A problèmes locaux, solutions locales. En Afrique et plus particulièrement au Sénégal, les férus d’Intelligence artificielle allient Intelligence artificielle et langues locales pour offrir des solutions de communication. Par Moussa SECK –

Google, une intelligence absolue. Google, une bibliothèque universelle. Google, tout ce qu’il faut savoir sur le plus singulier point. Google connait tout. Et «parle» mille et une langues… même le wolof. Mais, Google sait-il différencier «junni» le chiffre de «junni» le montant d’argent ? Subtilité de langage, Monsieur-sait-tout ajourné et passe LAFricaMobile.
Cette dernière, entreprise implantée au cœur du Plateau de Dakar, se définit comme panafricaine et s’active depuis dix ans dans le domaine du numérique. «Notre vision, c’est d’aider les entreprises à créer un lien fort avec leurs clients. Aujourd’hui, on a une plateforme qu’on appelle mon espace où on agrège beaucoup de solutions de communication telles que le Sms, la voix, l’Ussd, le Whatsapp… L’idée, c’est de faciliter la communication afin d’aider les entreprises, les associations, les Ong, sur une seule plateforme, à pouvoir communiquer, et facilement.» Concernant les entreprises, il a été constaté qu’une bonne partie qui se trouve au Sénégal et dans la sous-région communique en français, «c’est-à-dire qu’ils envoient des messages écrits en français, ce qui pose un problème» sachant que tous ne lisent pas cette langue étrangère. Rien qu’au Sénégal, on parle de 56% de taux d’alphabétisation. Barrage de langue et, probablement, communication pas totalement réussie. Ainsi, rassure un ingénieur dont le domaine de recherche est le traitement automatique de la langue, et qui officie à LAFricaMobile : «Nous avons développé une solution qui est basée sur l’Intelligence artificielle, une solution qui s’appelle le Text-to-speech.» Ladite solution permet aux entreprises de toujours écrire en français, l’intervention de LAFricaMobile offrant la possibilité d’avoir le message en question en rendu voix, mais en plus, en wolof. Monsieur Abdou Aziz Diop de donner plus de détails : «Sur notre plateforme, sur mon espace, via la voix, on donne la possibilité à ces entreprises-là d’enregistrer un message vocal, disons en wolof ou en sérère, avec la possibilité de l’envoyer directement comme appel téléphonique sur un numéro de téléphone ou de faire une campagne.»

«L’Ia aujourd’hui a ce potentiel de simplifier la communication» Google alors, fait dorénavant dans la traduction en wolof, mais n’a pas encore intégré l’innovation vocale. Avantage pour LAFricaMobile. L’autre avantage est que même dans la traduction, «il y a des subtilités que seuls les natifs peuvent résoudre. Je peux donner l’exemple sur les chiffres, sur les montants… Si on ne prend pas en compte ces subtilités, on ne peut pas résoudre les problèmes des Sénégalais en réalité. Mais, si on est natif, on est bien conscient de ces problèmes-là, que ce soit les chiffres, les montants, les dates et l’heure aussi». Subtilité de la langue ! Aussi, pour cette raison, Abdou Aziz Diop préconise une approche locale pour apporter des réponses, via l’Intelligence artificielle, aux problèmes locaux. Parce qu’en réalité, «les solutions qui sont développées par les Européens ou bien par les Américains, souvent, ne prennent pas en compte cette problématique-là», ceci s’expliquant par le fait que ça ne les préoccupe simplement pas. «Donc, en ce sens, c’est à nous, les Africains, de résoudre les problèmes que nous connaissons. C’est sur cette base qu’on s’est dit qu’on va concevoir des solutions qui vont être adaptées à nos réalités. Et il se trouve qu’aujourd’hui, l’Intelligence artificielle a ce potentiel de pouvoir concevoir des solutions linguistiques, que ce soit sur la voix et même dans d’autres domaines.»
LAFricaMobile a battu Google, sur le terrain de l’Ia, du fait que les concepteurs de sa solution Text-to-speech ont eu un ancrage dans les langues africaines. Ici, le wolof. Et, on devine bien que l’entreprise pense prendre en charge, dans ses objectifs futurs, des langues autres. Du pays et de la sous-région. Car, comme expliqué par le Lead Data Science de la société ci-haut citée, «l’Ia aujourd’hui a ce potentiel de simplifier la communication, mais aussi a ce potentiel, sur une seule solution, de pouvoir communiquer plusieurs langues». Les spécialistes sont au fait de toutes ces possibilités, ce qui n’est pas forcément le cas de tout le monde. Et, tout le monde doit être au courant des bénéfices que l’Ia peut apporter aux populations. Sensibilisation, vulgarisation. A cela appelle Abdou Aziz Diop. A la sensibilisation et à la vulgarisation, il appelle communautés et entreprises s’activant dans le domaine de l’Ia. Afin d’y intéresser tout le monde.