Les derniers événements graves, survenus au mois de mars 2021, ont provoqué des destructions et perturbations si importantes qu’il est urgent d’en analyser les causes pour proposer des pistes de solutions vigoureuses et impopulaires.
De tels évènements, de par leurs violences, le nombre de morts, la destruction de structures économiques, le saccage des maisons d’autrui, sont annonciateurs de situations chaotiques, préludes à une insécurité chronique, voire à une révolution.
C’est pourquoi chaque Sénégalais, pour éviter «que cela ne se reproduise», doit se poser la question de savoir si nous ne sommes pas trop nombreux pour un pays qui n’a pas les moyens économiques pour résoudre des innombrables problèmes de survie pour sa population.
Pour rappel, le Sénégal comptait en avril 1976, et pour son premier recensement, 6,5 millions d’habitants dont plus de 500 mille ressortissants étrangers.
Aujourd’hui, notre pays compte environ 18 millions dont les jeunes représentent plus de ¾ et une importante population étrangère qui ne cesse d’augmenter à cause de notre relative stabilité.
En l’espace de 56 ans, le Sénégal a connu une croissance exponentielle de sa population multipliée par 2,5 voire 3 avec cette réalité d’une jeunesse à la recherche d’un emploi qu’elle ne voit pas venir.
Le pays peut-il lui offrir l’emploi dont elle semble réclamer le droit sans courir le risque de cessation de paiement ou au renoncement de ses objectifs de développement ? Rien n’est moins sûr, au vu des performances économiques aujourd’hui remises au placard.
Il s’y ajoute que tous ceux qui le réclament sont, soit sans formation professionnelle ou sans diplôme. Cette demande sociale se fait à l’endroit de l’Etat qui est hélas le premier employeur et qui doit limiter sa masse salariale étroitement surveillée par les institutions financières (Bm, Fmi) pourvoyeuses de fonds et de garanties de prêts bancaires.
Au rythme de la croissance de notre population, est-il possible de faire face à ce que l’on a appelé «bombe sociale» ?
La réponse est à mon avis négative, compte tenu de notre place par rapport à notre relative croissance économique.
Les économistes ont des références qu’ils jugent fiables pour déterminer les taux de croissance démographique en rapport à celui de l’économie.
Mais une variable demeure néanmoins inconnue ou non maîtrisée : c’est celle du taux de croissance lié à la population.
Les statistiques démographiques sont étroitement liées, il me semble, à l’état civil du pays qui est défaillant pour qui le connaît.
Il n’est nécessaire d’en apporter la preuve qu’à travers l’école où des milliers d’enfants ne figurent pas sur les registres d’actes de naissance par la faute de leurs parents.
Le taux de croissance annuel de la population est de 3% environ, celui de croissance économique de 6,5% à 7%.
Donc logiquement, nous devrions pouvoir connaître une réponse positive aux difficultés économiques que nous connaissons aujourd’hui si les chiffres sont réels et vérifiables.
En vérité, ces événements dont j’ai parlé au début de mon propos ne sont révélateurs d’aucune entrave à la démocratie, encore moins à cette affaire de mœurs que des politiciens ont récupérée pour leur compte personnel et assommer le pouvoir en place.
La situation de l’heure, ajoutée à l’expression violente de besoins, amplifiée il est vrai par une restriction de liberté de la Covid-19, a produit ces malheureux événements.
D’ailleurs, le chef de l’Etat semble avoir très vite compris les enjeux, les tenants et aboutissants de la crise, en ouvrant la voie à des recrutements massifs parmi les jeunes, en leur offrant des financements nouveaux qui viennent s’ajouter à ceux pourtant qui leur ont été déjà octroyés.
Mais je doute fort que cette solution puisse apaiser cet appétit de ce monde, replié dans les grandes villes du pays où le feu a couvé pendant plusieurs jours.
On eût dit que la jeunesse désœuvrée occupe les grandes villes où elle espère vendre sa force productrice plutôt que d’entreprendre des travaux agricoles, pastoraux, piscicoles qui seront sans nul doute nos solutions de sortie de crise dans l’avenir.
L’Etat a cette lourde charge de prévoir ce qui n’est pas prévisible, mais probable.
La résorption du chômage des jeunes passe nécessairement par une formation à des métiers qui sont immenses et que nous offrent les technologies, les nouvelles techniques de communication, l’aviculture et l’agroforesterie, et j’en passe.
Il existe aujourd’hui des opportunités que l’on ne saurait dénombrer au profit des jeunes par une nouvelle approche entrepreneuriale qui est la seule à même de répondre aux besoins d’une certaine catégorie d’étudiants diplômés.
La société doit se convaincre que des mesures drastiques de contrôle de la population doivent être prises pour déterminer cette météorite qui risque de s’abattre sur nous.
Il y a qu’à observer cette population dans les hôpitaux, les banques, les marchés, restaurants, lieux de culte, partout où des besoins s’expriment jusque dans les commissariats de police ou des brigades de gendarmerie complétement submergés.
Cette nécessité avérée de maîtrise de naissance se fera par une législation courageuse, une sensibilisation tous azimuts, par des contrôles à nos frontières, l’amélioration de notre état civil malmené par des agents inconscients du danger.
Cela permettra sans nul doute à nos statisticiens démographes ou planificateurs de travailler sur des chiffres plus proches de la réalité.
Le Sénégal ne peut avancer les yeux fermés sur une population galopante qui, si rien n’est fait, pourrait être encore obligée de recourir par la violence, à son droit au mieux-être .
Fodé GUISSE
Fodeguissse@gmail.com
77 636 67 06
Ouakam.
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