L’argent public volé, mandat de dépôt ou mise au pilori

Plusieurs ministres, responsables politiques et hommes d’affaires ont formé des groupes criminels organisés pour piller les ressources financières et minières du pays. Criminalité financière, fonds volés, pots-de-vin et corruption ont été les activités permanentes de ces personnes désignées dans les rapports de la Cour des comptes. Les conséquences sont désastreuses en 2025 : destruction des équilibres macroéconomiques, perte de croissance dans des secteurs stratégiques comme l’agriculture, l’énergie, la santé et l’éducation. Des centaines de milliards sont dissimulés dans le foncier et le blanchiment de capitaux. Une mobilisation nationale est plus que nécessaire pour soutenir toutes les initiatives du gouvernement allant dans le sens d’arrêter ce grand banditisme.
Nous devons récupérer l’argent pour construire des hôpitaux, des écoles, subventionner les produits de base et soutenir les femmes rurales et leurs enfants. Le vol et la corruption entravent nos économies et créent une sorte de bourgeoisie comprador pour entretenir la chaîne de la délinquance financière. Selon la Banque africaine de développement (Bad), la corruption représente une perte de 140 milliards d’euros, c’est-à-dire ¼ du Pib en Afrique ; l’aide extérieure est souvent détournée, 28 milliards d’euros disparaissent chaque année. Le Sénégal est bien sur la voie d’une véritable révolution culturelle, c’est-à-dire un changement de méthode et d’horizon. La relance économique est possible sous les conditions suivantes :
D’abord poursuivre la reddition des comptes pour démasquer les voleurs de l’argent public qui ont passé tout leur temps à mentir, divertir et voler les ressources financières du pays. Ensuite utiliser les revenus du pétrole et du gaz à bon escient et combler les déficits budgétaires afin de réduire la dette extérieure. Enfin mettre en place une Administration nouvelle capable de satisfaire pleinement les usagers du service public, surtout dans le secteur de la santé. Le gouvernement va adopter le projet du nouveau Code du travail pour rendre le pays plus attractif, et d’autres dispositions fiscales pour améliorer l’environnement des affaires. Au plan africain, il faut une volonté des Etats d’harmoniser le Droit pénal des affaires et ses procédures de l’Ohada, et adopter de nouveaux instruments pour détecter le circuit de la criminalité financière.
Pour rappel, le Sénégal a une grande ambition dans sa vision stratégique marquée par la souveraineté alimentaire et énergétique ; pour l’année 2025, 1070 milliards F Cfa sont dédiés à l’amélioration de la productivité agricole, à la modernisation des filières de pêche et au développement des industries agroalimentaires, 1377 milliards à l’éducation et la formation professionnelle, 34% du budget général affectés à la santé et à la réduction des inégalités sociales et territoriales, un taux de croissance estimé à 8, 8%.
Vu cette volonté de renverser la tendance pour un Sénégal prospère, il n’est pas question de tolérer le détournement de fonds publics. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), environ 1000 milliards de dollars sont versés en pot-de-vin dans le monde, tandis que 2600 milliards de dollars sont détournés. Une partie non négligeable de ces sommes provient d’Afrique, minant les bases de la gouvernance et accentuant les inégalités sociales. Pour le président de la Bad, monsieur Akinwumi Adesina, «la lutte contre la corruption est un levier incontournable pour libérer le potentiel du continent… La corruption est un poison qui détruit l’avenir économique et social».
Alpha YOUM
Spécialiste de Gestion publique et Droit social
Président Paix/Citoyenneté-Sénégal