Le décret et la loi 4/2024 à la poubelle
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La nuit sera très agitée pour la Coalition Bby-Wallu, avec la décision 1/C/2024 qui vient de tomber du Conseil constitutionnel ce jour du 15 février 2024. Ils vont apprendre à respecter la Justice, car la loi est très claire sur les décisions du Conseil constitutionnel, qui ne peuvent faire l’objet d’aucun recours.
Le décret présidentiel 2024-106 du 3 février 2024 annulant la convocation du corps électoral, ainsi que la loi 4/2024 du 5 février 2024 portant dérogation à l’article 31 viennent d’être jetés à la poubelle de l’histoire.
A la date du 20 janvier 2024, le Conseil constitutionnel avait publié la liste définitive des candidats retenus. Et la loi dit que les décisions du Cc ne sont susceptibles d’aucun recours. Il ne restait que 14 jours pour le début de la campagne électorale
Mais voilà, comme le disait leur mentor : «les ruses et manœuvres sont indissociables en politique», que les libéraux du pouvoir et de l’opposition ont initié par voie de contournement, une résolution 01/24 en date du 31 janvier pour la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire contre 2 magistrats sur 7 du Cc pour des «soupçons de corruption et conflits d’intérêts», connexions douteuses avec des parentés et amitiés, et des membres influents de Bby.
Et ainsi, le 3 février, quelques heures avant le début de la campagne, un candidat isolé et recalé à juste raison est parvenu, avec la complicité active des députés de Bby, à faire annuler par le Pr, son décret antérieur convoquant le collège électoral avec report sine die du scrutin. Du jamais vu dans notre histoire politique, des députés voulant entendre des magistrats sur la base de soupçons, sachant pertinemment que cela peut durer 6 mois et foulant aux pieds l’article 103 de la Constitution Quel magistrat va répondre à une commission d’enquête de députés du genre qu’on a vu pendant cette législature ?
Ils ont voté pour 6 mois le report et un amendement d’un député Bby a rallongé pour arriver au 15 décembre 2024, ce qui, ipso facto, va nous projeter à l’année civile 2025 en cas de second tour, rien que pour des préoccupations politiciennes, avec toutes les conséquences possibles.
Que vont-ils faire maintenant ? Le scrutin sera-t-il possible à la date du 25 février 2024 avec les 19 retenus ? Que va produire le dégel avec les libérations tous azimuts de ce jour aussi ? La même composition du Cc sera-t-elle maintenue en cas de reprise du processus ? A mon avis, il est aussi urgent de revoir profondément les conditions de participation et le parrainage qui ont montré leurs limites.
Le ridicule a commencé dès l’ouverture des guichets pour obtenir la fiche de parrainage, qui a vu plus de 250 compatriotes se bousculer pour en bénéficier et ainsi postuler pour être président de la République du Sénégal.
Et dans ce lot, nous avons eu tous les profils imaginables, et même un fou. A l’arrivée, seuls 93 ont déposé leurs dossiers et 20 candidats retenus pour l’élection devant se tenir le 25/02/24 dont 2 femmes, pour une population de l’ordre de 18 millions et seulement 7 millions sur les listes électorales
Aux dernières élections en Rdc, pour une population de 102 millions d’habitants et près de 18 millions de votants (population du Sénégal), il n’y avait que 26 candidats.
Malgré la baisse du nombre de parrainages requis, et ensuite l’option du choix de la forme, le décompte a révélé que la loi électorale sur ce système doit être réformée, mais aussi certains candidats doivent, si cette élection est maintenue pour décembre 2024, s’interdire de postuler à cette prestigieuse charge qu’on veut banaliser jusqu’à «colobaniser» avec le «louma» des parrains qui a abouti aux doublons externes multiples.
Une autre situation inédite et ridicule a été observée : quand le Pr a nommé les nouveaux membres de la Cena, c’est la naissance d’un énième cadre de lutte de l’opposition appelé «Fite», qui a duré le temps d’une séance de thé. Le décret a été attaqué pour son annulation. Après enregistrement de leur requête, c’est l’ancienne Première ministre Bby, nouvelle opposante Yaw, dans un tweet, qui nous affirme : «Les candidats du Fite ont retiré la demande d’annulation du décret portant nomination des nouveaux membres de la Cena. Ils veulent une élection présidentielle pour le 25 février 2024 et un respect du calendrier républicain. Aucun report n’est ni possible ni envisageable.» Quel était le projet au moment du dépôt ?
Ce retrait fast track montre à bien des égards, un tâtonnement et un manque de sérieux.
Les futurs candidats à la Présidence, à mon avis, doivent d’abord satisfaire au paiement de la caution, à relever substantiellement, avant de recevoir les fiches et la clé Usb.
Il est prouvé que notre classe politique est riche (opposition et pouvoir confondus).
Car, si on peut mettre 30 millions pour participer, avec le risque de les perdre à l’issue du scrutin, combien de millions sont mis de côté pour la campagne et assurer ses arrières pour satisfaire ses propres besoins quotidiens et ceux de la famille
De plus, savoir lire et écrire le français faisant partie des conditions de participation, mais nous avons tous remarqué des candidats qui n’ont pas cette qualité et prétendre présider aux destinées de notre pays, sans avoir le minimum intellectuel requis à cet effet. On n’a pas besoin de mettre leurs photos, ni de les citer.
Devant des journalistes, parler de géopolitique, d’économie, et même avec un discours écrit, ils seraient la risée du monde, dans les organismes nationaux et internationaux.
Ce pays est magique, comme a l’habitude de le dire un jeune frère journaliste de profession.
Salif NDIAYE
Dieppeul 2
Dissident politique depuis 2001