Le khalife et la rigueur allemande

Par Mohamed GUEYE
La presse a un rôle très important parce qu’elle contribue à façonner l’opinion. Même en ces temps où la montée des réseaux sociaux fait croire au premier venu qu’il est plus calé que les journalistes pour véhiculer l’information la plus véridique, on se rend compte, aussi bien chez nous que dans les pays les plus avancés, que les médias traditionnels sont incontournables. Pourtant, aucun journaliste n’a encore la prétention, dans ce pays, de croire qu’il lui appartient de jouer les justiciers, ou d’orienter l’opinion en fonction de ses convictions. Plusieurs fois, des leaders d’opinion, politiciens, ou dignitaires religieux, et même hommes d’affaires, ont voulu s’en prendre à la presse qui avait eu la mauvaise idée de reprendre leurs déclarations, parce qu’après coup, ils se sont rendu compte qu’elles avaient eu des effets inattendus.
Serigne Mbaye Sy Mansour a, de par sa stature d’homme et par la dignité de la fonction qu’il occupe aujourd’hui au sein de la confrérie tidiane, droit à la considération de tous les Sénégalais. Néanmoins, comme n’importe qui sur cette terre, il doit comprendre que le temps où des propos d’une personnalité publique pouvaient se perdre ou se travestir est révolu. Si les journalistes qui ne recoupent pas leur information risquent plus que la sanction judiciaire, lui aussi, ainsi que ses pairs, doivent apprendre à mesurer le poids de leurs paroles et leur portée. Son prédécesseur à ce poste, quand il était encore porte-parole de sa confrérie, avait également, en des termes indignes de son rang, traité les journalistes de menteurs. Les faits lui avaient donné tort. Notre nouveau khalife ne voudrait certainement pas que l’on repasse les images de sa sortie face à Macky Sall. Il a donc intérêt à renforcer cette rigueur, dite «allemande» que les fidèles lui attribuent.
Et le souhait de la presse, est qu’il continue d’entretenir les meilleures relations possibles avec toutes les couches de la population sénégalaise, dont les journalistes font partie. Mais cela passe par le respect mutuel, qui tient du langage de la vérité que tous se doivent.
mgueye@lequotidien.sn