En raison de la pandémie du Covid-19, la ville sainte de Tivaouane n’a pas célébré cette année toutes ses grandes manifestations religieuses. En clair, la cité sainte à fait une 2020, une année blanche pour Tivaouane. La ville n’a pas célébré toutes ses grandes manifestations religieuses à cause du Covid-19. Et l’une des principales mesures barrières prises face à la pandémie par les autorités religieuses de la ville, c’est d’annuler la Ziarra générale, qui constitue le deuxième grand événement de la ville sainte de Tivaouane, après le Maouloud et qui était prévue initialement le 15 mars 2020, soit 13 jours après l’annonce du premier cas au Sénégal. L’annonce avait été faite par feu Serigne Pape Malick Sy, le défunt porte-parole de la famille Sy, après une large concertation de la famille de Seydi El Hadji Malick Sy, suite à l’invite du chef de l’Etat adressée aux chefs religieux de suspendre tous les rassemblements publics afin d’éviter la propagation du Covid-19. Serigne Pape Malick Sy avait justement manifesté son inquiétude face aux proportions inquiétantes que prend cette pandémie du Covid-19. Le défunt porte-parole avait ainsi affirmé : «J’ai peur et j’ai des raisons d’avoir peur», avant de faire un appel et un rappel à une «remise en cause», à la «réforme sociale» pour que les gens se conforment davantage aux préceptes du Saint-Coran, au «culte exclusif voué à Allah».
Outre l’évènement de recueillement initié en 1930 par le premier khalife de Maodo, Serigne Babacar Sy, et qui draine chaque année des milliers de talibés qui profitent de l’occasion pour se ressourcer et s’abreuver aux sources de Seydi El Hadji Malick Sy, de ses fils et grands érudits (Mouhadams) qui reposent dans la cité religieuse, Tivaouane avait aussi décidé de renoncer à la formule classique d’organisation du Rassemblement national des jeunesses tidianes, la ziarra d’Achoura (Tamkharit). C’est, en effet, la plus grande rencontre de la jeunesse tidiane, autour des petits-fils de Seydi El Hadji Maodo Malick Sy à Tivaouane, annulée en mi-août à cause de la progression de la pandémie marquée par la montée en puissance des cas issus de la transmission communautaire.
Le président de la Dahiratoul Muqtafina, Serigne Moustapha Sy Al Amine, initiateur de l’évènement religieux, organisé depuis 1978, avait demandé «à toutes les sections, à tous les dahiras dans les régions, coordinations et fédérations de ne pas faire le déplacement vers Tivaouane et de célébrer l’évènement chez eux, à travers surtout des prières pour implorer le pardon d’Allah et lui demander de nous débarrasser de cette pandémie». Et depuis la ville de Maodo est restée cohérent dans sa posture. La preuve, elle vient de demander aux fidèles de célébrer la commémoration de la naissance du Prophète (Psl), organisée dans la ville depuis 1902, dans leur intimité familiale. C’est à travers une brève déclaration officielle, lue ce mardi 13 octobre 2020, par le coordonnateur du Comité d’initiative. Serigne Mbaye Sy Abdou déclare : «Le Gamou est une Sunna du Prophète Mouhamad (Psl) et la prière, elle est sacrée. Et depuis mars 2020 nos avons fermé toutes les mosquées depuis lors nous n’avons pas prié sur ces lieux de culte. Et même lors des grandes fêtes religieuses à savoir la Korité et la Tabaski, nous n’avons pas prié sur ces mosquées. C’est pourquoi après une large concertation avec la famille de Seydi El Hadji Malick Sy, nous avons décidé de ne pas célébrer le Gamou cette année. Nous avons interrogé le Coran et des experts sanitaires. Et c’est une maladie où il y a des porteurs sains. C’est pourquoi le marabout a annulé le Mawlid jusqu’à l’année prochaine.» Une adresse en parfaite cohérence avec les positions que la sainte citée a déjà prises jusqu’ici. Et pour faire appliquer une telle décision, des autorités religieuses ont rencontré le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, pour solliciter un renfort en Forces de l’ordre afin de barricader les mosquées et mausolées des Cheikhs de Tivaouane. Ceci pour empêcher des talibés réfractaires et dissidents d’accéder à ces lieux saints.