C’est avec surprise et indignation que j’ai écouté la chronique du mercredi 22 août 2018 de Mr Pape Alé Niang, chroniqueur à Dakar-Matin, étrange chronique de Tabaski, jour de partage, de communion.
Je n’ai pas compris qu’on puisse accuser un homme politique de dérive ethniciste parce que simplement il revendique une victoire à 80 ou 100% dans une localité donnée ; les Présidents Léopold S. Senghor et Abdou Diouf ont toujours revendiqué de tels scores dans le Fouta.
Avaient-ils menacé pour autant la cohésion nationale ?
Ces deux hommes d’Etat, avec d’autres personnalités, entièrement dévoués à leur pays, dotés d’un patriotisme remarquable, ont pendant quarante ans patiemment construit un Etat de droit.
En démocratie, de telles revendications peuvent tout simplement signifier un ancrage politique dans la localité.
Le Président Senghor, catholique, Sérère, doublement minoritaire, a gouverné le pays pendant vingt ans. Ses soutiens les plus proches étaient des dignitaires religieux musulmans et se retrouvaient dans tous les segments de la société.
Le Sénégal est une démocratie.
Ce qui importe pour nos compatriotes, c’est l’homme, sans considération ethnique ou religieuse.
Tous les hommes politiques qui ont tenté d’instrumentaliser les différences ethniques ont lamentablement échoué.
Depuis 1993, pas un seul de ces hommes politiques n’a dépassé, pour être généreux, 3%.
Si une menace existe dans notre société, elle viendra certainement de la violence verbale et de l’insolence de certains hommes politiques. Cheikh Bamba Dièye insulte les magistrats, Ousmane Sonko, Idrissa Seck, Cheikh Bamba Dièye traitent le Président Macky Sall de poltron, de ngaka, de malfaiteur. Pape Alé Niang et une frange importante de la société civile sont étrangement absents, on ne les entend pas. Plus grave encore, certains cherchent à justifier cette insolence politique alors que, c’est sur cette insolence politique qu’on aurait dû proposer des chroniques, organiser des débats, calmer les acteurs, rappeler à l’ordre.
Depuis plusieurs mois, une partie de l’opinion publique est polarisée par la prochaine élection présidentielle. Il s’agit d’une étape importante dans la vie de la Nation, mais ce n’est pas toute la Nation.
Nous sommes en août, notre économie dépend en partie de l’agriculture, le retard des pluies risque de faire rater la grande campagne agricole ; d’autres problèmes se posent à nous ; ils ont pour nom : école en difficulté, incivisme, indiscipline, insolence politique, laxisme…
Que faire pour que notre école soit performante ? Comment installer l’esprit de sacrifice et amener les syndicats d’enseignants, et pouvoir public à travailler main dans la main pour sortir l’école du cycle infernal des grèves ? Que faire pour amener nos compatriotes à s’approprier des valeurs de travail, discipline, patriotisme ? Que faire pour construire de forts consensus pour la préservation de nos maigres ressources ? Comment nous entendre pour que ceux qui s’amusent à détourner nos deniers publics soient sévèrement sanctionnés sans interférence politique ?
Nous serions bien inspirés de trouver des réponses à ces questions. Pape Alé Niang, chroniqueur à Dakar-Matin, doit nous y aider.
L’agitation permanente, la propagande et les tentatives maladroites de manipulation de l’opinion ne servent à rein, le Sénégal est une vieille démocratie avec une opinion publique bien informée, il repose sur de solides ressorts que même douze années (2000-2012) de mauvaise gouvernance n’ont pu abîmer.
Pendant plusieurs décennies, le Sénégal a servi de refuge pour intellectuels, opposants politiques opprimés, ils venaient de partout : d’Asie, d’Amérique Latine et d’Afrique.
Donc, travaillons à maintenir et à consolider nos acquis !
Ibrahima DIOP
Enseignant – 70 645 47 15