L’absence de Déclaration de politique générale du nouveau gouvernement, combinée aux récentes déclarations du Premier ministre qui accusent l’ancien régime d’avoir falsifié certains chiffres de la dette publique et du déficit budgétaire pour masquer la réalité économique, constitue un événement majeur dans la vie politique mais aussi économique du pays. Ajoutons à cela les arrestations récentes de l’opposant politique Bougane Guèye et du journaliste de renommée internationale Cheikh Yérim Seck, survenues suite à leurs prises de parole pour contredire le Premier ministre, ainsi que certains articles de presse s’interrogeant sur qui gouverne réellement le pays. Le Sénégal ne pouvait donc s’attendre à autre chose qu’à une dégradation de sa note économique. En effet, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note du Sénégal, la faisant passer de Ba3 (pays stable) à B1 (pays sous surveillance). Cette baisse de la notation de crédit constitue un signal d’alarme pour l’économie nationale. Elle reflète une perception accrue des risques économiques et financiers, et pourrait entraîner des répercussions majeures.

Effets négatifs sur les investissements et l’économie
Une des premières conséquences de cette dégradation est l’augmentation du coût de l’emprunt pour le Sénégal.
Les investisseurs, percevant un risque plus élevé, exigeront probablement des taux d’intérêt plus importants, alourdissant ainsi la charge de la dette publique. Le gouvernement devra alors consacrer une plus grande part de son budget au service de la dette, réduisant ainsi les fonds disponibles pour des secteurs cruciaux tels que la santé, l’éducation et les infrastructures. Par ailleurs, une notation dégradée peut dissuader l’investissement direct étranger. Avant de placer leurs capitaux, les investisseurs évaluent les risques, et une baisse de note reflète souvent une instabilité politique ou économique. Cela pourrait entraîner une diminution des flux d’investissements, un recul particulièrement préoccupant pour un pays comme le Sénégal, où ces capitaux sont essentiels à la croissance économique et à la création d’emplois. Ce ralentissement pourrait freiner l’innovation et compromettre le développement de secteurs stratégiques, freinant ainsi l’élan vers l’émergence amorcé avec la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (Pse).

Conséquences sur les entreprises et les consommateurs
La confiance des ménages et des entreprises est également affectée dans ce climat d’incertitude. Les ménages risquent de réduire leurs dépenses, tandis que les entreprises pourraient reporter ou annuler leurs projets d’investissement. Ce climat de méfiance générale pourrait accentuer le ralentissement économique, aggravant ainsi la situation et créant un cercle vicieux difficile à rompre.

Indicateurs inquiétants sur la croissance, l’emploi et le chômage
Les résultats de l’enquête nationale sur l’emploi pour le deuxième trimestre de 2024 confirment une situation déjà critique. En effet, le niveau d’activité a chuté de 2, 8 points de pourcentage par rapport au troisième trimestre de l’année précédente, illustrant un ralentissement profond. Cette contraction n’est pas qu’une simple donnée statistique : elle se traduit par des familles en difficulté, et une société en souffrance. La baisse du taux d’emploi de 3, 9 points témoigne de l’ampleur du problème, touchant particulièrement les jeunes, déjà confrontés à des difficultés d’insertion sur le marché du travail depuis des décennies.
Plus préoccupante encore est l’augmentation du taux de chômage d’ 1, 7 point, révélant une crise qui ne cesse de s’aggraver. Ce phénomène est accompagné de risques sociaux majeurs tels que l’augmentation de la pauvreté et de l’instabilité. Cela pourrait également exacerber le phénomène de l’émigration clandestine, menaçant l’avenir de la jeunesse sénégalaise. Si des mesures urgentes ne sont pas prises pour inverser cette tendance, les conséquences pourraient être désastreuses.

Attachons nos ceintures, le don de soi pour la Patrie, c’est maintenant ou jamais
Chers compatriotes, la situation exige que nous soyons unis et que nous fassions preuve de solidarité envers notre Patrie. Il est impératif que les autorités et les acteurs économiques se mobilisent pour relancer l’économie. Le Sénégal est à un carrefour décisif : sans action concrète, collective et résolue, le pays risque de s’enfoncer davantage dans une crise économique aux répercussions néfastes pour sa population.
Rassemblons-nous pour protéger l’avenir de notre cher Sénégal, terre de Cheikh Ahmadou Bamba, de El Hadji Malick, de Mame Limamou Laye et de Baye Niass, ainsi que la République de Léopold Sédar Senghor, de Mamadou Dia, de Cheikh Anta Diop et du Pr Amadou Mahtar Mbow.
A bon entendeur
Que Dieu bénisse le Sénégal et guide le pays vers la paix, la prospérité et l’unité, etc.
Balla KHOUMA
Docteur en Sciences Economiques
Ingénieur Statisticien Economiste de la santé