Lutte contre l’occupation de la voie publique, emprunt obligataire, caisse d’avance… Barthélemy Dias, qui sera installé ce matin comme maire de Dakar, a de gros chantiers pour les 5 prochaines années. La réalisation de ces dossiers dépendra des relations, souvent tendues, entre la Ville et l’Etat.Par Babacar Guèye DIOP

– A la Ville de Dakar, une nouvelle page s’ouvre ce matin. A 10h, Barthélemy Toye Dias, 46 ans, sera installé comme le maire de la capitale. L’ex-édile de Mermoz-Sacré Cœur (2009-2022), qui sera aux commandes de Dakar au moins pour les 5 prochaines années, sera épié après avoir été plébiscité par l’électorat dakarois. Les chantiers sont immenses pour l’ancien responsable des jeunes du Parti socialiste (Ps) qui compte «redonner à Dakar son lustre d’antan». Le premier défi pour la nouvelle équipe municipale est la lutte contre l’occupation de la voie publique : Dakar est une ville où l’anarchie est érigée en règle. C’est presque un euphémisme tant le mal est abyssal. Pape Diop, Khalifa Sall et Soham Wardini se sont cassé les dents sur cette question devenue sensible face aux intérêts des marchands ambulants très courtisés par les politiques.
Durant la campagne électorale des élections locales du 23 janvier dernier, Barthélemy Dias s’est montré intraitable sur ce sujet. Dans son programme Dakar bi nu bokk, présenté le 12 janvier dernier à Baobabs, le nouveau maire de Dakar a dit avoir prévu des cantines pour les marchands ambulants. Khalifa Sall l’avait tenté. Il n’a pas réussi à transférer les ambulants à Félix Eboué…
D’après Dias, ceux qui doivent libérer les trottoirs sont déjà identifiés. Dans le volet 3 des 6 axes de son programme, le candidat avait annoncé un cadre de vie dans une approche qui concilie l’accès aux services urbains et la dimension écologique. Mais dans le domaine de l’amélioration du cadre de vie, l’Etat a déjà le programme Besup settal. Des séances de nettoyage pilotées par le ministère de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique et qui sont organisées le premier samedi de chaque mois. Lancé en janvier 2020 à Mermoz par le Président Macky Sall, ce programme, appelé à l’époque «Cleaning day», n’avait pas enregistré la présence du maire de la commune.

Caisse d’avance, emprunt obligataire, … l’héritage de Khalifa
Les problèmes politiques vont-ils subsister entre la Ville de Dakar et l’Etat central ? C’est l’une des grandes questions de cette mandature de Barthélemy Dias. «Je compte travailler avec l’Etat», a-t-il juré lors du lancement de son programme. Mais l’opposant, membre de la coalition Taxawu Senegaal de Khalifa Sall, avait posé une condition : «Que Macky Sall me reconnaisse comme le maire de Dakar.» Si elle paraît peu probable, la collaboration entre le gouvernement et la mairie de Dakar sera l’un des enjeux des 2 années qui nous séparent de la Présidentielle de 2024. Mais le discours de Barthélemy Dias ne prête guère à l’optimisme. Il compte réactualiser l’emprunt obligataire de 20 milliards de la Ville de Dakar bloqué en 2015 par l’Etat, la construction du parking souterrain de la Place de l’Indépendance, qui avait opposé Khalifa Sall et Diène Farba Sarr. Il a promis de se battre pour la restauration de la caisse d’avance qui avait valu à Khalifa Sall un séjour en prison.
Des dossiers sur lesquels la mairie de Dakar accusait l’Etat de combattre des adversaires politiques. Toutes choses qui montrent que des défis immenses attendent le successeur de Soham El Wardini. Après la politique et la déclaration d’intention, c’est l’heure des actes. En 2027, on ne sait pas si les Dakarois vont danser le «Dias» avec Barthélemy. Cela dépendra de lui, le 10ème maire de Dakar depuis que le Sénégal est indépendant. Dias-fils va marcher sur les pas de Lamine Guèye (1945-1961), Joseph Gomis (1961-1964), Samba Guèye (1964-1978), Lamine Diack (1978-1979), Amadou Clédor Sall (1979-1984), Mamadou Diop (1984-2002), Pape Diop (2002-2009), Khalifa Sall (2009-2018) et Soham El Wardini (2018-2022). Il a le poids de l’histoire sur les épaules.
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