Le retard dans l’investissement est à l’origine du problème d’accès à l’électricité dans beaucoup de villes du pays. Pour le directeur général de la Senelec, beaucoup d’efforts sont en train d’être faits à ce niveau. Invité des «Grandes conférences du Quotidien» samedi, Makhtar Cissé se fixe comme ambition de positionner le Sénégal dans le marché de l’électricité comme pays vendeur.

La question de l’accès universel à l’électricité a aussi été soulevée lors de cette rencontre. Selon beaucoup d’observateurs, elle mérite d’être posée surtout au moment où la Senelec a informé avoir vendu de l’électricité au Mali. L’explication, selon lui, c’est qu’on n’a pas de ligne haute tension dans certaines zones pour que la Senelec puisse y acheminer l’électricité. Concer­nant le problème de l’accès, le directeur général de la Société nationale d’électricité reconnaît que «c’est une injustice sociale». Selon Makhtar Cissé, il y a 6 millions de Sénégalais qui n’ont pas d’électricité. Selon lui, l’explication c’est que «nous avons accusé beaucoup de retard dans l’investissement». Là aussi, selon le Dg de cette entreprise, la responsabilité est partagée. M. Cissé pointe du doigt le problème de l’aménagement du territoire et de l’urbanisation. «Tant qu’il y aura ce désordre à Dakar, vous n’êtes pas encore sortis de l’auberge. Si on ne règle pas le problème de l’urbanisation, ça sera de la théorie», a-t-il averti. Revenant sur le retard des investissements, il souligne qu’en 2015, le Sénégal portait «529 km de ligne haute tension», alors que «la norme qui devait permettre de faire le maillage du Sénégal serait à peu près le double». «C’est un retard qu’il faut essayer de combler pour rendre l’accès universel», a-t-il fait savoir. A ce propos, il souligne que des efforts seront faits à ce niveau. «Le gouvernement a obtenu un prêt de la part de l’Inde pour faire la courbe du Sud qui va relier Tamba-Kolda-Ziguinchor. Le gouvernement a travaillé aussi avec la Bid (Banque islamique de développement : Ndlr) pour Mbour-Fatick et a négocié avec la Boad (Banque ouest africaine de déve­loppement : Ndlr) pour faire Fatick-Kaolack. L’Omvg (Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie : Ndlr) va se charger de Kaolack-Tam­ba, la Banque mondiale, de Tamba à Bakel. Tous ces financement sont disponibles», a-t-il informé. Si ces investissements sont réalisés, le Dg de la Senelec assure que «l’énergie sera disponible sur l’étendue du territoire».
S’agissant de l’avenir du secteur, Makhtar Cissé se fixe comme ambition de faire du Sénégal un vendeur sur le marché sous-régional. «Il faut prendre ça comme un choix stratégique majeur dans un contexte où le marché de l’électricité s’ouvre dans la sous-région avec les interconnections», a-t-il dit. Et M. Cissé d’expliquer : «Vous allez commencer par la clientèle, c’est une question de fidélité et d’habitude. Si nous ne travaillons pas à vendre au Mali, les Ivoiriens vont le prendre. On est dans une compétition. C’est important pour notre pays d’être vendeur, nous sommes un pays de gaz, de pétrole, nous devons nous positionner sur ce marché. Parce qu’il y a un autre vendeur le géant de la sous-région, le Nigeria. On doit être compétitif, si nous voulons exister».
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