Par Mohamed GUEYE –

 Une candidature déclarée 18 mois avant les échéances, ce n’est pas très courant. D’autant plus que la chose, même non dite, était déjà évidente pour tout le monde. Quel besoin alors de se précipiter ? On peut imaginer que l’opération d’hier ne s’adressait pas qu’au public, mais devait plutôt servir des besoins de communication interne, d’abord au parti Pastef lui-même, et ensuite à la coalition et l’inter-coalition.
Dans un contexte où Ousmane Sonko n’a pu faire valider sa candidature à la députation nationale, il s’est quelque part trouvé en position de faiblesse par rapport à certains de ses lieutenants, surtout ceux qui ont été élus. Est-ce pour faire comprendre à tout ce monde que la victoire de Yewwi askan wi était d’abord un acquis de sa personne, qu’il a mené une campagne présidentielle pour ces Législatives, éclipsant totalement les candidats de sa liste, même au niveau départemental ? En tout cas, Ousmane Sonko et son appendice, Khalifa Sall, ont été les non-candidats les plus actifs de la dernière campagne de juillet.
Cette campagne aussitôt achevée, la redistribution des rôles au sein des alliances a déjà commencé. C’est un secret de Polichinelle que le Président Abdoulaye Wade ne respire qu’avec l’espoir de voir son rejeton Karim revenir diriger une campagne présidentielle triomphante pour le Palais de l’avenue Senghor. Pour ce résultat, il est prêt à tous les compromis, sauf à accepter que son fils se mette derrière un autre candidat. Et Taxawu Senegaal est également dans une posture similaire.
Pour Khalifa Sall et Barthélemy Dias, il est inimaginable qu’une élection présidentielle se déroule dans ce pays sans un candidat «socialiste» de leur bord. Le fait d’avoir gagné Dakar a par ailleurs fortement ravivé leurs appétits, au point que l’on a entendu M. Dias réaffirmer que pour 2024, son seul candidat était Khalifa Sall. Or, si Yaw a en gestation 3 candidats potentiels, cette dispersion ne pourrait-elle pas lui coûter cher ? C’est là l’avantage de déclarer très rapidement sa candidature. On met ses partenaires dans l’obligation de se positionner par rapport à vos déclarations et sur la base de vos propositions.
Ousmane Sonko a tenté un joli coup de poker. Reste à savoir si ses alliés seront en mesure de suivre ou vont se coucher.

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