C’est une réalité fâcheuse : retard dans le processus de développement, vulnérabilité environnementale, commerce international inéquitable, gouvernance politique et financière mondiale handicapante, recrudescence des coups d’Etat. Voilà les défis que l’Afrique doit relever au plus vite, a indiqué le chef de l’Etat, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (Ua).Par Ousmane SOW
– «L’Afrique, je vous le rappelle, n’est pas encore membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et c’est ce conseil qui traite de la question de la sécurité, de la stabilité dans le monde. Et sur plus de la moitié des thèmes abordés, près de 70% des sujets concernent l’Afrique. C’est dire qu’il y a des injustices qu’il faut corriger au plus vite», a déclaré le chef de l’Etat, Macky Sall, ce jeudi, lors de la cérémonie de réception des lauréats de la promotion 2021 du programme des Young leaders de la French-african foundation.
C’est un Macky Sall «panafricaniste» qui a prononcé un discours direct et engagé, en recevant les 100 lauréats issus d’une trentaine de pays d’Afrique, au Palais présidentiel. «Je pense à d’autres défis de notre temps, notamment le réchauffement climatique, le terrorisme, la pandémie du Covid-19, les déséquilibres dans la gouvernance politique, économique et financière mondiale et bien sûr les situations conflictuelles», a-t-il lâché d’emblée. Profitant de cette réception, Macky Sall, assurant la présidence sénégalaise de l’Union africaine, a plaidé pour une meilleure intégration de l’Afrique dans les instances de la gouvernance mondiale, autrement dit pour un siège de l’Ua au sein du G20. «Nous travaillons aussi pour une Afrique ouverte à tous les courants de partenariat, sans chasse gardée, sans exclusion, ni exclusivité», dit Macky Sall. S’adressant aux jeunes porteurs de projets ou de solutions, il les a invités à embrasser la culture de la gagne et éviter le piège de «l’afro-pessimisme» et de «l’autoflagellation» qui, dit-il, n’est rien d’autre qu’une forme de négation de soi. Dans la même dynamique, il interpelle ceux qui disent qu’en Afrique il faut limiter les mandats, soit le temps de présence à la tête de l’Etat. «Mais si au même moment, les procédures qui datent des années 60 sont toujours les mêmes qui conditionnent le décaissement, mais quand est-ce que ces régimes mis en place vont avoir un bilan ?», s’interroge-t-il. «Donc tous les 5 ans, on va virer des régimes. Et ça va être un éternel recommencement, contraire à l’idée du développement», a-t-il répondu. Selon lui, pour pouvoir assurer le développement des populations dans les délais convenu, il faut que d’abord en interne, les administrations se reforment, qu’elles digitalisent leur procédure, leur économie. «Même si, remarque-t-il, trop souvent, ces formalités et procédures retardent la formulation et l’exécution des projets. Ce qui fragilise l’action publique et suscite des attentes finalement déçues sur les réseaux sociaux : «Ah ! Il n’a rien foutu. Voilà défou fi dara, il faut le virer. Dégage.» Blabla bla… Mais ça ne se passe pas comme ça. Ce n’est pas un bouton magique. Les gouvernements font tout ce qu’ils peuvent», fait-il savoir. Toujours s’adressant aux jeunes, le chef de l’Etat insiste : «Nous devons démultiplier, avec vigueur et diligence, nos efforts de développement, en travaillant vite et bien et en étant conscients que l’aide ne développe pas un pays et que personne ne fera à notre place ce que nous ne sommes pas disposés à faire par et pour nous-mêmes», a-t-il ajouté. «Il nous faut également être exigeants dans la négociation de partenariats justes et équitables», enchaîne-t-il.