Le Premier ministre Ousmane Sonko : «UN FONCTIONNAIRE NE PEUT ÊTRE MULTIMILLIONNAIRE»

Lors de la présentation du rapport et de l’Agenda national de transformation du service public, le Premier ministre a insisté sur le niveau de richesse de certains fonctionnaires. Alors que, dit-il, on ne «peut pas devenir milliardaire dans la Fonction publique». Par Justin GOMIS –
Pour l’Administration, c’est le moment de connaître un autre ressort, expurgé de certaines pratiques. Le Premier ministre est catégorique sur certaines pratiques en cours. «Tout le monde sait que une Fonction publique ou administrative ne peut pas permettre ce train de vie», a tonné hier Ousmane Sonko lors de la cérémonie de présentation du rapport et de l’Agenda national de transformation du service public. Il insiste sur ce point : «Il faut que chaque fonctionnaire comprenne qu’on ne peut pas être milliardaire dans la Fonction publique. Ce n’est pas possible. Mais, un fonctionnaire ne peut pas être multimillionnaire à fortiori milliardaire.» Ce phénomène a connu ces dernières années dans notre pays une certaine apparence. «Ça n’a pas heurté suffisamment les Sénégalais que les fonctionnaires fassent étalage de leur niveau de richesse indécent. Quel que soit le niveau de rémunération dans la Fonction publique», a-t-il dit. Surtout que les revenus de certains sont connus. «Nous sommes dans un pays où le président de la République, et ce n’est pas un secret parce qu’il a fait sa déclaration de patrimoine, perçoit 5 millions de salaire. Le Pm perçoit 4 millions et quelques de salaire. Les ministres, c’est moins de 3 millions, 3 millions et quelques. Comment peut-on devenir milliardaire dans ce pays. Ce n’est pas possible», a-t-il répété. Il s’interroge : «est-ce que notre population n’est pas corruptogène parce qu’on confie des responsabilités à une personne, la société s’organise autour de lui. En commençant à faire de lui un parrain de leurs activités. Ce dernier commence à donner de l’argent alors que son salaire ne le lui permet pas», a-t-il précisé. En tout cas, pour le chef du gouvernement, il faut trouver le moyen de bannir certaines pratiques. «Il y a un travail que l’ensemble de la société, les hommes religieux, que ce soit l’église, les imans et les khalifes, et tout ce qu’on enseigne dans les daaras, doivent faire sur la socialisation et de resocialisation afin que les gens comprennent que la richesse ne se négocie pas, mais on se bat durement pour l’avoir», ajoute-t-il.
Dans le même sillage, rappelle Ousmane Sonko, «des initiatives sont prises par le président de la République sur le fonds de la transparence avec un certain nombre de lois parmi lesquelles la loi sur la réforme de l’Ofnac, la loi qui protégera davantage les lanceurs d’alerte. Il y a d’autres lois déjà validées en Conseil des ministres. La corruption existe dans tous les pays, mais statistiquement il est démontré que c’est dans tous les pays en voie de développement que ça prévaut».
Il répondait ainsi à la question de la corruption soulignée dans l’Administration par le rapport. «Vous avez parlé de la corruption dans les fléaux de l’Administration. Je le dis et je le redis : je crois que la majeure partie des fonctionnaires sont intègres pour avoir côtoyé beaucoup d’entre eux dans ma carrière. Malheureusement, il y en a une bonne partie encore qui choisit la facilité. C’est un fléau qu’il faut combattre parce qu’en dehors de l’impact négatif sur la qualité du service public et sur le rendement, les conséquences économiques sont désastreuses. Et même sur le plan sécuritaire. Quand un véhicule n’a pas été bien contrôlé, au niveau de la visite technique, parce que quelqu’un a glissé un billet, ce sont 20 morts qu’on déplore après dans la circulation. Voilà ce que fait le contrôle routier qui n’est pas bien fait. C’est la même chose lorsqu’un agent de l’Etat préfère encaisser 300 millions ou 500 millions et fermer les yeux sur 10 milliards de recettes qui devraient rentrer dans les caisses de l’Etat. C’est un fléau qu’il faut combattre», a-t-il martelé.
A propos du rapport, il a indiqué qu’un certain nombre de mesures ont été prises pour réduire les manquements notés dans l’Administration, notamment la gabegie et la surfacturation. Pour apporter une solution, il a été mis en place, dit-il, «une centrale d’achats publi-que, destinée à exercer un con-trôle rigoureux sur toutes les commandes effectuées par les services de l’Etat, afin de lutter contre le gaspillage et les pratiques de facturation abusive».
Aujourd’hui, le Premier ministre suggère de rationaliser les dépenses de l’Etat. Lors d’un de son voyage en Côte d’Ivoire, dit-il, «il a eu la chance de visiter le Stade de Bouaké aussi beau que le nôtre». Mais, selon lui, il «a été construit à 54 milliards contrairement au nôtre qui a coûté au contribuable sénégalais la rondelette somme de 150 milliards».
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