Que les habitudes des militants, du moins, des arrivistes de l’Apr sont têtues. Les mises en garde, les menaces, la discipline de parti n’y peuvent rien ; comme le phénix, elles semblent un moment disparaitre mais finissent toujours par rejaillir de plus belle. Curieusement, le cycle des récriminations se renouvelle de manière immuable chaque fois que des postes sont en jeu. Ce phénomène quasi insaisissable pour la raison ne trouve d’explication rationnelle dans aucune théorie politique. A défaut, et au risque d’être soumis à la censure, nous allons essayer de démêler les fils d’une telle intrigue que nous avons nommé le mal de l’Apr.
Le «monde politique» est complètement à la dérive, entraîné par «la philosophie de l’essentiel est de gagner» et tournant le dos au devoir de formation idéologique et d’éducation à la citoyenneté. Cela se manifeste à l’Apr par une structure mort-née qui, n’ayant jamais existé, est le vestige d’un rêve inassouvi et fallacieux : l’école du parti. La conséquence est évidente, c’est la création d’un type de militant alimentaire famélique, dont la préoccupation ne saurait être d’un ordre idéologique qu’il n’a jamais expérimenté. Il éloigne, à moins d’un miracle, la perspective citoyenne qui devait constituer sa ligne de mire. La faute incombe indubitablement aux responsables du parti mais surtout aux responsables de jeunesse qui se contentent d’organiser des séminaires «sucrés» où l’accessoire passe avant l’essentiel.
L’autre mal profond en soi, pernicieux et sournois dans ses effets, c’est l’absence d’un esprit de parti. Les intérêts individuels prennent le dessus sur les objectifs du parti, ainsi que les groupuscules ou «clans» réclament une préséance indue ou des avantages non mérités. En conséquence, ceux qui essaient de cultiver la «méritocratie» sont condamnés à l’isolisme. L’ostracisme est assuré par une classe de militants qui jouent aux «cerbères» pour empêcher l’accès aux hauts responsables. C’est pourquoi, les étudiants n’ont pu rencontrer le Président Macky Sall qu’une seule fois depuis 2012. Les jeunes aussi éprouvent les mêmes difficultés pour rencontrer leur leader. Sauf à avoir le don d’Orphée, le système est tel que le Président semble inaccessible pour les militants. Or, ceux qui s’adonnent à des tâches aussi ingrates refusent simplement que leur mythe tombe. L’accès au coordonnateur du parti aurait mis à nu la carence de beaucoup de personnes.
Pour finir, constatons que le Meer est depuis 3 ans dans un coma profond, la Cojer est n’est que l’ombre d’elle-même, la Ccr ne fait que vivoter, etc. Toutes les structures qui devaient assurer les tâches opérationnelles de massification du parti sont dans la léthargie. C’est pourquoi, tout se passe comme dans une armée mexicaine. Il n’y a pas de ligne directrice pour le parti, et à considérer qu’elle existât, qui pourrait la relayer. La discipline de parti est malmenée ; personne ne respecte personne, c’est le sauve-qui-peut généralisé. Pen­dant ce temps, les militants occasionnels qui ne sont venus que pour s’empiffrer, ne se font aucun scrupule pour trouver les grâces du Président. Mais si celui-ci décide de les mettre de côté alors ils montrent leur face hideuse.
Il est urgent que les structures soient redynamisées. Cela passe par une responsabilisation des gens qui ont les compétences politiques et intellectuelles. Cela passe également par le respect des textes ; par exemple, ne pas franchir la limite d’âge pour les jeunes. C’est grâce à cela seulement qu’on pourra avoir un parti politique digne du nom ; un parti qui tranche avec la dynamique de fan’s club.

Abdoulaye SARR – Membre du Collectif des Meer universitaires régionaux et de la Cojer