Le projet de loi d’habilitation a été voté à «l’unanimité» par les députés présents à l’Assemblée nationale hier. Désormais, le président de la République peut prendre des ordonnances dans les domaines «économique, financier, budgétaire, sécuritaire et sanitaire» pour une durée de 3 mois.
Ousmane Sonko a eu beau dire dans un communiqué la veille qu’il s’abstiendrait, la loi d’habilitation renforçant les pouvoirs du président de la République a été votée hier «à l’unanimité» par l’Assemblée nationale. N’en déplaise aussi à Moustapha Diakhaté qui a appelé à voter contre le projet, 33 députés -contexte Covid-19 oblige- ont suffi pour autoriser le président de la République à prendre, par ordonnances, des mesures relevant du domaine de la loi pour faire face à la pandémie du Covid-19.
Amendement Abdou Mbow
Cependant, les critiques de Moustapha Diakhaté, Ousmane Sonko, Abdoul Mbaye ou Thierno Bocoum auront permis à la majorité de rectifier le champ d’application de la loi d’habilitation. Le projet a ainsi été amendé par Abdou Mbow, président de la commission des Affaires étrangères. Le député apériste a dénoncé l’attitude «politicienne» de certains acteurs politiques dans ce «contexte où la Nation doit être solidaire derrière le président de la République». Ainsi, les expressions «tous ordres» ou «juridique» ont été supprimées du projet de loi.
Désormais Macky Sall peut intervenir conformément à cette disposition : «Dans les domaines prévus à l’article 77 de la Constitution, le président de la République est habilité à prendre par ordonnance dans un délai de 3 mois à compter de la publication de la présente loi, toute mesure relevant du domaine de la loi afin de faire face aux besoins d’ordre économique, financier, budgétaire, sécuritaire et sanitaire.»
C’est donc dans un Hémicycle désert que Malick Sall, ministre de la Justice, est venu pour défendre le projet. Les 3 intervenants, en l’occurrence Aymérou Gningue, Cheikh Bara Dolli Mbacké et Issa Sall, se sont félicités de la solidarité entre les groupes présents à l’Assemblée nationale. Visiblement, le comportement de Ousmane Sonko, pourtant absent, n’est pas passé. «On ne peut mettre quelqu’un devant et lui mettre des bâtons dans les roues. Il faut assumer si on n’est pas d’accord. Si le Président prend ses ordonnances, il va revenir ici pour nous les expliquer à la fin», a déclaré Issa Sall.
Sonko seul au monde
L’ex-candidat du Pur à la dernière Présidentielle appelle les Sénégalais à «s’auto-confiner avant que l’Etat ne les confine par la force». Le président du groupe «Liberté et démocratie» s’est aussi inscrit dans cette dynamique de solidarité avec le gouvernement. Dans un français assez correct, Cheikh Bara Dolli a soutenu : «Je voudrais exprimer, solennellement, au sein de cet Hémicycle, notre soutien total à l’habilitation souhaitée par le président de la République à travers ce texte de loi pour disposer de moyens et de pouvoirs d’intervention rapide et efficace et sans obstacle majeur dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.» Le responsable du Pds à Mbacké a invité le gouvernement à «travailler à faire faire aux populations des tests systématiques au coronavirus».
Pour Aymérou Gningue, la dynamique consensuelle a été bien réalisée à l’Assemblée nationale autour de cette question. «Que personne ne cherche à créer la confusion ! Ce qu’on a fait a été réalisé dans les règles de l’art. Nous avons été unanimes par rapport au vote de cette loi, que cela soit du côté de la majorité, de l’opposition et du groupe des non-inscrits. Celui qui dit autre chose, n’engage que lui», a dit le chef du groupe de la majorité Benno bokk yaakaar.