La 6e édition du cycle de con­férences les «Mardis du numérique» tenue hier, à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad) a porté sur : «Le numérique au Sénégal : destructeur ou créateur d’emplois.» Un thème sur lequel, d’éminents experts et panélistes ont porté un regard croisé. Dans sa contribution à la thématique, le président d’Afri­can performance institute (Api), Ibrahima Nour Eddine Diagne, a fait comprendre qu’il y a des conditions dans lesquelles, «le numérique détruira de l’emploi. Et c’est une catégorie d’emplois qui sont aujourd’hui transposables à travers les nouvelles technologies qui sont en train d’émerger et que donc la technologie peut remplacer». En revanche, souligne M. Diagne, «il y a de nouvelles opportunités qui naissent et qui sont souvent autour de petites entreprises ou de toutes petites entreprises. Et qui finissent par avoir une croissance exponentielle par rapport à ces nouveaux besoins de service». Le président d’Api en déduit ainsi, «qu’il n’y a pas de réponse tranchée». Jetant un regard sur la marche du monde, Ibrahima Nour Eddine Diagne relève que «le monde est en croissance économique, ça veut dire que des emplois sont créés et que le mouvement qui tue certains emplois génère un nombre d’emplois supérieurs, ça c’est la vitrine». Mais, soutient-on, «si on prend l’exemple des pays comme le Sénégal qui est un pays en développement, l’enjeu est différent, parce qu’ici, nous n’avons pas beaucoup d’entreprises qui sont de très gros employeurs». A l’en croire, ces entreprises-là «sont forcément aujourd’hui, soumises à l’impératif de transformation digitale. Et cette transformation digitale, va se traduire soit par une réduction des recrutements, soit par une réduction des effectifs». Et parallèlement derrière, poursuit-il, «il y a une économie qui va être greffée autour de leur écosystème qui va émerger». Donc d’une manière générale, il pense que le danger aujourd’hui, «il est plutôt autour des jeunes qui cherchent un emploi, parce que ce sont eux qui doivent être dans une logique pour avoir les compétences et maintenir ces compétences qui sont nécessaires, pour pouvoir être dans l’évolution numérique». Pour ce qui est de l’avenir de ces emplois, qui n’intègreraient pas la dimension du numérique, il explique que  «les conducteurs de bus, par exemple, les gens vont avoir besoin de mobilité, ce sont des emplois qui ne sont pas immédiatement menacés. Parce que ça tient à des besoins vitaux. Tout ce qui concerne les besoins vitaux, et les emplois qui tournent autour ont vocation à être transformés plus lentement». «Mais quand vous êtes dans l’industrie des services, c’est-à-dire tout ce qui concerne le confort, que ce soit le secteur financier, les télécoms, les assurances, etc., voilà des secteurs qui nécessairement vont connaitre des bouleversements à la fois dans la manière de les produire, de les transporter et de les consommer». Donc à ses yeux, les en­tre­prises qui sont autour de ces secteurs,  qu’il appelle les services de confort, «doivent impérativement anticiper leur transformation digitale pour justement ne pas avoir à disparaitre».
Pour le Secrétaire général de l‘Agence de développement et d’encadrement des Petites et moyennes entreprises (Adep­me),­ «il n’y aura pas de disparition d’emplois, mais plutôt de transformation». En effet, argumente Mbaye Jean Diouf, «au Sénégal, nous n’allons pas nous préoccuper de disparition, parce que nous n’avons pas des emplois à faire disparaitre, nous avons des emplois à construire». Et d’ajouter : «Le Sénégal a une politique en faveur de l’emploi, et aujourd’hui, nous pensons que le numérique peut réellement servir à accélérer cette politique-là…» Poursuivant son argumentaire, M. Diouf a tout de même souligné quelques défis à relever, notamment l’employabilité des jeunes. «Il faut donner aujourd’hui, aux jeunes, les formations liées aux nouveaux métiers du numérique et aussi à des dérivés du numérique, que ce soit dans la santé, le tourisme l’agriculture, etc. Tous ces secteurs peuvent être aujourd’hui, transformés digitalement», con­seille-t-il. Il estime aussi, que l’autre défi c’est d’arriver à renforcer les capacités des jeunes avec des formations initiales dans le domaine ; mais aussi, à faire de la formation continue pour pouvoir assurer une transformation des métiers.

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