconcevable de payer des dommages car la faute est avérée et Itoc doit être poursuivie pour escroquerie et atteinte á la sureté de l’Etat.
Pour cela, on a besoin à la tête des entreprises nationales, des patriotes sincères, soucieux du développement de leur pays, pour refuser ce banditisme qui ne dit pas son nom.
Citoyenne Haby Dieng FALL
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