Le Pm Amadou Bâ sur la 3ème candidature de Macky : «C’est au Peuple de trancher tout ça»

La question de la 3ème candidature de Macky Sall a été au cœur des débats lors de la Déclaration de politique générale du Premier ministre, Amadou Bâ. Hier, les questions liées aussi à l’Etat de droit, au Code électoral ont intéressé les députés.Par Aliou DIALLO –
«C’est le Conseil constitutionnel qui est habilité à dire qui est candidat et qui ne l’est pas. Au-delà du Conseil constitutionnel, c’est au Peuple de trancher tout ça et il l’a régulièrement fait.» C’est la déclaration faite hier par le Premier ministre lors de sa Déclaration de politique générale. Amadou Ba répondait ainsi aux membres de l’opposition, qui n’ont cessé de rappeler que le Président Macky Sall n’a pas droit à une troisième candidature en 2024. L’une des piques marquantes, c’est celle de Mimi Touré, tête de liste de la Coalition Benno bokk yaakaar aux dernières élections législatives qui a tourné le dos au camp présidentiel. «Nous avons ensemble défendu la même chose en 2016. Nous avions dit à l’époque que la Constitution de 2016 est verrouillée, que nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. Nous avions dépensé plusieurs milliards pour ça. Pour qu’il ait de la stabilité, il faut respecter nos institutions», a rappelé Aminata Touré.
«La Constitution dit que le mandat est de 5 ans»
Amadou Bâ ne partage pas l’avis de son ancienne camarade de parti, l’Alliance pour la République (Apr). «La question du mandat est une question de responsabilité personnelle. Cela ne concerne que le Président et il n’a rien dit. Qu’est-ce que dit notre Constitution ? Il dit que le mandat est de 5 ans. Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. Alors, laissons les choses aller. Pourquoi vouloir se battre aujourd’hui sur qui doit être candidat, qui ne doit pas être candidat ? Quel est l’intérêt pour le Sénégal ? Pourquoi vouloir forcer les gens à adhérer à vos pensées ?», a soutenu le Premier ministre. Ce dernier en appelle à «plus de tolérance». «Laissons le libre jeu. Les Sénégalais savent choisir. Parler toujours de ce sujet, c’est comme si vous avez peur (du Président Macky Sall). Mais de quoi avez-vous peur ?», dit-il. En effet, pour un député de l’opposition, «l’éthique et la morale» ne permettent pas à Macky Sall de se présenter à la prochaine Présidentielle. Ainsi le député non inscrit, Pape Djibril Fall, demande à Amadou Bâ de dire au Président Macky Sall de ne pas faire moins que ses prédécesseurs.
La question du parrainage soulevée
Pour sa part, Mamadou Lamine Thiam, président du groupe parlementaire Démocratie libérale et changement, s’est appesanti sur le calendrier électoral. «Nous venons d’élections où on a eu beaucoup de problèmes avec le Code électoral. Un Code électoral qui ne peut pas nous permettre d’avoir des listes sur lesquelles on s’entend. Le parrainage, il faut qu’on en reparle», a déclaré le parlementaire. Il a aussi dénoncé les interdictions de manifestation de l’opposition.
La question de l’Etat de droit a intéressé plusieurs autres députés dont Birame Souleye Diop, président du groupe parlementaire Yewwi askan wi (Yaw). Il dit avoir constaté que «les libertés et les droits fondamentaux sont bafoués eu égard aux interdictions intempestives des marches pacifiques des organisations politiques et de la Société civile». D’après toujours le député de Yewwi askan wi, «énormément» de personnalités sont aujourd’hui détenues pour «simplement, l’expression d’une liberté d’opinion, d’une liberté démocratique, d’une liberté de presse».
Yewwi appelle à la libération des «détenus politiques»
Le président du groupe parlementaire Yewwi askan wi a par ailleurs, réclamé «immédiatement et sans condition» la libération de «tous les détenus politiques». Mais aussi, il a demandé à l’Etat de restituer à Khalifa Sall et Karim Wade, leur droit civique, et exigé la nomination «sans délai» d’un ministre «non partisan», chargé de l’organisation des élections.
Son collègue, Me Oumar Youm, président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar, qui lui a succédé au micro, a répliqué à toutes les attaques de l’opposition. Il dit : «Notre démocratie est malade de certains de ses acteurs qui font dans la démagogie, dans la violence, dans le populisme. Des hommes et des femmes mal préparés à assumer le legs de nos anciens. Nous devons être dignes de notre Peuple. Etre dignes de notre Peuple, c’est épouser les valeurs de la République.»
«Une Nation ne se bâtit pas sur la haine et l’adversité»
Dans sa Déclaration de politique générale, le Premier ministre a appelé les députés à avoir «la capacité de s’élever pour transcender les clivages crypto personnels, les divergences partisanes, l’adversité gratuite et les intérêts éphémères, pour mettre au-dessus de toute considération en vue de le faire triompher, l’intérêt supérieur du Sénégal». Et d’ajouter : «Une Nation ne se bâtit pas sur la haine et l’adversité, la colère et les calomnies, les invectives et les médisances, les subversions et les transgressions. Pour être durable et vivre en paix, une Nation se construit avec l’énergie de l’amour de soi et des autres nourri à l’aune de l’amour inconditionnel de la Patrie.»
Par Malick GAYE-mgaye@lequotidien.sn