Les propos du ministre de la Justice, Malick Sall, lors de son entretien sur France 24, sur les lutteurs, ont été sortis de leur contexte. Pourtant, il s’agit d’une situation vécue par tous les jeunes depuis l’apparition du Covid-19.

Il peut arriver que l’émotion du moment emporte la pensée ou ne permet pas de l’exprimer avec toute la clarté voulue. Interrogé sur les causes des émeutes qui ont secoué le pays durant l’arrestation de Ousmane Sonko, le ministre Malick Sall a déclaré à la chaîne de télé France 24 : «Beaucoup de jeunes étaient dans des écuries de lutte. Cela veut dire que toute la semaine, ils sont à l’entraînement dans les salles et au bord de la mer. Le week-end, ils étaient dans les stades. Cela leur permettait non seulement de se défouler, mais aussi de gagner leur vie. Cela, ils en sont privés depuis bientôt un an maintenant.»
Dans l’entendement du garde des Sceaux, il s’agissait de dire que c’est la frustration née de l’oisiveté et des privations économiques qui a été l’élément déclencheur principal de la flambée de violence que l’on a vue dans nos territoires, et dont a pu bénéficier Sonko, juste par concours de circonstances. Une analyse faite d’ailleurs par beaucoup de spécialistes, et dont on peut dire que le chef de l’Etat a commencé à y répondre en repoussant l’heure du couvre-feu à minuit. Permettre non seulement aux écuries de lutte, mais aussi aux salles de spectacles d’ouvrir et de tenir leurs activités, dans le strict respect des mesures barrières, est un bon moyen de faire tourner l’économie et de combattre l’oisiveté des jeunes, et moins jeunes.
Dans l’entendement de Malick Sall, le fait d’avoir, au motif de la lutte contre la propagation du Covid-19, contraint au chômage technique une bonne partie de la population, surtout la frange la plus jeune et la plus dynamique, a privé de nombreuses familles de leurs revenus et de leurs ressources vitales et plongé dans le désarroi de nombreux responsables de famille. Certains politiciens ont trouvé dans ces éléments un bon foyer pour alimenter leur cause, et se tailler assez facilement une tunique de leader. Mais si le gouvernement se ressaisit et remet les choses en ordre, de nombreuses certitudes pourraient tomber.