Le Peuple, le Président et l’opposition

«Critiquer un gouvernement que l’on convoite ne suffisait pas, il faut à présent déprécier son œuvre dans son intégralité et l’enfoncer dans les grands abysses du rejet, du dégoût et de l’oubli populaires.» Il suffit d’observer la scène politique sénégalaise et les agissements de certains hommes politiques, dont tout le génie et l’entrain sont orientés vers le nihilisme, pour comprendre toute la portée de cette réflexion de Churchill. Faute de pouvoir mobiliser le Peuple sénégalais, l’opposition sénégalaise ou ce qui en tient lieu a maintenant choisi de faire le tour des foyers religieux pour tenter de vilipender le régime du Président Sall. En réalité, le plan de l’opposition était d’articuler sa stratégie sur les aventures d’une crise politique pré-électorale. Elle croyait naïvement qu’à force d’obliger le régime par l’ampleur des intrigues et des combines mesquines, elle mobiliserait des foules dociles à commettre des forfaits qui raccourciraient les chemins du pouvoir. On a misé sur une sorte d’immaturité du Peuple qui consisterait à prendre la résolution irréfléchie et aventurière d’abimer sa République pour assouvir la soif de pouvoir de quelques illuminés.
La leçon que le Peuple sénégalais peut en tirer est que la démocratie au nom de laquelle on prétend combattre le Président Macky Sall et son régime n’est pas le problème de ces mages politiques. Mais que voulez-vous, quand on est dirigé par un homme de gauche qui ne représente rien politiquement, l’échec est assuré. Historiquement, les partis de gauche, dans tous les pays du monde, excellent dans le lobbying, les réseaux occultes et nocturnes, les pratiques sordides et les combines. Accéder au pouvoir sans être légitime est une grande arnaque démocratique : on ne peut pas parler au nom du Peuple, prétendre se battre pour son salut et passer toute son existence politique à trouver des feintes pour ne pas se soumettre à la sanction des urnes, au suffrage de ses concitoyens. Il ne faut pas réinventer la démocratie, il ne faut pas ruser avec la volonté populaire parce qu’elles sont sacrées. La voix du Peuple est celle de Dieu, la voix des élites n’a aucune espèce de légitimité populaire. Voilà pourquoi l’échec de cette opposition est une sorte de justice divine immanente : désormais le Peuple connaît la façon de penser et d’agir des principaux animateurs de cette opposition.
Sur l’autel des calculs politiques chauvins et irrévérencieux à l’endroit du Peuple sénégalais, ce dernier a présentement l’occasion de sacrifier, une bonne fois pour toutes, les imposteurs qui prétextaient de ses difficultés pour échafauder des plans antidémocratiques. Tout le monde le sait : l’essentiel des membres de cette association sont d’anciens collaborateurs du Président Macky Sall. C’est comme si on avait créé cette opposition pour servir de déversoir destiné à capter tous ceux que les vagues de la deuxième alternance ont jetés hors des rivages du pouvoir. Il n’y a donc plus de mystification possible, l’unité de cette opposition est un mythe, une illusion sciemment entretenue pour ne pas avoir à faire face à la réalité politique. Tout cela veut dire que la volonté populaire n’a point de sens et de valeur pour ces gens, cela veut dire qu’ils se croient nantis de qualités intellectuelles et de vertus telles qu’ils sont habilités à savoir et à vouloir ce qui est le meilleur pour le Peuple. Pourquoi n’a-t-on pas cherché à voir et à comprendre ce que le Peuple en pense ? Cette façon de procéder est révélatrice de la mentalité qui prévaut dans cette opposition : on pense à la place du Peuple, on tente de le prendre en otage, on lui prête des intentions et une adhésion à des chimères.
Il n’est pas aisé de défendre un projet ou des actes quand la conviction fait défaut : sans la foi, les théories les plus rationnelles et évidentes ne peuvent être soutenues. Avec cette opposition, nous sommes dans un univers et un contexte où la manipulation, l’intoxication, l’exagération et surtout la caricature immonde faussent tous les repères et désorientent l’opinion. Ce que tout cela fait voir de façon manifeste aujourd’hui, c’est que l’opposition sénégalaise est une assemblée de comploteurs et de manœuvriers capables de choisir un cheval borgne à la place d’un cheval bien-voyant. Tandis que leur adversaire du pouvoir et les plus sérieux observateurs de la scène politique s’évertueraient à leur faire observer que l’élection présidentielle est une rencontre entre un homme porteur d’une vision ou d’un projet avec son Peuple, ils persévéraient dans leur entreprise de mystification. Croyant que leur messie viendrait du Qatar pour les tirer d’affaire, ils ont voulu masquer leurs défauts de légitimité et de charisme en persistant à chercher à persuader leur propre ego. Voilà exactement pourquoi le Peuple a toutes les raisons de faire preuve d’une extrême vigilance et de méfiance à l’égard de ces néo-prophètes qui excellent dans l’art de prendre les airs d’un messie collectif.
Maintenant que le méga-mensonge qui a construit le mythe de cette opposition s’est écroulé, c’est tout leur espoir d’arriver au pouvoir qui a fondu comme beurre au soleil. Face à l’acharnement de ses adversaires, Charles de Gaulle leur lança un jour cette phrase énigmatique : «Quelle que soit votre impatience de me voir partir, il vous faudra attendre trois ans. Si Dieu me prête vie, bien entendu. Mais comme vous ne l’ignorerez pas… Dieu est gaulliste.» Il y a de grandes chances d’entendre le Président Macky Sall paraphraser de Gaulle bien au-delà de 2019.
Pape A KHOUMA
Responsable politique Apr
Parcelles Assainies