Le comportement, premier levier de développement

L’édification d’une tour immense, stable et évolutive n’est pas seulement un rêve architectural. Elle est tributaire de la nature du terrain choisi, de la qualité du terrassement, de la robustesse de la fondation devant le supporter et du comportement de ses occupants.
Par analogie, participer à l’effort de construction du pays se traduit par l’adoption de fondamentaux comme un comportement et une discipline exemplaires favorables à la qualité de vie et à l’émergence auxquelles nous aspirons. Cela ne peut se faire sans un changement de mentalité et son érection comme levier de développement.
L’un des signes distinctifs d’une émergence réussie est la mentalité qui anime ses acteurs. Les citoyens sont les principaux acteurs de la marche vers le développement. Ils doivent sans exception, quels que soient leur camp, leur idéologie et leur appartenance politique, adopter un comportement en adéquation avec les exigences de développement.
On ne peut bâtir à partir du sommet. Le développement part de la base et s’appuie sur un accompagnement politique pour atteindre une hauteur confortable.
Le comportement responsable et citoyen se traduit, entre autres, par une bonne utilisation des infrastructures, un usage respectueux des espaces privés et publics et une hygiène de vie capable d’amoindrir les problèmes de santé. La baisse des besoins de prise en charge médicale impacte positivement la qualité de service dans les structures sanitaires.
Face à la demande sociale de plus en plus exigeante, les Etats injectent des fonds chèrement levés auprès de partenaires financiers pour chercher à améliorer les conditions de vie des populations. Ces investissements ont besoin d’une forte promotion de l’action citoyenne pour un changement positif de mentalité.
Les actes contre-productifs avérés de sabotage, de vandalisme et d’indiscipline, perpétrés par une certaine population inconsciente, sont inductifs de coûts de surveillance, de répression et de sensibilisation qui auraient pu soulager d’autres besoins vitaux.
Veiller scrupuleusement à l’hygiène de vie, à la sécurité domestique mais également à la santé et la sécurité au travail limite les sollicitations récurrentes aux services sanitaires.
Le changement de comportement élimine les coûts de l’indiscipline. Eviter de salir est un petit geste aux grands effets. Il peut pallier l’insuffisance des moyens nécessaires à la lutte contre l’insalubrité et permettre d’orienter les investissements consacrés à l’édification d’obstacles physiques pour empêcher les traversées piétonnes de chaussées parfois à proximité des passerelles, si ce n’est sous celles-ci. Ces obstacles servent également à prévenir les demi-tours ou violation exagérées des limites de voies, surtout en l’absence d’agents de police, seuls composants du système respectés par toutes les catégories sociales.
Respecter le Code de la route, adopter un comportement responsable du repos lorsqu’on est subitement pris par la fatigue, résister à l’addiction des stupéfiants et du téléphone, surtout dans ce monde hyperconnecté, sont des leviers comportementaux d’amélioration de la mobilité urbaine et de résorption des accidents de la route -indicateurs clés de performance économique.
Le Maslaha exagéré nous rend souvent indirectement complices d’actes d’incivisme que nous encourageons d’autres personnes à faire. Sous l’indulgence des automobilistes, ils sont nombreux à renoncer aux passerelles piétonnes pourtant aménagées pour leur sécurité, pour traverser la chaussée, perturbant la fluidité de la circulation au mieux des cas, s’ils ne créent pas des accidents. C’est au nom de ce même principe de Maslaha qu’on encourage l’indiscipline en facilitant l’insertion dans les rangs, d’automobilistes qui se prennent pour plus pressés que tout le monde et qui sortent des files pour gagner une bonne place à l’entame des bretelles de sortie. Ne faisant aucun effort pour partir à temps, ces personnes ne comptent que sur leur égoïsme et l’insuffisance des services d’ordre et de la vidéo supervision pour gagner quelques minutes monnayées par une démonstration d’indiscipline sans risque de contraventions.
Il s’y ajoute l’occupation abusive des voies à l’occasion des cérémonies culturelles, religieuses, politiques, entre autres, doublée d’un tapage sonore qui ne trouve sa justification dans aucun des livres.
Ces déchets comportementaux contreviennent à la qualité de vie des populations, à l’amélioration de la circulation, à l’organisation des secours pour ne citer que ces impacts.
Nous constatons, par ailleurs, pour le déplorer, des cadavres, abats ou peaux d’animaux domestiques, morts après services rendus ou fidèle compagnonnage, gisant dans les canalisations ouvertes, obstruant les bouches d’égouts, jetés au milieu des voies ou aux coins trompeusement discrets de la corniche, mais pas assez pour contenir l’odeur nauséabonde servie aux passants et aux sportifs.
Il est urgent d’orienter les citoyens vers le bon comportement à travers l’aménagement dans les localités, de zones d’enfouissement des animaux comme en dispose la politique d’aménagement du territoire. Charge aux propriétaires de ces animaux morts, de s’occuper de leur enterrement ou de le confier à des services privés qui constituent aussi de potentiels partenaires de l’Etat et des collectivités dans leur mission de nettoyage de l’espace public pour le débarrasser des animaux errants morts par accident ou nuitamment jetés.
Cette disposition nécessite une plateforme dématérialisée de signalement de points d’enlèvement. Cet outil de géo-référencement permettra de localiser avec précision, les cas identifiés et d’évacuer des rues ces cadavres d’animaux, y compris ceux lâchement jetés en cachette par des citoyens irresponsables ou mal intentionnés. Il est évident que les dispositifs de vidéosurveillance urbaine devraient être adaptés et mis à contribution pour identifier et sanctionner les auteurs de ces actes d’indiscipline.
Ce changement de paradigme serait plus productif que l’entêtement dans l’erreur et le nihilisme. Nous ne doutons guère de notre capacité à s’adapter à une telle discipline si elle est enseignée par la carotte et le bâton. Le niveau d’alphabétisation n’a jamais été un obstacle dans les pays d’accueil qui érigent la discipline et le comportement comme leviers de développement.
Nous pouvons y arriver.
La relance de ces bases de développement passerait inévitablement par un rappel des règles du jeu d’abord. Ensuite par une communication appuyée à travers tous les canaux possibles : Presse, école, «daara», chefs religieux et traditionnels, associations, etc. Il sera également important de mettre en place une police civique chargée de la supervision à distance et du contrôle sur le terrain. L’extension de la mission de l’Agence pour la sécurité de proximité (Asp) à la prise en charge de ce besoin, pourrait absolument être envisagée comme début de mise en place d’une véritable politique de protection des infrastructures vitales du pays. Politique qui part de l’identification, de la qualification et de la définition des solutions de protection de toutes les infrastructures vitales du pays pour leur donner une résilience nécessaire à la continuité des activités. Les sanctions seront proportionnelles à la gravité des fautes commises et matérialisées grâce à une technologie de pointe mise en place à cet effet.
Conduire un changement de mentalité est certes difficile, mais face à l’incivisme coupable, il ne faut jamais abdiquer. Si l’Etat veut, il doit pouvoir. Toutefois, il est plus facile que chaque citoyen prenne conscience de l’importance de sa propre volonté d’épouser ce changement de comportement et de le promouvoir par l’exemple pour influencer et inspirer les tout-petits afin qu’une génération grandisse avec des réflexes citoyens et responsables comme simple mode de vie sans contrainte.
Djibril SARR
Administrateur
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