Le Secrétaire permanent du Fonds de promotion de l’industrie

cinématographique et audiovisuel (Fopica), Abdoul Aziz Cissé, a salué la contribution du cinéaste Samba Félix Ndiaye, décédé le 6 novembre 2009 à Dakar à l’âge de 69 ans, à la promotion de l’esthétique du cinéma documentaire sénégalais et à la formation de nouvelles générations de réalisateurs. «C’est quelqu’un dont on ne parle pas assez, mais qui a beaucoup fait pour la promotion du cinéma documentaire, de l’esthétique et de la formation de nouvelles générations de réalisateurs», a-t-il dit, samedi, lors d’un panel du programme Regards documentaires organisé par le complexe Keur Yadikoone et des cinéastes sénégalais sur l’Ile de Ngor en hommage au réalisateur de Pérantal (1974). Abdoul Aziz Cissé, qui dit avoir beaucoup discuté de cinéma avec Samba Félix Ndiaye, rentré au Sénégal après une quarantaine d’années passées en France, estime qu’il a jeté les bases de la déconstruction du travail documentaire. Samba Félix Ndiaye estimait que les premiers films tels que Borom sarret (1963) de Ousmane Sembène, Et la neige n’était plus (1965) de Ababacar Samb Makharam étaient plutôt des documentaires et non des fictions comme le pensent certains, rapporte le Secrétaire permanent du Fopica. «C’est à travers ses films que réside l’école du documentaire sénégalais. Il est absolument important pour la jeune génération de regarder ses premiers films documentaires parce qu’aujourd’hui, l’esthétique du documentaire est en train de retourner vers ce modèle développé à partir des années 1960», a souligné M. Cissé devant un public composé en majorité d’élèves des écoles de cinéma de Dakar. Il a signalé que le Fopica a financé jusque-là autant de films documentaires que de fictions.

De toute cette génération de cinéastes des années 1970, beaucoup sont partis vers la fiction, mais Samba Félix Ndiaye a choisi de ne faire que du documentaire, a pour sa part relevé le journaliste et critique de cinéma, Baba Diop. «Ce qui était plus important pour lui [Samba Félix Ndiaye], c’était de créer sa propre esthétique de tout ce qu’il a appris à l’école de cinéma, comment établir une nouvelle règle dans ce qu’on nous propose à filmer», a fait savoir Baba Diop, ajoutant que la préoccupation du réalisateur de Question à la terre natale (2006) était de garder la mémoire. Ce dernier, dit-il, s’est inspiré de sa grand-mère, qui lui rappelait qu’il faut filmer à hauteur d’homme.

L’enseignant en cinéma, Mamadou Sellou Diallo, a lui aussi souligné que  «Samba Félix a beaucoup travaillé sur la mémoire, le souvenir, ces choses qui permettent de laisser des traces». Selon lui, le réalisateur estimait toujours qu’il  « faut dire la vérité, mais aussi dire ce qui nous empêche de dormir». L’idée d’organiser ces panels et projections autour du cinéma documentaire, a expliqué Fatou Bakhoum dite Fifi, l’une des organisateurs, était d’inciter les jeunes réalisateurs à aller vers des projets documentaires. Selon elle, le meilleur exemple est de parler de Samba Félix Ndiaye. D’autres documentaristes dis­parus, Khady Sylla, Laurence Gravon, Mouhamadou Ndoye «Douts», Bouna Médoune Sèye, seront aussi honorés, a annoncé Fifi. (…)
Aps