L’Allemagne a cette capacité inouïe de se recréer, de se réinventer et même de se dépasser comme jamais aucun peuple n’a pu le faire dans l’histoire moderne. C’est comme le phénix de la mythologie grecque. Aujourd’hui, fait majeur dans l’histoire, l’Allemagne dépasse le Japon pour être la troisième puissance économique, avec un niveau de Pib courant qui dépasse pour la première fois le Japon.

L’histoire n’a pas du tout été tendre avec l’Allemagne. Divisée en deux Etats au lendemain de la Seconde guerre mondiale, elle a réussi avec ses énormes réserves de charbon et son industrie automobile, à dominer l’industrie européenne, profitant du marché unique européen avec la Cee, l’ancêtre de l’Ue. Le charbon et l’acier ont recréé et solidifié le socle industriel allemand.
Durant les années 1980, l’Ouest industriel et moderne a pu ainsi absorber et intégrer l’Est allemand en élargissant la classe moyenne de la Nation unifiée, boostant l’output industriel grâce à la main-d’œuvre bon marché de l’Allemagne de l’Est. Avec le Chancelier Kohl, l’Allemagne retrouve sa place dans la géopolitique mondiale. Le couple Mitterrand-Kohl  négocie le virage vers l’élargissement de l’Union européenne, créant pour l’Allemagne un gros marché avec les pays de l’Europe de l’Est, avec la Pologne comme tête de pont.
Puis la Chancelière Merkel, elle est la consolidatrice et la réformatrice qui a permis le boom économique sans précèdent de l’Allemagne, profitant du gaz russe bon marché pour recentrer et repositionner la base industrielle autour de grappes et de secteurs où l’Allemagne avait des avantage absolus du fait surtout de sa productivité et de ses entrepreneurs innovants et conquérants.
Contrairement à la France qui a vu sa base industrielle réduite par la vague des délocalisations, l’Allemagne sous Merkel est parvenue à élargir son tissu industriel, surpassant la Grande Bretagne et même l’Italie. Aujourd’hui l’Allemagne a un excédent commercial dont peu de pays européens dont la France, peuvent seulement rêver.

Le départ de Merkel puis le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine ont provoqué des conclusions hâtives des oiseaux de mauvais augure qui voyaient la fin du miracle. C’est sans compter avec l’inventivité, la réactivité et surtout la résilience de l’économie allemande. A bras-le-corps, l’Allemagne a éteint ses réacteurs nucléaires, fermé ses mines de charbon et s’est lancée avec de potentiels originels sur les énergies renouvelables : aujourd’hui l’Allemagne est le seul pays européen à avoir réussi sa transition énergétique, parvenant à produire plus de 20 fois plus d’énergie solaire que l’Afrique avec seulement un huitième de l’ensoleillement moyen du continent africain.

Profitant des mouvements de population de son voisin turc, l’Allemagne a absorbé plus d’un million de Syriens et Turcs pour ses usines et ateliers. C’est un pays qui a pu intégrer le gratin intellectuel de la Méditerranée. D’ailleurs, les deux prodiges qui ont créé BioNtech sont issus de ce mouvement. Sans BioNtech-Pfizer, le monde ne viendrait pas à bout du Covid-19. Le breakthrough est parti de l’Allemagne. Cet afflux de jeunes émigrés a permis à l’Allemagne d’inverser sa natalité négative et déclinante, et permis d’équilibrer ses comptes sociaux de retraite, alors que les autres pays européens ont vu l’Extrême-droite leur ôter toute chance d’intégrer les émigrés, même les ingénieurs, techniciens, etc.

L’Allemagne, paria du monde durant les première et seconde guerres mondiales, est devenue le porte-drapeau économique de l’Ue, avec un Pib de 4400 milliards de dollars Us.

La traite négrière, la colonisation, les changements climatiques ne peuvent être des alibis et excuses pour la régression économique. L’Allemagne nous donne -nous Afri­cains-  une très belle leçon.
Moustapha DIAKHATE
Ex-Cons Spec PM
Expert et  Consultant