Le film «Bamuum Nafi» de Mamadou Dia représentera le Sénégal à la course aux Oscars. Film totalement réalisé avec des financements sénégalais, le long métrage de Mamadou Dia suit les pas de «Félicité» de Alain Gomis et «Atlantique» de Mati Diop.

Le Sénégal sera bien présent dans la course aux Oscars de cette année. Après Félicité de Alain Gomis en 2017 et Atlantique de Mati Diop en 2019, c’est au tour de Baamum Nafi, le long métrage de Mamadou Dia, de représenter le Sénégal à ce prestigieux rendez-vous du cinéma mondial. L’annonce a été faite par le Hollywood Reporter qui indique dans un article que «le Sénégal a choisi le film Nafi’s father pour le représenter à la catégorie Meilleur long métrage international aux Oscars». «C’est un honneur de pouvoir représenter le Sénégal aux Oscars. Comme le disait l’ex directeur de la Cinéma­tographie Hughes Diaz, c’est bon que notre pays puisse se présenter chaque année avec une nouvelle production. C’est donc un grand plaisir de représenter le Sénégal cette année et de suivre les pas de Félicité et Atlantique», s’est réjoui le réalisateur sénégalais au téléphone.
Il faut dire que si Bamuum Nafi est le 3e film sénégalais à concourir aux Oscars, l’on peut dire qu’il s’agit du premier film 100% sénégalais à atteindre ce niveau puisque aussi bien Félicité que Atlantique ont été des coproductions dans lesquelles le Sénégal a eu une participation financière minime. «C’est un film 100% sénégalais puisque mon associé et producteur Maba Ba, à travers notre compagnie Joydidi, nous avons entièrement produit ce film. Nous l’avons fait nous-mêmes, pas parce que nous ne voulions pas de coproducteur, mais nous n’en avons pas eu. Et Joydidi a fait le choix de produire seul parce que c’est un sujet sensible et c’est aussi un film qu’on pensait être prêt à faire par nous-mêmes et nous l’avons fait», explique Mamadou Dia. Autre fierté pour le réalisateur, le fait d’avoir travaillée avec une équipe technique sénégalaise. Pourtant, se réjouit son réalisateur, les acteurs du film sont des amateurs pour la plupart. «C’était toute la population de Matam qui était les acteurs et la plupart n’avaient jamais joué dans un film, à part les deux personnages principaux interprétés par Alassane Sy et Seïkou Lô qui sont des professionnels. C’est un projet qui a été fait avec beaucoup d’amour et très peu d’argent. Donc nous sommes très contents et fiers de ça», indique M. Dia. «Tokara veut épouser sa cousine, la belle Nafi, ce qui met leurs pères en conflit. Le plus jeune frère est un religieux de haut rang, l’autre un candidat à la mairie de la petite ville du nord-est du Sénégal où se déroule le film. Au début, leur lutte fraternelle semble porter uniquement sur le bonheur de leurs enfants, mais peu à peu, ces derniers deviennent les pions d’une dispute amère sur la tradition, le progrès et la vraie nature de l’islam. Leurs liens familiaux peuvent-ils les aider à surmonter ces différences idéologiques ?» Ainsi ce résume ce film qui a remporté deux distinctions au Festival de Locarno.

Le défi d’être short-listé
Pour le moment, Bamuum Nafi est dans la première liste des films sélectionnés. Et les prochaines étapes seront de faire le maximum de communication autour du film. «Avoir les gens autour du film, être sûr que le film est suivi par les membres votants de l’Académie des oscars», informe Mamadou Dia qui entend se tourner vers la direction de la Cinémato­graphie pour bénéficier des expériences acquises avec Félicité et Atlantique. Une façon de relever à coût sûr le premier défi, à savoir être sur la short-liste. Une étape que les films sénégalais n’ont pas encore pu dépasser jusque-là. Même si le film n’a pas de distributeur aux Etats-Unis, Mamadou Dia conserve son optimisme. «Au Etats-Unis, on s’est surtout basé sur la distribution par les festivals. On a fait le Festival d’Atlanta où on a gagné le Prix du jury. On a fait le New directors new film qui se passe au Museum of modern art du Lincoln center à New York. Mais beaucoup des films qui sont sélectionnés n’ont pas de distributeurs aux Usa.»