Le malaise de Sonko

J’avoue que j’ai senti de la compassion pour Ousmane Sonko lorsque j’ai vu la vidéo montrant le malaise qu’il eut hier à Bignona. Visiblement, sa condition physique se dégrade et il me fait pitié. Humainement, je n’ai aucune haine envers lui, mais je désapprouve profondément la délation qu’il utilise comme arme politique contre ses adversaires. Sa façon de faire la politique ne cadre pas avec nos valeurs socio-culturelles qui n’acceptent pas de jeter en pâture la dignité d’une personne à la vindicte populaire.
Qu’est-ce que Sonko n’a pas fait voir à Mamour Diallo et à sa famille ? Qu’est-ce qu’il n’a pas fait subir à Aliou Sall et à sa famille, dont le seul crime est d’être le frère du Président de la République ? A cause des accusations de Sonko, Aliou Sall est traqué par la clameur publique, qui scande «sunu 400 mille» partout où il va. Même l’enfant chéri du Sénégal, Youssou Ndour, a acquis le titre de délinquant fiscal à cause de Sonko.
D’un autre côté, le discours de Sonko et de ses partisans est très violent et incite à la violence. Des injures, des intimidations, des appels à brûler les biens et domiciles d’autrui et même des menaces de mort sont constamment distillés dans les réseaux sociaux par les supporters de Sonko, qui ne s’est jamais insurgé contre ces pratiques. L’intimidation que Sonko et ses partisans exerçaient dans le débat public avait atteint son paroxysme au point où personne n’osait plus leur apporter ouvertement la contradiction, au risque de se faire copieusement insulter et diffamer sur les réseaux sociaux. Même les journalistes n’osaient plus dire objectivement leur position sur la démarche de Sonko. Parmi eux, certains se sont mis à lui tresser des lauriers. Seuls quelques rares individus, comme les journalistes Madiambal Diagne, Khalifa Diakhaté et l’avocat Me El Hadji Diouf ont osé leur apporter une résistance farouche. Sonko a le génie de savoir manipuler la colère naturelle de la jeunesse et des couches défavorisées contre ses adversaires politiques. En mars dernier, cette manipulation a failli faire basculer notre pays dans le chaos avec 14 vies de jeunes perdues. Cela aurait pu être pire si le gouvernement n’avait pas fait preuve de sang-froid.
Effet, les forces publiques sur ordre du gouvernement se sont limitées uniquement au maintien de l’ordre avec l’usage exclusif de lacrymogènes, et Dieu merci le cours des événements n’a pas pris d’autres proportions.
En tant que croyante, je pense que quiconque vilipende les errements de son prochain sera un jour vilipendé pour des choses plus viles. Je pense que son histoire avec Adji Sarr n’est que début d’une chaîne de dénigrements les uns plus virulents que les autres. C’est pourquoi je pense qu’il doit revoir sa façon de faire la politique, parce que tous ces gens qu’il a vilipendés son des créatures de Dieu de qui ils peuvent attendre justice aussi comme tout le monde. Chaque action entraîne une réaction et on récolte toujours ce qu’on a semé. Aucun homme politique de l’histoire du Sénégal n’a eu le verbe mortel du politicien Ousmane Sonko. Paix aux âmes des enfants morts des suites de l’appel au combat mortel.
Sabel FALL
fallayacine84@gmail.com