Dans le contexte d’une troisième candidature de Ouattara en Côte d’Ivoire, en attendant la confirmation de celle de Condé en Guinée, le Congrès de la renaissance démocratique (Crd) condamne le «stratagème devenu récurrent en Afrique de l’Ouest». Il s’agit, selon ce regroupement de partis de l’opposition, de mettre en place «une réforme constitutionnelle menée lors de leur premier mandat qui laisse toujours la possibilité d’une interprétation équivoque de cette loi fondamentale par un Conseil constitutionnel corrompu, ouvrant la perspective d’un possible troisième mandat». L’Act, la République des valeurs, Tekki et autres rappellent que «Abdoulaye Wade, Alpha Condé, Alassane Ouattara y en ont eu recours». Non sans souligner que «Macky Sall a accompli le premier pas du même stratagème partagé par une réforme constitutionnelle qu’il livre aujourd’hui à des interprétations tout aussi équivoques par des éléments de son entourage, connus pour une subordination maladive à sa propre personne et qu’il instrumentalise lui-même, manifestement à sa guise». Abdoul Mbaye, Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo d’ajouter : «L’histoire édifiera sous peu sur ses intentions réelles, qu’il tente de camoufler, de prendre ou non le risque du mandat de trop, dont il a lui-même proclamé, en toute liberté, l’impossibilité de par l’esprit de la loi.»
La Conférence des leaders du Crd se désole, de façon générale, de la «banalisation de la parole» par les chefs d’Etat de la sous-région et de leur tendance à «jeter le discrédit sur tous les engagements qu’ils prennent à l’égard de leurs peuples». Les opposants mettent dans ce lot Macky Sall qui avait promis la réduction de son premier mandat de 7 à 5 ans. Mais aussi son prédécesseur, Abdoulaye Wade qui a tenté sa «troisième et malheureuse candidature en 2012, avec de nombreuses pertes en vies humaines qui auraient dû être évitées». Pour endiguer cette propagation du virus du 3ème mandat, le Crd «milite intensément pour un amendement» au Protocole additionnel de la Cedeao en vue d’ériger en «principe juridique communautaire la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux au maximum assortie d’une clause d’éternité».