Le retour forcé de Ousmane Sonko à Dakar depuis ce dimanche 28 mai a étalé son lot de conséquences dans la capitale et à la Cité Keur Gorgui. Le calme qui régnait dans ce quartier depuis plus d’une semaine appartient désormais au passé pour les habitants. Depuis son retour forcé à Dakar du fait des éléments des Forces de sécurité, la maison du leader du parti Pastef reste inaccessible. Les policiers ont barricadé la zone. Et toutes les entrées et sorties sont filtrées pour éviter toute velléité de manifestation. Hier, la déclaration du leader du parti Pastef a été faite tard le soir. La raison : «L’équipe technique et de communication du maire de Ziguinchor n’a pas pu accéder à son domicile.» En effet, la présence massive de policiers et gendarmes à la Cité Keur Gorgui et environs, et les patrouilles qui y sont effectuées n’ont pas suffi pour parer les velléités de manifestation.

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A Sacré-Cœur 3, c’est une véritable guérilla urbaine qui s’y est déclenchée. Dans les rues, sous les immeubles, les policiers tentent de repousser les manifestants. Les grenades lacrymogènes pleuvent sur les positions des manifestants qui ne ratent pas la moindre occasion de bloquer la route ou de créer des attroupements. Au rond-point Sacré-Cœur 3, à hauteur d’Auchan, les pierres et gaz lacrymogènes s’échangent au grand dam des passants, des véhicules et des motards.

«On n’a aucune nouvelle de lui»
Comme annoncé, les leaders des Forces vives du Sénégal (F24) ont rallié, hier soir, la Cité Keur Gorgui où est domicilié Ousmane Sonko. A leur grande surprise, toutes les rues menant au domicile du leader du parti Pastef ont déjà été barrées. Conséquence : personne de la délégation dirigée par Déthié Fall, le président du Prp, n’a pu accéder chez Sonko. Un forcing des leaders de l’opposition a occasionné des échauffourées dans les lesquelles ces derniers ont été gazés.

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S’exprimant devant les journalistes, Déthié affirme que «le fait d’extirper Ousmane Sonko de sa voiture et le ramener à Dakar, à la Cité Keur Gorgui, avec force, est une situation intolérable, incompréhensible». La vice-présidente du parti Pastef, Yassine Fall, déclare que «la dernière fois que je l’ai entendu, il était à Vélingara. Jusqu’à présent, personne n’a de ses nouvelles». «Depuis qu’on l’a arrêté et ramené à Dakar, personne n’a de ses nouvelles.

On ne s’est pas dans quelles conditions il est, comment il a été traité, eux seuls le savent. Personne ne peut vous dire comment il se sent. C’est pour cela que le Peuple sénégalais s’est levé pour faire reculer Macky, parce que c’est le seul responsable…Aucun leader politique depuis l’indépendance n’a jamais vécu ce qu’il est en train de vivre… On persécute Ousmane Sonko, on le violente, on le met dans des camions blindés, on l’enferme dans sa maison», dénonce un membre du F24 au milieu des caméras et dictaphones.

Les entrées et sorties à la Cité Keur Gorgui sont observées et filtrées à la lettre. N’ayant pas pu voir leur chef, Bassirou Kébé du parti Pastef et sa bande ont fui les grenades lacrymogènes pour faire une petite escale devant la mosquée Aboubacar Sadikh de Sacré-Cœur. Là-bas, il dénonce cette manière de «priver Ousmane Sonko de ses droits». «Ils n’ont pas le droit de barricader le domicile de Sonko alors qu’il n’y aucune décision de justice qui autorise cela. C’est un état de fait, une violation de l’Etat de Droit et de la liberté de circuler», dénonce-t-il. Il promet que tant que Ousmane Sonko sera dans cette situation, «on ne va pas s’arrêter et on va continuer le combat».

Par Alpha SYLLA