L’Acte 3 de la décentralisation fait la guerre à l’extrême pauvreté

En s’engageant d’apporter des ruptures profondes dans la gestion des affaires locales, Son Excellence le Président Macky Sall fait la guerre à l’extrême pauvreté au Sénégal par l’Acte 3 de la décentralisation. Au-delà de l’aspect juridique de cette grande réforme, il est une idéologie collective territoriale, un ensemble de dynamiques endogènes et un nouveau système productif. La vision stratégique est généreuse, elle consiste à une territorialisation des politiques publiques et une transformation de toutes les zones éco géographiques en véritables pôles de développement. La raison d’être fondamentale de l’Acte 3 est de combattre l’extrême pauvreté en tout lieu, car les plus pauvres sont vulnérables aux dégradations de l’environnement.
Après une analyse profonde et scientifique de la complexité de la pauvreté, le président de la République a très tôt compris que ce phénomène est un problème d’iniquité sociale inacceptable. C’est pour cela que l’Acte 3 de la décentralisation rentre dans la philosophie de l’école des besoins de base, approche non welfariste. L’Acte 3 est le moyen idéal qui relie correctement les besoins minimaux de base des populations aux fonctionnements (nourriture, eau potable, santé, éducation, emploi et habitat).
Dans cette option, il faut bien comprendre les fondements de ce choix politique pour connaître l’indicateur correspondant à la stratégie de développement choisie pour mesurer la pauvreté au Sénégal. Le chef de l’Etat corrige les inégalités de destins entre les citoyens du fait de la situation des territoires, rétablit la justice territoriale par la promotion du développement humain. Depuis 2014, l’Acte 3 de la décentralisation a enregistré des victoires sur le champ de bataille. Cette communalisation intégrale nous a permis de mettre en œuvre l’orientation stratégique qui consiste à évoluer et intensifier le mode de programmation des investissements publics sur l’ensemble du territoire. Ces grands investissements montrent la volonté de l’Etat à rationaliser et valoriser toutes les ressources sur le territoire national.L’Acte 3 de la décentralisation agit efficacement sur le déficit en termes de longévité (espérance de vie des populations), d’instruction (nombres d’écoles et universités), accès à l’eau potable (nombre de forages créés), accès aux services de santé (investissements et équipements de santé). De 2014 à nos jours, les conditions de vie des populations ont positivement évolué. En d’autres termes, il y a eu un net recul de la pauvreté. C’est l’Indicateur de pauvreté humaine (Iph) qu’il faut utiliser pour mesurer et évaluer les performances de toutes ces politiques publiques liées à l’Acte 3.
A noter que ceux qui polémiquent sur l’état de pauvreté du Sénégal se trompent souvent d’indicateur de mesure. Beaucoup de projets sont réalisés dans le programme triennal d’investissement public 2015-2018. Donc, il est temps de ne plus prendre comme référence le taux de croissance économique pour mesurer le développement territorial, mais de considérer et déterminer une ligne de pauvreté. Le seuil de pauvreté est le coût minimal pour un individu ou un ménage, d’un niveau d’utilité de référence fixé sur la base de l’ensemble des individus ou ménages. En plus, rétablir l’égalité territoriale, c’est d’abord savoir mesurer scientifiquement l’inégalité. L’analyse de l’inégalité fait référence à la courbe de Lorenz qui permet de comparer l’inégalité des niveaux de vie entre les divers groupes ou différentes distributions. Lorsque tous les individus dépensent la même part, alors la courbe de Lorenz sera confondue avec la première bissectrice et nous parlerons de parfaite égalité entre les individus ou ménages considérés.
En Europe, la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi a constitué un indicateur du bien-être en incluant les conditions de vie matérielle – santé, éducation, participation citoyenne, environnement et rapports sociaux. De même, le réseau italien Sbilanciamoci a créé un indicateur appelé «Qualité du développement régional», en incluant l’environnement et le développement humain territorial.
L’objectif recherché par l’Acte 3 est la cohérence territoriale, la justice spatiale et sociale. C’est pour cela : 1170 km de routes revêtues – plus 4 000 km de pistes rurales – de nouvelles infrastructures ferroviaires et plateformes portuaires réalisées – plus de 2 500 milliards seront entièrement dépensés d’ici fin 2018 pour redynamiser les territoires. En 2017, plus de 92 millions d’euros investis pour la réalisation de plus 210 forages et stations de pompage – 980 mille personnes ont accès désormais à l’eau potable. 350 villages électrifiés avec plus de 150 châteaux d’eau par le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) ; un programme de modernisation des villes pour améliorer le cadre de vie des population réalisé par le Programme de modernisation des villes (Promoville) avec 250 milliards F Cfa pour plus de 50 mille emplois prévus. En outre, nous avons le Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal (Pacasen) pour financer et opérationnaliser dans les plus brefs délais l’Acte 3 de la décentralisation. Ailleurs, le service universel de l’énergie, les zones économiques spéciales intégrées et les plateformes industrielles sont réalisés par l’Etat.
Il existe partout des aménagements structurés pour créer des emplois et des agropoles (plus de 300 mille emplois prévus) par le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac). Pour rétablir la justice sociale dans le processus d’égalité des territoires, la carte d’égalité des chances offre aux personnes handicapées divers services sociaux relatifs à la santé, finances, transport et éducation. Sur un autre plan, la politique de l’éducation nationale rejoint la volonté de territorialiser les politiques publiques, conformément à la vision du chef de l’Etat déclinée ainsi : «Un système d’éducation et de formation équitable, efficace, conforme aux exigences du développement économique et social, plus engagé dans la prise en charge des exclus, et fondé sur une gouvernance inclusive, une responsabilité plus accrue des collectivités territoriales et des acteurs à la base.»
En somme, il faut impérativement poursuivre cette volonté de transformer l’économie sur l’ensemble du territoire. L’Acte 3 rétablit la justice territoriale en impliquant tous les citoyens à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques de développement. C’est pour cela qu’il faut ériger en loi constitutionnelle la notion «Egalité territoriale» pour une meilleure prise en charge de la territorialité.
Alpha YOUM
Spécialiste de gestion publique
Président Apc