La visite du Président Macky Sall à Moscou et Kiev d’abord, puis à Bamako, Conakry, N’Djamena, Ouagadougou et Khartoum serait un parcours parfait.
Le 23 mai 2022, le Président Macky Sall a décidé de se rendre à Moscou et à Kiev pour une demande d’ouverture de négociations entre les belligérants russes et ukrainiens.
C’est une bonne décision ; après le vote historique de neutralité du Sénégal, le 2 mars 2022, à l’Assemblée générale de l’Onu sur l’opération de la Russie en Ukraine, déclenchée le 24 février 2022.
Décidément, la diplomatie sénégalaise «reprend du poil de la bête». Tant mieux. La diplomatie sénégalaise, sous la conduite du Président Macky Sall, sera encore plus respectée. Car elle emprunte ainsi les traces de la dynamique et bien inspirée diplomatie des années 1970, du premier Président sénégalais chrétien, quand le Sénégal obtenait la présidence du comité des Nations unies pour l’exercice des droits inaliénables du Peuple musulman palestinien. Moscou, Kiev, Bamako, Conakry, Ouaga, Ndjamena et Khartoum méritent bien une prière du vendredi saint.
La visite officielle du Président Macky Sall a pour but essentiel de demander une ouverture de négociations devant aboutir à un cessez-le-feu d’abord, et une paix ensuite, entre Russes et Ukrainiens. Ce faisant, le Président Macky Sall, à la faveur de son magistère de président de l’union africaine, souhaite œuvrer pour une sécurité mondiale collective renforcée, faire élaborer une sécurisation des sources vitales d’approvisionnement d’énergies et de céréales ; et enfin éviter aux africains une insécurité alimentaire certaine si le conflit venait à se prolonger. Mais par-dessus tout, il convient de constater que la Russie a beaucoup d’intérêts en Afrique ; sans doute le Président Poutine écoutera le président de l’Ua.
Il faut prier ; et Moscou, Kiev, Bamako, Conakry, Ouaga, Ndjamena et Khartoum méritent bien une prière du vendredi saint.
Bravo Monsieur le Président pour cette vision perspicace.
Etre président de l’Ua, pour la durée trop courte d’un an, suppose une vision claire et profonde des enjeux stratégiques ; mais il postule également un réalisme de la part du leader des Africains face aux si forts dirigeants des grandes puissances qui ont des intérêts nationaux divers et variés.
Dès sa désignation par ses pairs à Addis, nous sommes de ceux qui ont tout de suite pensé que le Président Macky Sall devait se fixer les deux à trois objectifs ci-après.
Proposer l’intégration de l’Ua comme membre du G20 pour mieux faire entendre les préoccupations africaines dans le processus de prise de décisions économiques et politiques qui impactent la vie quotidienne des Africains qui ne siègent pas dans ces hautes et importantes organisations.

Donner une porte de sortie aux cinq juntes africaines
Proposer que l’Ua obtienne un siège de membre permanent du Conseil de sécurité avec droit de veto (les juristes nous diront que les membres de l’Onu sont des Etats ; ce qui est, du reste vrai ; mais comme il est impératif d’élaborer une refonte des textes de l’Onu, alors il faut étudier les voies et moyens d’entendre et écouter les 54 Etats africains ayant accédé à la souveraineté internationale 15 années après la mise sur pied de l’Onu, le droit international est-il une science immuable ? ).
Entamer une initiative politique et économique au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, au Tchad et au Soudan en dépit des sanctions décidées par la Cedeao.
A ces 3 objectifs ou vœux est venu s’ajouter la situation brusque et inattendue de la paix nécessaire en Ukraine.
A son retour de Kiev, le Président Macky Sall devrait se rendre obligatoirement dans les quatre pays africains de l’Ouest et au Soudan où des juntes militaires sont au pouvoir. Le constat est que la Cedeao a bel et bien pris, à juste raison, des sanctions pour décourager les coups d’Etat militaires en Afrique.
La Cedeao a joué, continue de jouer un rôle important sans prétendre être une communauté parfaite. En effet, dans les années 1990, il y a eu le Senreglib (senegalese régiment in Liberia) au sein de l’Ecomog (ecowas monitoring group), qui était la première force au nom de la Cedeao, sous l’impulsion du Nigeria comme «lead-nation».
Ce fut un succès éclatant. Cette dernière notion de nation-leader, ou de nation-pivot fait cruellement défaut aujourd’hui. Et pourtant le Sénégal a joué ce rôle en République de Guinée-Bissau, avec un résultat mitigé, et en Gambie mettant fin à une dictature militaire de 23 ans. Là aussi la réussite de la Cedeao fut totale.
De ce point de vue le moins que l’on puisse dire est que la Cedeao a le mérite d’exister. Et en Afrique des pays comme le Soudan n’ont pas la chance d’appartenir à des organisations communautaires régionales capables de prôner la «tolérance zéro» pour les putschs militaires. Ainsi les populations soudanaises sont victimes des exactions brutales et criminelles d’une junte militaire dans l’indifférence générale de tout le continent africain. Ainsi donc, en sa qualité président de l’Ua, le Président Macky Sall devrait rayonner au-delà de la Cedeao.
Cette initiative offrirait une chance, une porte de sortie, aux militaires africains au Mali, en Guinée, au Tchad, au Burkina Faso et au Soudan. Sinon ces derniers seraient tentés par une radicalisation qui serait nuisible au développement économique, politique et social du continent.

Colonel El hadji Alioune SECK
Grand officier de l’ordre national du mérite
Senior consultant AC Consultants
USA naval Postgraduate School graduate
Monterey Californie
Usa