Le Forum invest in Senegal 2025 s’ouvre aujourd’hui sous les projecteurs et les sourires bien cadrés des partenaires au développement.
On y parlera, paraît-il, de production, d’innovation et de prospérité partagée.
Des mots brillants, polis, répétés à l’envi -comme des formules magiques censées faire pousser usines, emplois et dignité sociale d’un simple coup de slogan.
Mais pendant qu’on prépare les buffets et qu’on imprime les badges dorés, d’autres Sénégalais, eux, continuent de payer le prix silencieux du «développement».
Les impactés du Ter savent de quoi il s’agit : promesses non tenues, indemnisations partielles, maisons détruites au nom du progrès, lenteur administrative érigée en art de gouverner.
Ironie du sort, ce sont ces mêmes citoyens qui, demain, regarderont de loin le bal des investisseurs célébrer la prospérité partagée.
Partagée, oui -mais pas avec eux.
L’Etat prône l’investissement productif, mais oublie qu’un pays ne se développe pas sur les ruines sociales de ses propres citoyens.
Il vante l’innovation technologique, mais reste sourd aux voix humaines qui rappellent que le développement est aussi une affaire de dignité.
On parle d’attractivité économique, mais comment attirer le monde si l’on repousse sa propre population aux marges du silence ?
Un forum sur la prospérité sans justice sociale, c’est un peu comme un Ter sans gare d’arrivée : ça roule vite, ça brille de loin, mais personne ne sait vraiment où ça conduit.
Les impactés du Ter ne demandent pas la lune -seulement qu’on leur rende ce qu’on leur a pris : leur sécurité, leur terre, leur droit à être considérés comme des partenaires du progrès, et non comme ses victimes collatérales.
Alors oui, Invest in Senegal -mais investissons d’abord dans le Sénégalais.
Car sans justice, la prospérité n’est qu’un mirage de plus sur la voie ferrée du développement.
Macodou FALL
Pdt du Collectif national des impactés du Ter