L’ambassadeur Cheikh Niang, nouveau ministre, une intelligence diplomatique au service de la Nation

La diplomatie, par sa nature, mobilise des compétences multiples qui vont au-delà de la simple acquisition d’un savoir-faire technique façonné dans l’épreuve, affiné dans l’action et validé par les résultats. Elle requiert une intelligence diplomatique, comprise comme capacité d’analyse, de compréhension et de créativité. Lorsque cette dimension particulière et unique rencontre la responsabilité ministérielle, il se crée une alchimie singulière qui élève l’expérience diplomatique à l’échelle d’une mission d’Etat.
Le diplomate de carrière, devenu ministre, accède ainsi à une forme supérieure de gouvernance stratégique qui lui confère une maturité supplémentaire, élève son action et renforce sa légitimité au service exclusif de la Nation. L’intelligence diplomatique trouve dans la responsabilité ministérielle, un cadre éthique et institutionnel d’expression où s’élève la voix de la Nation : une voix ferme dans ses convictions, arcboutée à ses valeurs, mais toujours flexible et perméable au dialogue avec le monde.
C’est sous ce rapport qu’il faudrait comprendre le sens et la portée de la récente nomination de Cheikh Niang au poste de ministre de l’Intégration africaine, des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Cette nomination n’est pas seulement la récompense du mérite ou la consécration du parcours exceptionnel d’un diplomate de carrière. Elle incarne la confiance du président de la République et de son Premier ministre en une intelligence rare, forgée dans l’épreuve tumultueuse des relations internationales et nourrie dans le temps long de la pratique diplomatique au service de l’Etat.
Son riche parcours est marqué par l’exercice continu de hautes responsabilités, toutes aussi prestigieuses les unes que les autres et inscrites, en permanence, dans une trajectoire ascendante. Ambassadeur en Afrique du Sud, il a su tisser des relations solides avec l’une des grandes puissances émergentes du continent, contribuant largement à renforcer les liens entre Dakar et Pretoria. Nommé, ensuite, au Japon, il a mis son intelligence diplomatique et son ouverture au service d’un partenariat entre le Sénégal et une puissance technologique et économique de premier plan. Aux Etats-Unis, enfin, dans un contexte de relations internationales en profondes mutations et en constante recomposition, il a incarné, avec rigueur et clairvoyance, la voix du Sénégal sur la scène mondiale.
Son mandat comme Représentant permanent du Sénégal auprès des Nations unies à New York a été une expérience singulière et inspirante qui lui a permis, du haut de la tribune des Nations unies, de faire résonner la voix du Sénégal sur des dossiers majeurs et sur des enjeux critiques de l’ordre mondial. Dans ce rôle stratégique, il a vécu une véritable immersion dans l’écosystème des relations internationales, un univers complexe et exigeant où chaque décision pèse sur l’image et la position de la Nation. Il y a assumé des responsabilités de premier plan au sein de l’Onu, notamment en tant que président de la Deuxième Commission de l’Assemblée générale et président du Comité pour les droits inaliénables du Peuple palestinien, consolidant ainsi sa stature de diplomate reconnu et respecté sur la scène mondiale.
Chaque étape de ce parcours est révélatrice d’une capacité rare d’adaptation à des environnements géopolitiques différents et d’une intelligence des situations. Mieux, l’expérience diplomatique de Cheikh ne s’est jamais figée dans la pratique routinière des affaires internationales. Tout en assumant des charges de plus en plus élevées dans un contexte de complexité croissante des enjeux mondiaux et de crise du multilatéralisme, il a su inscrire son parcours dans une dynamique permanente de formation et de recherche intellectuelle. Sa curiosité scientifique l’a conduit à explorer des champs disciplinaires très variés : relations internationales, droit et gouvernance multilatérale, économie mondiale, géopolitique et sécurité internationale, interprétariat, techniques de négociation et de médiation.
Cette tendance constante à l’autoformation traduit une conviction profonde qui a toujours habité cette grande figure de la diplomatie mondiale : l’efficacité diplomatique trouve sa source dans l’articulation intelligente entre l’expérience pratique et la rationalité scientifique. En ce sens, Cheikh incarne une forme d’intelligence diplomatique qui conjugue savoir académique, culture stratégique et sens aigu du réel. La maîtrise parfaite du français et de l’anglais lui a permis d’inscrire son expérience au croisement de la tradition anglo-saxonne et de la culture francophone, renforçant ainsi sa flexibilité, son adaptabilité et sa capacité d’innovation dans les stratégies diplomatiques. Cette soif inaltérable de connaissance, éprouvée par l’expérience et vécue dans l’épreuve, a façonné une personnalité d’exception dont la disponibilité d’esprit conjugue rigueur intellectuelle, pragmatisme de bon aloi et intelligence subtile des situations. Elle a contribué, largement, à faire de lui un acteur respecté et écouté sur toutes les sphères de la diplomatie où il a été appelé à représenter dignement le Sénégal.
La fonction ministérielle que Cheikh va désormais assumer requiert plus qu’une maîtrise des dossiers techniques ou l’exercice exclusif d’une diplomatie de représentation et de gestion des rapports de force. Elle exige une véritable intelligence diplomatique qu’il mettra au service de sa nouvelle responsabilité.
Il exercera sa mission en déployant cette intelligence incarnée dans la capacité à défendre les priorités nationales tout en préservant les équilibres nécessaires au dialogue international. Il mettra à profit sa capacité à comprendre les rapports de force internationaux, à anticiper les évolutions géopolitiques et à construire des relations fondées sur la confiance, la négociation et le partage de savoirs. Mise au service de la responsabilité ministérielle, l’intelligence diplomatique que Cheikh porte en bandoulière, sera un outil de gouvernance et un levier d’efficacité politique sous son magistère dans le cadre d’une orientation créative, prospective et ancrée dans les savoirs scientifiques.
Ces lignes de force vont soutenir la gouvernance du nouveau ministre pour asseoir les bases d’une gouvernance scientifique comme outil de soft power. Diplomate chevronné, doublé d’un intellectuel achevé, Cheikh est bien outillé pour permettre à notre pays de projeter sur la scène mondiale, une image de compétence, d’innovation et de crédibilité. Sur le terrain de la compétition scientifique qui se traduit, de plus en plus, par une reconfiguration des rapports de force autour de la circulation du savoir et la prise en charge des enjeux supranationaux (changements climatiques, sécurité alimentaire, transition énergétique, révolution numérique, cybercriminalité, etc.), il travaillera à faire bouger les lignes de force de la diplomatie classique de représentation pour positionner la communauté scientifique de notre pays dans la géoponique mondiale : universités et grandes écoles, instituts et laboratoires de recherche, organismes privés de recherche, académies et Sociétés savantes, laboratoires et plateformes, etc.
Mais, si on appréhende l’homme derrière la fonction, Cheikh se révèle en nous comme un bâtisseur de confiance et un artisan des relations humaines. Ceux qui l’ont côtoyé ont tous apprécié sa courtoisie, sa simplicité et sa disponibilité. Au quotidien, la prestance officielle du diplomate se dissipe pour laisser entrevoir un homme dans toute son humilité et sa véritable humanité. Toutes ses valeurs fondamentalement humaines, associées à l’expérience diplomatique, ont façonné une personnalité habitée, en permanence, par la volonté inébranlable d’asseoir une diplomatie d’équilibre, de vision et de souveraineté. Son parcours exceptionnel, sa disponibilité d’esprit et le don de soi à l’Etat seront à nouveau mobilisés dans le cadre de cette nouvelle mission pour faire rayonner le Sénégal sur la scène mondiale et porter, au firmament de l’ordre mondial, l’étendard de la Nation.
Pr Ousmane Adama DIA