Il aura fait plus de trente ans de règne et quitté le pouvoir comme il y était arrivé, en chef de guerre. Depuis hier, le maréchal-Président Idriss Déby Itno n’est plus chef de l’Etat du Tchad. Il a succombé à ses blessures au front, la veille, où il dirigeait les troupes gouvernementales contre les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact). Une période d’incertitudes s’ouvre ainsi à N’Djamena.Par Mamadou T. DIATTA

– Il est mort comme il est venu au pouvoir : en chef de guerre. Depuis hier, le Tchad a perdu son Président. Le maréchal Idriss Déby Itno, qui a régné sur ce pays pendant 30 ans 4 mois et 16 jours, est en effet décédé des suites de ses blessures au front, à Kanem, au centre-ouest du pays où il s’était rendu pour prêter main forte -une habitude chez lui- aux troupes gouvernementales qui se frottaient aux rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact). «Idriss Déby Itno vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille», a annoncé hier à 11 Heures (locales et Gmt) à la Télévision nationale le porte-parole des Forces armées tchadiennes, le général Azem Bermandoa Agouna, dans un communiqué qu’il a lu à l’antenne. «Le maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno, comme il le fait chaque fois que les institutions républicaines sont gravement menacées, a pris la tête des opérations lors du combat héroïque mené contre les hordes terroristes venues de la Libye. Il a été blessé au cours des accrochages et a rendu l’âme une fois rapatrié à N’Djamena», a ajouté l’officier supérieur de l’Armée nationale. La violence des combats avec les rebelles du Fact avaient entraîné de nombreuses pertes dans les deux camps. «Touché dans une manœuvre, Idriss Déby Itno a été rapatrié à N’Djamena dans la soirée, avant de succomber quelques heures plus tard, vers 1 heure du matin», informe Rfi.
Après avoir aidé Hissein Habré à prendre le pouvoir en 1982, Idriss Déby Itno réussit à l’en chasser le 1er décembre 1990, avec l’aide de Paris et Habré se réfugia au Sénégal.
La mort de Déby intervient au lendemain de sa victoire officielle à la Présidentielle du 11 avril dernier avec 79,2% des suffrages. Le chef de l’Etat tchadien, dont les obsèques sont prévues vendredi, a eu à faire l’objet de plusieurs menaces de la part des groupes rebelles en 2005, 2006 et 2008. Malgré tout, le dirigeant tchadien, qui est au centre de la lutte contre les jihadistes dans le Sahel, a conservé le soutien des Occi­dentaux et en particulier de la France.

Le fils du défunt, général Mahamat Idriss Déby, choisi pour diriger la
transition
Les hauts gradés de l’Armée, après que le décès du maréchal Déby a été rendu public, se sont retrouvés autour du général Mahamat Idriss Déby, fils du défunt Président, dans le but s’accorder autour des grands axes d’une charte de la transition et ses modalités. Ainsi, ces derniers ont pris comme mesures : la dissolution du Gouver­nement et de l’Assem­blée nationale et la mise en place d’une transition de dix-huit mois.
Une autre série de mesures a été prise par le groupe des hauts gradés militaires. Il s’agit d’observer un deuil national de 14 jours sur tout le territoire national, d’un couvre-feu qui va de 18 heures à 5 heures du matin, de la fermeture, jusqu’à nouvel ordre, des frontières terrestres et aériennes.
Un Conseil militaire de transition (Cmt) a été aussi créé. Cette instance doit assurer la direction du pays pendant une période de transition de 18 mois qui aboutira à la mise en place de nouvelles institutions nées de l’organisation d’élections «libres, démocratiques et transparentes».
Cette transition est confiée au fils de Idriss Déby Itno, le général Mahamat Idriss Déby. Ce dernier, général de l’Armée tchadienne, était aux commandes, depuis de nombreuses années, de la Direction générale des services de sécurité des institutions de l’Etat (Dgssie), dont fait partie la garde présidentielle.
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