Nous voudrions tout d’abord saluer l’importante et stratégique visite d’Etat au Sénégal de Son Excellence, le bien aimé Xi Jinping, président de la République populaire de Chine, dans le cadre du renforcement des relations d’amitié et de coopération entre nos deux Etats et nos deux Peuples. Cette initiative est d’autant opportune que nous nous trouvons dans un contexte mondial de retour d’un protectionnisme dévastateur incarné par le Président Donald Trump et de pratiques commerciales résultant des politiques peu vertueuses des puissances économiques des pays de l’Ocde au moyen de l’échange inégal, impactant négativement nos économies depuis la nuit des temps. A cet effet, nos deux pays appartiennent au même bloc mondial qui revendique des relations économiques internationales plus égalitaires et plus humaines, nécessitant un resserrement des liens entre nos Etats.
Il se trouve également que nos deux pays présentent beaucoup de similitudes et de convergences au plan historique en raison des occupations extérieures coloniales, comme au plan sociologique et culturel au niveau de l’existence d’une population à majorité paysanne et à forte croissance démographique. Autant de raisons objectives qui nous commandent d’unir nos forces et de partager nos expériences, au regard du grand retard à combler par nos pays et de la situation de nos populations qui continuent de subir les affres des politiques inconséquentes des institutions de Bretton Woods et des dictats de l’Omc.
Nous voudrions également profiter de l’occasion offerte par cette visite d’Etat pour exprimer notre grande admiration à l’endroit de l’histoire glorieuse de la République populaire de Chine et de ses hommes de valeur, notamment les résistances vaillantes aux invasions extérieures et, particulièrement, la grande révolution du Peuple chinois partie de la paysannerie sous la direction du Grand timonier, le Président Mao Tsé Toung, qui a inspiré et influencé un grand nombre d’Africains, ainsi que du Président Deng Xiaoping qui avait eu à entreprendre de grandes réformes économiques, ouvrant les portes de la République populaire de Chine à l’ère moderne.
Aujourd’hui, grâce à la Révolution chinoise, partie intégrante de la révolution mondiale, et au sacrifice de son Peuple, la Chine, sous la direction du Parti communiste chinois, a accompli des progrès fulgurants pour devenir l’une des plus grandes puissances économiques mondiales, constituant un modèle et une référence pour tous les pays africains et pour tous les pays du tiers-monde, au triple plan politique, économique, culturel et social.
C’est pourquoi le rôle directeur de la coalition de partis au pouvoir dans l’édification économique de l’Etat en Chine est d’une pertinence et d’actualité par rapport à un contexte mondial sous-tendu par une certaine tension et un recentrage des relations économiques internationales. La grande compréhension des nouveaux enjeux stratégiques du monde, la solidarité et l’attachement à la cause des pays du tiers-monde et du Sénégal en particulier touchent particulièrement les populations africaines qui ne ménageront aucun effort pour l’affermissement des relations de coopération et d’amitié entre les Peuples, les Etats et les partis politiques.
Il s’y ajoute que nos deux pays se confrontent aux mêmes problèmes liés à une forte croissance démographique, à la lutte contre le chômage des jeunes, à l’urbanisation effrénée de nos villes et pour le retour dans les campagnes, à la protection de l’environnement, à l’autosuffisance alimentaire, à la lutte contre la pauvreté et contre les exclusions des minorités, autant de raisons qui justifient le dialogue entre nos Etats, les partis politiques et les échanges d’expériences.
Les partis politiques au pouvoir dans nos Etats où l’unité nationale peut être menacée à tout moment par des divisions internes en fonction de sa réversibilité, en plus des sacrifices à encourir pour résorber notre retard dans les processus de développement, doivent inscrire dans leurs orientations une présence et un contrôle des leviers économiques et sociaux à tous les niveaux, de manière à éviter l’éclatement et les inégalités et pouvoir accélérer l’accroissement des moyens de production et des forces productives rapidement sans perdre de temps, car en effet la démocratie formelle occidentale exige un certain niveau de développement et il ne peut exister de démocratie véritable lorsqu’une bonne partie de nos populations vit dans la pauvreté. C’est la raison pour laquelle nous devrons développer des stratégies qui nous sont propres, adaptées à nos réalités, en œuvrant pour une coopération horizontale par rapport à celle verticale qui continue de régir nos relations économiques et politiques avec les pays du Nord.
Pour toutes ces raisons, les populations africaines et sénégalaises en particulier approuvent le renforcement des relations d’amitié entre nos deux pays, l’harmonisation de nos positions au niveau multilatéral, le renforcement de la présence de la Chine dans nos pays par l’accroissement des investissements, surtout dans les domaines agricole, infrastructurel, industriel et des énergies. En effet, notre pays a toujours accordé à la Chine la plus grande importance, au point que le Président Senghor dut accomplir une visite d’amitié et de coopération en République populaire de Chine, quelques années seulement après notre indépendance, et rencontra le Grand timonier Mao Tsé Toung qui l’avait beaucoup impressionné et dont il ne tarissait d’éloges, ainsi que la récente visite d’Etat du Président Macky Sall dans ce grand pays, venant conforter et raffermir ces anciennes relations sur d’autres aspects stratégiques et plus globaux. De sorte que le Sénégal noua très tôt des relations d’amitié et de coopération avec la Chine, si bien que dans les campagnes, les populations locales connaissent bien les missions chinoises qui, au cours de nombreuses années, ont participé et continuent de participer au développement de l’agriculture sénégalaise.
L’innovation théorique, la politique de réduction des inégalités sociales en Chine, la lutte contre la pauvreté, l’intégration politique et économique des minorités et la réduction des écarts de développement entre les provinces montrent bien les nombreuses similitudes et convergences entre nos Etats et orientations des partis politiques.
Le Pcc, parti unifié avec une coalition d’autres partis, présente des ressemblances avec Bby et les diversités culturelles et ethniques (56 ethnies) et surtout la fragilité de l’unité nationale, commandent principalement l’orientation centralisatrice du Pcc.
Nous avons retenu de la Chine :
– son système politique unifié (coalition), centraliste, efficace et adapté à ses propres réalités pour le développement économique et social, la discipline et un modèle de travail intensif plus que capital intensif ;
– la planification stratégique ;
– la lutte contre les inégalités et contre la pauvreté ;
– l’utilisation dans les campagnes des énergies alternatives aux énergies fossiles telles que l’éolienne, le solaire et le biogaz ;
– la lutte contre les facteurs de division nationale et contre le retour aux féodalités ;
– le développement fulgurant des provinces ;
– la construction de la nouvelle campagne ;
– le leadership mondial de la Chine qui a une histoire de plus de deux mille ans ;
– la volonté de coopérer avec les Etats africains sur une base horizontale pour en faire des pays préférentiels et l’humanisme qui fonde cette coopération.
Le prophète Moïse disait que «s’il faut user ses sandales en acier pour aller jusqu’en Chine quérir un brin de savoir, il faut le faire» et c’est ce que Allain Peyrefitte prédisait en soutenant que si la Chine s’éveille, le monde tremblera, mais heureusement que la Chine et l’Afrique font partie du même bloc tiers-mondiste.
Kadialy GASSAMA
Economiste
Rue Faidherbe X Pierre Verger
Rufisque