Il est 14 heures quand démarre notre descente sur Moscou. Trente minutes plus tard, à 14h 30 (Gmt+3), nous touchons le tarmac de l’Aéroport international Domodedovo de Moscou. Je débarque en Russie, en plein hiver, et dans un contexte tendu car le pays est engagé dans un conflit armé. La température extérieure est de seulement -11 degrés Celsius, venant comme une claque pour la Sahélienne que je suis. La Russie en hiver est un spectacle de neige grandeur nature, par conséquent, une tenue appropriée est une obligation.

A l’hiver rugueux sur place, je comprends mieux l’analogie qui est faite pour présenter le froid comme la première défense naturelle de la Russie. Napoléon a vu sa campagne russe de 1812 tourner à l’échec du fait de l’hiver russe. Hitler verra aussi son opération «Barberousse» tourner au vinaigre lors de l’hiver 1941. Ces deux chefs d’Armée avaient, pour chacun, commencé leur conquête en juin, en plein été, pour se heurter aux conditions rudes de l’hiver, avant de battre en retraite. Napoléon abandonne sa conquête un 14 décembre 1812, Hitler jette à l’eau son projet d’envahir la Russie un 5 décembre 1941. Je n’ai pas d’armée à conduire, plutôt des passagers à mener à bon port, et ma valise est pleine de vêtements pour le froid alors que je ne reste que pour un peu plus d’une journée.

Il nous a fallu deux heures de trajet, avec l’importance de la neige dans la ville, pour arriver à notre hôtel, car la nature règne en maître dans ce pays et pousse tout le monde à obéir à ses caprices. J’entame une longue playlist «rétro» avec un pot-pourri de mon thérapeute en chef, Youssou Ndour, qui a fini d’être l’ambassadeur attitré de notre pays partout. Je m’attèle à organiser et planifier des activités pour ma première soirée dans la ville avec des collègues. Malgré l’implication du pays dans un conflit armé avec l’Ukraine, Moscou tourne.
Je me rends vers 18 heures à la Gare Keivskaya. Cette station est en elle-même une attraction touristique comparable à un musée d’art. La beauté des lieux est tout un régal, mais je finis moi-même par attirer la curiosité de certains passagers du métro. Je deviens une attraction le temps du trajet par des jeunes qui, je dirais, se confrontaient pour une des rares fois à une personne de ma pigmentation. La différence est toujours source de curiosité, encore est-il que tout se fasse dans le respect et les bons sentiments. C’est ainsi qu’un groupe de jeunes originaires d’Ouzbékistan me sollicite à prendre une photo. La diversité de Moscou, avec des populations de toute l’Eurasie, me donne un autre regard sur la nature cosmopolite de cette ville. Un bref moment de sourires partagés avec mes nouveaux amis, malgré la langue qui fait un blocage face aux russophones de l’ancienne Union soviétique. Je me limite à leur dire «spasiba» (merci), en leur mimant que je suis du Sénégal. A ma grande surprise, ils crient le nom de Sadio Mané tout en approuvant des pouces. Je suis toute fière et je me dis que je devais commencer par là. A force de tourner dans le monde, je me rends compte à chaque pays visité, de la stature de star internationale qu’a notre Nianthio national, et de la belle façon dont il fait voler haut les couleurs du Sénégal. Le Sénégal lui doit beaucoup.

Nous arrivons finalement à Red Square (Place Rouge), le lieu le plus emblématique de la Russie. De par sa collection de magnifiques bâtiments, j’ai l’impression que c’est Noël toute l’année ici. Le décor de cette place est particulièrement magique, surtout de nuit. Le Goum est l’un de ces édifices de la Place Rouge qui marquent, par sa beauté architecturale. C’est un centre commercial d’une architecture inégalable, datant du 19ème siècle, avec un décor purement traditionnel. Le folklore de la soirée et l’atmosphère des lieux me donnent l’impression d’être dans un Takussanu Ndar à la russe. Les grandes marques et enseignes y sont toutes présentes, montrant que le capitalisme mondialisé s’est fait vainqueur partout. Il y a tout autour du Goum, plusieurs restaurants représentant la gastronmie russe. Du caviar apparaît dans presque toutes les entrées des cartes de restaurants visités. Le boeuf strogonoff, plat typiquement russe, est aussi servi dans toutes les tables, avec des restaurateurs clamant fièrement en préparer le meilleur de Moscou. A quelques mètres du Goum, se trouve l’imposant mur de briques rouges du Kremlin, le Palais présidentiel russe. Notre «Moscou by Night» se termine sur la Place Nikolskaya, où l’on se promène sous les jeux de lumières décorés sur une distance de presque un kilomètre de long. Spasiba Moscou !
Par YAN / lesvoyagesdeyan@lequotidien.sn