Lancement de son parti Prp : Lancement de son parti Prp

Déthié Fall a lancé hier le Parti républicain pour le progrès (Prp/Disso ak askan wi). Sans le nommer, l’ex vice-président du parti Rewmi a égratigné Idrissa Seck qui a rejoint le camp présidentiel. Pour lui, «rien ne vaut le reniement de ses convictions politiques».
La forte présence de personnalités de l’opposition a donné le ton du lancement du Parti républicain pour le progrès (Prp/Disso ak askan wi) de Déthié Fall hier, à Dakar. La salle pleine à craquer, malgré la pandémie, a accueilli Ousmane Sonko, Mamadou Diop Decroix, Cheikh Tidiane Dièye, Bougane Guèye Dany, Mame Diarra Fam, Serigne Abdou Bara Dolly… Pour Malick Gakou, «Déthié Fall a choisi le Peuple, la dignité et leurs valeurs». Le leader du Grand parti qui faisait sans doute allusion à son ex-allié, Idrissa Seck, a récolté une salve d’approbations de la foule. Au nom de l’opposition, le coordonnateur du Front de résistance nationale (Frn), Moctar Sourang, a salué le député de Manko taxawu senegaal, «un homme qui a choisi d’être solide au moment où ‘’mburu’’ s’est fondu dans ‘’soow’’». Mamadou Goumbala, qui a réitéré son allégeance à Idrissa Seck et son appartenance à Rewmi, a tout de même précisé que Déthié Fall est son «ami». Le décor planté sous l’œil avisé de Khalifa Sall, Déthié Fall pointe sa silhouette. Avec presque deux heures de retard, l’ancien vice-président du parti Rewmi enchaîne les accolades avec les opposants et lâche un regard franc à l’intention de ses partisans debout, scandant «Déthié, Président». Costume bleu de nuit, chemise blanche assortie d’une cravate bleue, il serre le poing et lève la main en signe de victoire. La chanson regagne en intensité. Les quatre coins de la salle diffusent en écran géant l’effigie du nouveau leader qui tend les mains à ses concitoyens pour leur demander de venir adhérer à son parti qui vient de se rajouter aux plus de 300 qui existent déjà au Sénégal. Devant le pupitre, il est accompagné de Abdourahmane Diouf et Thierno Bocoum qui, eux aussi, ont tourné le dos au leader du Rewmi.
«Rien ne vaut le reniement de ses convictions politiques»
Après 16 ans de compagnonnage, le député quitte l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental. Il est revenu sur sa phrase choc tenue à l’Assemblée nationale le 27 novembre dernier et qui lui a valu une disgrâce auprès du nouvel allié de Macky Sall. «La vision de Macky Sall doit quitter Diamniadio pour la vallée du fleuve Sénégal», rappelle-t-il fièrement. «Cette position de vérité et de principe m’a valu une destitution offensante et injustifiable de ma fonction de vice-président du parti Rewmi. Au moment où je le faisais pour honorer les charges liées à la fonction du député qui est de servir le Peuple et non ses intérêts ou ceux d’un parti, cette offense a soulevé l’indignation des Sénégalais de tous bords. Je l’ai accueillie avec une totale indifférence», minimise-t-il. Dans le ton comme dans les mots, le leader du Prp appelle les acteurs politiques à «respecter la parole donnée et à défendre les populations, quoi que cela puisse nous coûter». Avant de lancer : «La dignité n’a pas de prix. Nous dévons toujours prendre de la hauteur, de nous oublier devant les privilèges.» Il a juré d’avoir mis l’intégralité de son salaire de député à la disposition des populations qui en ont besoin. «Je n’ai jamais profité d’un seul litre de la carte carburant dont je ne dispose même pas. L’intégralité de cette dotation est allouée aux populations. J’ai été appelé à plusieurs reprises pour prendre des terrains de 250 m2 destinées aux députés. Je ne l’ai pas pris. Ma seule présence à l’Assemblée se justifie par la défense des intérêts du Peuple sénégalais», professe-t-il. Dans son propos, on sent une leçon envers son désormais ex-leader Idrissa Seck. «Rien ne vaut le reniement de ses convictions politiques et sa liberté d’expression. Ni un poste de député, de ministre ni une fonction de président de la République du Sénégal ne valent un reniement. A choisir entre vous, le Peuple sénégalais, et le privilège, je vous choisirai», conclut M. Fall qui prévoit le congrès de son parti en décembre.