Les élections législatives ont été un des faits politiques saillants de l’année 2024. Celles-ci ont consacré une large victoire du parti Pastef. Confortant ainsi la domination de ce parti politique, avec comme tête liste, Ousmane Sonko, qui se retrouve avec 130 députés sur les 165 élus qui composent l’Assemblée nationale. Par Amadou MBODJI –

2024 va éteindre, sous peu, ses lampions. Mais elle restera une année singulière pour le camp présidentiel. Huit mois après son arrivée au pouvoir, avec l’élection au premier tour de la Présiden-tielle de Bassirou Diomaye Faye, voilà que le parti Pastef domine les élections législatives de la tête et des épaules. Avec comme tête de liste Ousmane Sonko, ce parti n’a laissé que des miettes aux autres coalitions et listes en remportant haut la main les élections législatives du 17 novembre dernier. Le parti au pouvoir, qui a pris part à cette compétition électorale sous ses propres couleurs, se retrouve avec 130 députés sur les 165 élus  que compte cette 15ème Législature. Pastef récolte 1 million 991 770 mille voix, soit 54, 97% des suffrages. La Coalition «Takku Wallu Senegaal»,  dirigée   par le Président Macky Sall, se retrouve deuxième avec 531 mille 466 voix pour 16 sièges, soit 14, 67% des suffrages, suivie de la  Coalition «Jamm ak njarin»  du Premier ministre Amadou Ba avec  330 mille  865 voix pour 7 sièges, soit 9, 15% des suffrages, et la Coalition «Samm Sa Kaddu»,  drivé  par Barthélemy Dias, avec 222 mille 060 voix pour trois sièges,  soit 6, 13% des suffrages. Cette large victoire de Pastef s’est dessinée sur fond de tensions politiques, qui ont rythmé la campagne électorale, avec notamment l’attaque du siège de Taxawu Senegaal qui a été incendié. Un événement déplorable précédé par une autre attaque dont avaient fait l’objet les militants de Pastef à Dakar à l’entame de la campagne électorale. Cette violence a étendu ses tentacules  à l’intérieur du pays, notamment à Koungheul, où le cortège de Pastef avait été attaqué. Résultat des courses,  Malick Gackou, président du  Grand parti et allié du parti Pastef, se retrouve avec une fracture à la main. Des blessés  ont été dénombrés aussi à Saint-Louis, suite à des violences qui ont abouti à des arrestations, à l’entrée de Thiès, des éléments de la sécurité, au nombre de 83, de «Samm sa kaddu». Parmi eux,  Bassirou Diop qui a perdu la vie en prison. Cela avait suscité une polémique chez Barthélemy Dias, qui a soutenu que le décès de son garde du corps n’était pas une mort naturelle, alors que l’autopsie fait état d’un décès à cause d’une maladie. En inter-coalition avec  «Takku Wallu» dans la capitale du Nord, les responsables de «Sam sa kaddu»  avaient  rejeté les allégations de violence et de provocation, qu’ils  attribuent au parti Pastef.  Les ténors du pouvoir et de l’opposition se sont retrouvés à Dakar dans la dernière ligne droite d’une campagne électorale où la tension était toujours palpable, entre le Pm et les responsables de l’opposition qui se lancent des  piques acerbes. Les protagonistes jouaient ainsi les prolongations d’une campagne à hauts risques où la tête de liste de Pastef avait donné rendez-vous à ses militants devant le domicile de Barthélemy Dias sis à la Sicap  Baobab, pris  d’assaut par ses militants, avant de se retrouver avec leur leader  à l’ex-Ecole normale  supérieure, à quelques encablures de la maison de M. Dias, pour y tenir un meeting.

Barthélemy Dias crie, de son côté, à «l’injustice» et déclare avoir été empêché par l’autorité de dérouler sa caravane dans la capitale sénégalaise, au moment où la même mesure n’est pas appliquée au camp du pouvoir qui poursuivait son programme.

Instabilité politique
Une instabilité politique a précédé les élections législatives anticipées sur fond de tiraillements entre les députés du pouvoir et ceux de l’opposition qui étaient majoritaires durant la 14ème Législature. Trois mois  après l’installation du nouveau gouvernement, le Pm Ousmane Sonko a refusé de tenir sa Déclaration de politique générale (Dpg) en évoquant le prétexte de la non-conformité du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, demandant ainsi sa  mise à jour. C’est ce à quoi s’est plié l’Hémicycle, mais cela n’a pas pour autant permis la tenue de cette Dpg avec notamment la suppression, par décret présidentiel, de la 14ème Législature, le 12 septembre dernier, à la veille de la tenue de la Dpg qui, pourtant, devait se tenir le lendemain 13 septembre comme annoncé par le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye lors de son adresse à la Nation. La non-tenue de la Dpg a envenimé l’atmosphère au sein de l’Hémicycle, avec surtout les députés de l’opposition qui avaient du mal à concevoir le refus du Pm de la tenir en évoquant une violation des dispositions de la Constitution. C’est ainsi que le Débat d’orientation budgétaire (Dob) n’a pu se tenir du fait que ces députés de «Benno bokk yaakaar» (Bby) ont refusé d’en donner l’opportunité au nouveau ministre des Finances, Cheikh Diba. Le Bureau de l’Assemblée nationale avait annulé la rencontre en réaction à l’acte posé par le Pm à son endroit en y voyant une défiance et un manque d’élégance républicaine à leur égard de sa part. D’ailleurs, ce dernier les avait prévenus, à travers des propos à peine voilés, de la dissolution de l’Assemblée nationale, au moment où eux pensaient pouvoir opposer une motion de censure. Il leur a fait remarquer que le moment venu ils penseront autre chose que de censurer son gouvernement.

Organisées dans un  délai très court, ces élections législatives n’ont pas permis le recours au parrainage, expliquant ainsi la pléthore de listes (41) sur les starting-blocks.
ambodji@lequotidien.sn