Le Garde des sceaux : «La Justice ne cherche ni à plaire ni à déplaire»

Dans un contexte politique assez tendu et marqué par l’arrestation de présumés comploteurs contre l’autorité de l’Etat, le ministère de la Justice appelle au respect des lois qui régissent la République.Par Babacar Guèye DIOP
– Dans un autre contexte, c’est l’Union des magistrats sénégalais (Ums) qui se serait levée pour s’ériger en bouclier de Dame justice. A la place, au cours d’un bref point de presse hier, le ministère de la Justice est monté au créneau pour défendre son secteur attaqué de toutes parts à cause du traitement de certains dossiers dont la plupart concernent des acteurs politiques. «La Justice ne peut pas et ne doit pas être distribuée au gré de surenchères médiatico-politiques ou des besoins contingents de quelques personnes, quel que soit le bord où elles se situent. Elle doit demeurer intransigeante par rapport aux principes qui la gouvernent. Elle ne cherche ni à plaire, ni à déplaire et ne saurait non plus être intimidée ou distraite», a déclaré Yakham Lèye, porte-parole du ministre de la Justice, qualifié avant-hier par Ousmane Sonko d’«homme d’une extrême arrogance».
Pour le porte-parole de la Chancellerie, l’obéissance à la loi et le respect de l’autorité de l’Etat sont des exigences aussi légitimes que l’est l’exercice des libertés et des droits fondamentaux. «L’un ne peut pas aller sans l’autre et nul doute que la Justice saura veiller à leur effectivité sans que cela ne puisse, d’une quelconque manière, compromettre l’ordre public ou la tranquillité des citoyens. Cet équilibre est une quête permanente et la Justice est le seul mécanisme apte à en garantir la pérennité», expose l’ancien juge d’instruction. Il fait sans doute allusion aux élus de l’opposition actuellement en prison pour avoir voulu braver l’interdiction de manifester il y a une semaine.
«Nul n’a intérêt à affaiblir la Justice»
D’après la Sûreté urbaine de Dakar, des hommes regroupés dans une organisation dénommée «Force spéciale», voulaient profiter de la manifestation interdite du 17 juin à la Place de la Nation pour s’attaquer à des institutions comme le Conseil constitutionnel, aux intérêts de la France, à des maisons d’autorités, entre autres. Déférés hier au parquet, ils sont poursuivis pour «complot contre l’autorité de l’Etat, actes de nature à occasionner des troubles politiques graves, association de malfaiteurs…», entre autres délits. Raison pour laquelle la Justice reste le gage d’une paix durable et d’un environnement socio-économique serein, aux yeux du ministre de la Justice. «Elle constitue le dernier rempart de l’Etat de Droit, la gardienne des libertés. Nul n’a intérêt à l’affaiblir, et tous devraient contribuer à la soutenir et la renforcer. Elle est l’incarnation de l’équilibre entre la puissance de l’Etat et l’exercice des libertés individuelles et collectives, mais aussi le garant de l’effectivité de la règle de Droit et du respect, par chaque individu, des droits et de la propriété d’autrui», développe-t-il.
Yakham Lèye soutient que «tout observateur attentif doit veiller à ce que les instruments de la démocratie ne soient pas utilisés contre la démocratie, en devenant le prétexte à des attaques violentes contre les institutions de la République, les citoyens et leurs biens». La loi étant impersonnelle et générale, précise-t-on, «nul ne saurait s’en affranchir, pour quelque motif que ce soit, au risque de compromettre la paix et la concorde sociales ou de mettre en péril la vie d’honnêtes citoyens et la propriété d’autrui».
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