Homme de Dieu d’une dimension exceptionnelle, homme de foi, de paix, Tafsir Ahmadou Barro Ndiéguène est un érudit de l’islam né à Kassass, village situé près de Kaffrine, où il apprit, très tôt et vite, le Saint Coran auprès de son vénéré père, Tafsir Mouhammadou Ndiéguène, disciple de Cheikhoul Seydi El Hadj Oumar Foutiyou Tall qui, personnellement, lui a transmis, au cours de son périple dans le Sine-Saloum, le «Wird» (initiation) et la «Lidiaza» (licence conférant le titre de Moukhadam, synonyme de guide-représentant) de la confrérie tidiane.

A la mort de son illustre père dont le mausolée, sis à Kassass, reçoit chaque année des milliers de pèlerins, Tafsir Ahmadou Barro Ndiéguène décida d’aller approfondir ses connaissances à Rufisque, auprès de son oncle Tafsir Ibrahima Cissé, qui lui a été recommandé par son père de son vivant.

C’est en 1865 que Tafsir Ahmadou Barro Ndiéguène s’installa à Thiès. D’abord, dans le quartier de Nginth-Escale, près du premier Poste de gendarmerie d’alors, où il créa la première mosquée de la ville de Thiès et son daara (école coranique). Il devait, ensuite, déménager pour rejoindre, suite à une vision saine et éclairée d’homme de Dieu, un petit baobab situé plus à l’est de sa première demeure et qui devait constituer, au fil du temps, le grand arbre ancestral autour duquel rayonne, aujourd’hui, un grand quartier baptisé : Keur Mame El Hadji. Du nom de son illustre fondateur, trait d’union symbolique du respect de l’islam et de ses enseignements entre les autres quartiers de la ville de Thiès, des villages et des villes environnantes.

Tafsir Barro Ndiéguène fut contemporain et ami d’illustres figures de l’islam, parmi lesquelles Thierno Daha Cheikh Oumar Tall, fils du grand maître du Fouta, Serigne Diabel Ndiaye de Keur Madaro (Thiès), Seydi El Hadji Malick Sy de Tivaouane, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké de Touba, Cheikh Mame Thierno Dramé d’Amdalaye (Ndande), Cheikh Al Islam El Hadji Abdoulaye Niass de Kaolack, Serigne Amary Ndack Seck de Thiénaba, Serigne Thierno Idrissa Kandji de Diourbel, etc. Avec ces derniers, le grand Cheikh de Keur Mame El Hadji a lié d’indissolubles liens d’amitié, de famille et de fraternité.

Rejoint par une multitude d’hommes et de femmes en quête d’un maître et d’un guide spirituel, il se consacra, sa vie durant, à la recherche de l’extension, de la vulgarisation et du rayonnement de l’islam à travers l’enseignement, par l’éducation, des masses dans une contrée du pays où le paganisme, le fétichisme et l’obscurantisme total avaient gagné les masses.