Le combat contre l’anarchie peut créer des emplois durables

Après sa création en 1857, Dakar n’a cessé de jouer un rôle central en Afrique pour avoir été le lieu de formation de la plupart des dirigeants africains. Dakar est aussi resté le centre de gravité de beaucoup d’activités majeures dans beaucoup de domaines. Mais Dakar est aujourd’hui méconnaissable, avec un encombrement qui ne cesse de prendre de l’ampleur au point de réduire la mobilité des personnes dans leurs déplacements au centre-ville. Les rues Ngalandou Diouf, Raffenel et Sandiniery en sont la parfaite illustration. Ailleurs, les ronds-points, trottoirs et espaces publics recevant des marchands et restaurateurs de toutes sortes ont fini de faire de Dakar un grand bazar dans une anarchie tolérée par les décideurs. Les véhicules hippomobiles continuent de rendre encore plus difficile la circulation et constituent des risques réels d’accidents qui sont enregistrés maintenant tous les jours. Certes les nouvelles autorités ont hérité d’un pays à terre, mais rien n’empêche de s’inspirer des autres pays qui ont connu des situations très compliquées et qui ont réussi à s’en sortir. Il me suffira juste de prendre l’exemple de la Grande Dépression (1929-1939) qui a eu des effets dévastateurs aux Etats-Unis, tant sur l’économie que sur la société. En effet, pendant cette période, les Américains ont vu leur économie d’effondrer, leur taux de chômage passer de 3% en 1929 à environ 25% en 1933 (soit plus de 15 millions de chômeurs), sans compter la pauvreté et l’insécurité sociale qui ont fait énormément de ravages. Pour lutter contre les effets de cette Grande Dépression, des réformes économiques et sociales ont été mises en place pour relancer l’économie, réduire le taux du chômage et revoir le système financier pour éviter une nouvelle crise. D’autres pays ont aussi connu des passes difficiles, mais des solutions ont toujours été trouvées pour permettre à la vie de suivre son cours autrement. Il est évident que les décideurs sénégalais ne sont pas restés les bras croisés. Ils cherchent sans relâche une issue pour sortir de ce marasme dans lequel se trouve notre pays. Il leur faut cependant faire preuve de rigueur, de détermination et d’audace pour obtenir des résultats dans leurs initiatives actuelles et à venir.
En effet, des contrats avec des pays étrangers vont conduire les jeunes à l’étranger pour faire un travail dont nous avons le plus grand besoin, aussi bien dans le domaine agricole que dans celui des infrastructures.
Dans le domaine agricole, des laboratoires articulés autour de l’Isra peuvent aider au développement des semences de qualité pour mettre en valeur les plus de 240 000 hectares de terre irrigable dans la vallée, sans compter la Casamance, le Saloum, Kédougou et Tambacounda. Avec la création d’un énorme centre pénitencier, toute la population carcérale pourrait être mise à contribution et les actuelles prisons serviront de centres de santé ou d’écoles. Nous disposons déjà d’une Administration pénitentiaire pour en assurer la gestion et l’encadrement. Le travail des techniciens de l’Isra pourrait aboutir à des semences qui non seulement vont nous assurer l’autosuffisance alimentaire, mais nous ouvriront sans nul doute les portes des marchés extérieurs. Par ailleurs, le domaine des infrastructures verra le renforcement de la relance du Btp déjà initiée avec une forte capacité de main-d’œuvre qui sera nécessaire pour mettre un pavage intégral dans tout le pays. Les premiers exemples d’utilisation de pavés remontent à l’Antiquité. Les civilisations grecque et romaine ont développé des techniques de pavage pour créer des voies de circulation durables et praticables. Les Romains, en particulier, ont perfectionné l’art du pavage en utilisant des blocs de pierre taillés pour construire des routes droites et bien entretenues dans tout leur empire. Ces routes pavées ont joué un rôle crucial dans l’expansion et la connectivité de l’Empire romain. Au Sénégal, les rues de certains quartiers appelés résidentiels sont sablonneuses et contribuent dans une certaine mesure à la stagnation des eaux. Nous disposons de gigantesques réserves de pierres à Rufisque et de pierres volcaniques comme le basalte. Le pavage en basalte est une excellente option pour les projets de revêtement de sol extérieur. Notre décor en sera changé et nos atouts renforcés face au Cap-Vert et à la Tunisie, et même la Gambie, qui nous disputent des parts de marché dans le domaine du tourisme.
Pour l’occupation anarchique des espaces, les marchands ambulants continueront de jouer au chat et à la souris avec les Forces de l’ordre aussi longtemps qu’un vrai centre commercial ne sera pas construit dans les espaces qui nous restent encore avant qu’ils ne soient morcelés pour la vente. Touba Sandaga et El Malick, appelés abusivement centres commerciaux, ne sont en réalité que des immeubles à usage commercial. Un vrai centre commercial couvre des hectares et peut être construit suivant le même procédé utilisé dans la réalisation de l’autoroute à péage.
Considérer la mise en valeur des terres irrigables, engager de façon agressive un pavage intégral aideront à mettre au travail beaucoup de jeunes et contribueront à faire face à l’anarchie que la passivité de ceux qui sont censés faire respecter l’ordre continue à encourager à la veille de l’organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse.
Alioune FALL
108, Comico Mermoz