Le Procureur général près la Cour d’appel n’a jamais retourné sa veste. C’est lui-même Lassana Diabé qui le précise, et traite les avocats de Khalifa Sall de «charlatans du droit».

Le débit de sa voix exprime un trop-plein d’amertume. A la barre hier, le Procureur général a «rétabli la vérité des faits» suite à ses propos de la semaine dernière relatifs à l’arrêt de la Cour de justice de la Cedeao. «Je n’ai jamais demandé dans mes réquisitions la libération de Khalifa Sall», lâche-t-il d’emblée, en fixant d’un regard noir les avocats de la défense. Trapu, visage fermé, le parquetier s’est défoulé sur la presse mais surtout, sur les avocats de la défense accusés d’avoir déformé son réquisitoire. «Tenir des propos que le Procureur général n’a jamais dits, qu’un journaliste de bonne ou de mauvaise foi le fasse, on peut le comprendre, mais qu’un avocat les reprenne de façon fallacieuse, c’est grave. Et on dit que le procureur a retourné sa veste à la veille du verdict. C’est faux. Je parle de droit avec les avocats de bonne foi», a développé le représentant du ministère public.

«Je parlais à des hommes de droit et non à des charlatans du droit»
Lassana Diabé va réitérer ses propos, selon lesquels l’Etat du Sénégal doit respecter l’arrêt de la Cedeao. «J’exige que mes réquisitions de la semaine dernière soient jointes au plumitif d’audience qui retrace mes réquisitions orales ou écrites. L’arrêt de la Cedeao a condamné l’Etat du Sénégal qui a l’obligation de le respecter. Dire que j’ai demandé la libération d’un prévenu constitue de la médisance ou de la malveillance, lorsqu’il s’agit d’un avocat», estimera le Procureur général. Il rappellera que le serment des magistrats fait qu’ils ne peuvent pas se permettre de tenir des conférences de presse. «De façon stoïque, nous supportons les supputations et les injures des uns et des autres (…) On m’a faussement prêté des propos. Les professionnels du droit savent ce que j’ai dit. Un avocat de la défense m’a traité d’avocat de l’Etat, c’est malheureux. Il ne m’appartient de m’adresser à la radio ou de faire des conférences de presse. La critique des hommes honnêtes doit se baser sur le droit et non sur des personnes. Je parlais à des hommes de droit et non à des charlatans du droit», s’emportera quasiment le parquetier.
L’arrêt de la Cedeao évacué, le Procureur général s’est prononcé sur la supposée rencontre qui se serait déroulée au palais de la République, entre des dignitaires du pouvoir et des magistrats, sur l’affaire Khalifa Sall. «Le journaliste qui a rédigé l’article a dit que seul le Conseil constitutionnel a démenti cette information. Je réponds devant cette cour que cette information est totalement fausse et ne repose sur aucun fondement», articulera-t-il avec force. La défense a promis une réponse à la dimension de l’attaque ce matin lors de l’audience qui démarre à 11h. Verdict du procès de l’imam Ndao oblige.
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