(Arrêtez de parler de vote ethnique en faveur du Président Macky Sall)
Depuis l’élection du Président Macky Sall à la magistrature suprême du Sénégal comme quatrième président de la République du Sénégal, des termes fascistes ethnicisant le vote ont vu le jour dans les discours de certains hommes politiques aux intentions inavouées de vouloir diviser ce pays de la teranga où toutes les ethnies qui le composent sont parfaitement intégrées.
En effet, si le Sénégal est célèbre et respecté, c’est à cause de la qualité de ses ressources humaines, notamment de son ouverture et de son empathie. Loin d’être un Peuple des anges, ce dont nous n’avons pas la prétention d’être, les Sénégalais sont réputés tolérants, intelligents, généreux et travailleurs.
Ici au Sénégal, wolofs, mandingues, soninkés, sérères, peuls, manjacques, balantes vivent ensemble depuis très longtemps, sans se regarder en chiens de faïence, voire comme des ennemis. Ceci est essentiel et fait partie des éléments singularisant le Sénégal du reste de l’Afrique.
C’est vrai ! Le Président Macky Sall est peul. Son épouse est sérère. Il fut maire de Fatick, en pays sérère. Mais qui est-ce qui l’avait élu maire ? Ce sont les sérères, les wolofs et les peuls, etc. Cela étant dit, tant qu’il est maire, il n’y a pas de problème pour ses détracteurs. On ne voit pas qu’il est peul. Par ailleurs, devenu président de l’Assemblée nationale, on continue d’ignorer toujours qu’il est peul. Elu président de la République du Sénégal, subitement, on s’aperçoit qu’il est peul. C’est un peul. Tous les peuls ont voté pour lui. Quelle bizarrerie ! En même temps, on ignore volontairement qu’il a une épouse sérère. Le Président Macky Sall est né peul, il restera peul et mourra peul, «yallah na yex».
Bref, le long séjour d’un tronc d’arbre dans l’eau ne le transformera jamais en crocodile dit de mémoire un adage africain. Une fois qu’on est né peul, on est peul. Ceci est valable pour le wolof, pour le sérère, pour le sandingue, pour le soninké ainsi que pour le manjacque, le balante et le baïnouck, etc. Cependant, on ne doit pas confondre ce qui relève de la volonté, c’est-à-dire de tout ce que l’on fait en tant qu’être humain doué de raison et doté de libre arbitre et ce qui échappe à la volonté et qui relève de l’histoire et de la géographie, particulièrement de l’appartenance ethnique et de la religion, entre autres.
Les hommes et femmes politiques de ce pays engagés en politique, doivent se garder de par leurs discours et actes, de saper les principales racines qui tiennent l’édifice Sénégal debout : cette volonté commune de vie commune que le monde entier nous envie. Sur ce, le Premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, a eu l’intelligence d’étouffer à l’œuf toutes les sources vouées à alimenter les schismes ethniques en posant les bases d’une véritable politique d’intégration des Sénégalais de tous les bords.
Un engagement politique doit servir à installer des ponts entre les communautés et non de creuser des fossés avec des discours ethnicistes dignes de la radio Mille Collines au Rwanda, ayant conduit en 1994 au génocide, dont les séquelles psychiques mettront encore du temps à se cicatriser et à disparaitre de la conscience collective des Rwandais et de la Communauté internationale.
Ici au Sénégal, les différents «tarikha» vivent en parfaite entente et dans la collaboration et dans la solidarité. Chrétiens et musulmans cohabitent et vivent en parfaite harmonie depuis belle lurette sans incident majeur à caractère ethnique. Ils se parlent. Ils se fréquentent. Ils célèbrent ensemble leurs fêtes. Ils se marient entre eux dans la mesure du possible.
Le Sénégal est un modèle de vie en termes de rapports relationnels entre communautés chrétienne et musulmane. Jamais dans l’histoire du Sénégal, on n’a noté un conflit de type religieux, que Dieu nous en garde, entre musulmans et chrétiens.
Le dialogue islamo-chrétien, ce n’est pas une chimère, c’est une réalité forgée patiemment, intelligemment et méthodiquement par nos ancêtres aux moyens de la connaissance et de la tolérance. En résumé, cette tolérance est tellement forte qu’elle est observée à l’échelle de la famille. Ainsi, on retrouve dans une même famille, des frères et sœurs de religion différente mais qui vivent en parfaite harmonie.
Ici au Sénégal, c’est honteux que des propos à caractère ethnique figurent dans les discours politiques. Que de bêtise à bannir et à oublier le fait de dire que si les peuls ont voté pour le Président Macky Sall et sa coalition, c’est parce que ce dernier est un peul «Nenno ko bandoum», alors que les peuls (tous bords confondus) représentent 23,8 % de la population contre 43,3% de wolofs, 14,7% de sérères, 3,7 % de diolas et 3% de mandingues.
Il est légitime d’avoir de l’ambition politique et de s’engager dans les joutes électorales en tant que chef de parti ou président d’une coalition de partis ou partisan d’un chef de parti ou d’un président d’une coalition de partis. Cependant, l’envie de gagner ne doit amener ni l’un ni l’autre à prononcer un discours qui remette en cause et compromette notre unité nationale que nous avons mis plusieurs décennies à construire.
Sur quelle base, ces ennemis de la République et de la Nation osent-ils affirmer que le vote des peuls a été favorable au Président Macky Sall et ses alliés ?
Donc, si M. Macky Sall a gagné la Présidentielle en 2012, c’est parce que les peuls ont voté pour lui ? Si le oui l’a emporté lors du référendum constitutionnel du 30 mars 2016, c’est parce que les peuls ont voté pour lui. S’il a gagné les Législatives du 30 juillet 2017, c’est parce que les peuls ont voté pour lui.
Quand Mandela fut élu en Afrique Sud, cela veut dire que tous les noirs ont voté pour lui. Ainsi, le fait que tous les noirs ont voté pour lui, c’est pourquoi il avait gagné la Présidentielle de 1994. Et pourtant, les noirs sont majoritaires en Afrique Sud. Frederik De Clerk n’a pas dit qu’il est victime d’un vote raciste.
Vive le Sénégal !
Vive la république !
Baba Gallé DIALLO
babadediana@gmail.com
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