L’hégémonie du dollar américain, dans le commerce international et les circuits financiers et bancaires internationaux, s’étiole. Avec la Chine et la Russie, la position privilégiée du billet vert est de plus en plus remise en question par la montée en puissance des pays du Brics dont la Chine, qui possède la deuxième plus grande économie mondiale et a réussi à faire de sa monnaie, le yuan, une alternative aux  transactions commerciales internationales, surtout avec ses partenaires asiatiques et africains.
Le vent de la dé-dollarisation s’accélère avec la guerre en Ukraine et le changement de l’épicentre de l’économie mondiale, avec la montée en puissance de la Chine et des pays du Golfe et bien sûr, le recul de l’Amérique du Nord et de l’Europe de l’Ouest.
Le dollar Us domine toutes les composantes de la finance mondiale. Près de 60% des réserves de change des banques centrales à travers le monde, principalement des fonds réservés pour les temps difficiles, sont investis dans des actifs libellés en dollars. Tous les contrats sur les produits de base, y compris sur le pétrole et les matières premières, font l’objet d’une facturation et d’un règlement en dollars. Le dollar sert à libeller et à régler une majorité des transactions financières internationales, et il est absolument convertible contre toute autre monnaie existant sur la planète. Le dollar  confère ainsi  à la 1ère économie du monde,  qui pèse 30% du Pib mondial, un poids et une influence inouïs dans l’histoire moderne. Malheureusement, avec son endettement sans limites et son usage excessif de la planche à billets, le pays de l’Oncle Sam en jouit souvent sans égard par rapport aux préoccupations du reste du monde.
Et aujourd’hui, l’Afrique en souffre avec les taux d’intérêts américains qui ont incité les investisseurs à délaisser notre continent au profit des obligations du Trésor américain, à la fois plus sûres et plus rentables. La  plupart des monnaies en Afrique, surtout celles du Nigeria et du Ghana, ont perdu de leur valeur par rapport au dollar, ce qui accentue les pressions inflationnistes sur le continent dans un contexte de flambée des prix à l’importation. Conjuguée à un ralentissement de la croissance, cette situation place nos Etats  face à un arbitrage difficile entre la lutte contre l’inflation et l’option de redressement économique de nos pays dans un contexte post-Covid très fragile pour les pays du continent.
A cette quadrature du cercle, vient s’ajouter la dette du continent qui explose avec les taux d’intérêts qui s’alignent  sur ceux du marché obligataire américain.
Environ 40% de la dette publique sont externes en Afrique subsaharienne et plus de 60% de cette dette sont libellés en dollars pour nos pays surexposés au billet vert. Depuis le début de la pandémie, les dépréciations du taux de change ont fait croître la dette publique des pays de la région d’environ 10 points de pourcentage du Pib en moyenne à fin 2022, à conditions égales par ailleurs. La croissance et l’inflation (qui réduit la valeur réelle des dettes existantes) ont permis de contenir l’augmentation de la dette publique à environ 6% du Pib au cours de la même période. Dans l’hypothèse des chocs extérieurs qui persistent, les pays dont les taux de change ne sont pas arrimés (fixés) -comme la Zone franc-   à une monnaie n’ont guère d’autre choix que de laisser le taux de change s’ajuster et de resserrer ainsi  la politique monétaire pour juguler l’inflation. Le risque est d’affamer et d’appauvrir les populations, d’où l’instabilité politique partout en Afrique.
Aujourd’hui, la perspective de la perte de terrain du dollar Us nous donne l’occasion de repenser les alternatives dont les crypto-monnaies, pour peu que nos banques centrales osent sortir des schémas et logiciels coloniaux et occidentaux. Une monnaie unique en Afrique pour la Zlecaf serait la panacée.
Aussi évitons, avec l’influence sino-asiatique, qu’une dominance du billet vert évanescent ne soit remplacée par un yuan chinois qui avance déjà ses pions sur le continent. Evitons donc le piège chinois après la trappe du billet vert Uq.
Et si les Dts du Fmi ne s’exprimaient pas en dollars Us mais en yuan, renminbi et naira ?
Moustapha DIAKHATE
Ex-Cons. Spécial Pm
Cons. Et Expert Infrastructure