Sénégal : on change les présidents, pas les problèmes -chacun pour soi, Dieu pour les riches !

Tant que j’ai du riz chez moi, que le Peuple crève – Dormez tranquilles, vos bourreaux prient pour vous !

La République des excuses : pendant ce temps, le Peuple crève -Le pays va bien… sauf pour les pauvres !
Tu rigoles ?
S’il y a bien une chose que les Sénégalais ont appris à faire avec une élégance rare, c’est souffrir en silence… mais avec le sourire. Un sourire figé, parfois nerveux, qui masque une pauvreté profonde, des injustices criantes, et une indifférence collective bien installée, presque devenue une tradition nationale. Pire encore : pendant que la misère danse sabar sur nos consciences, beaucoup se targuent de dire fièrement :
«Moi ? Aucun souci chez moi. Les enfants vont bien, le business marche, tout roule !»
Vraiment ? Tout roule… droit dans le mur, peut-être.
Comment peut-on se dire musulman pratiquant, talibé fidèle ou simple citoyen croyant, et dans le même souffle ignorer les cris étouffés de son voisin ? Sommes-nous devenus insensibles à la douleur de l’autre ou simplement trop occupés à fuir nos responsabilités ? Depuis notre «indépendance» -concept à géométrie variable-, nous avons hérité d’un système politique qui fabrique de la misère comme d’autres fabriquent du sucre. Et ça tombe bien, nous en consommons beaucoup.

Pendant que certains se débattent avec des maladies médiévales que même les archives de Pasteur ont oubliées, d’autres perdent leurs terres, leurs enfants, leur dignité. Des femmes violées, des enfants battus, des villageois expropriés, des blessés de guerre oubliés en Casamance… Et pourtant, les chaînes d’info nous bercent de divers faits divers jusqu’à l’indifférence. La tragédie est banalisée, normalisée, digérée. Mais où est passée notre humanité ?
Nous vivons dans une République où changer de Président, c’est comme changer d’emballage sur un produit périmé. Le contenu reste le même : mensonges, enrichissements douteux, promesses creuses, et une pauvreté entretenue comme stratégie politique. Et tout cela avec la complicité passive des citoyens. Oui, nous aussi, nous sommes responsables.
Combien parmi nous pleurent devant une vidéo bouleversante sur Facebook, puis changent de chaîne pour regarder une série turque ? Combien se disent : «Ce n’est pas mon problème, c’est à l’Etat ou aux marabouts d’agir» ? Trop, beaucoup trop.
Mais le Coran n’a-t-il pas dit dans la sourate An-Nisa, verset 75 :
«Qu’avez-vous à ne pas combattre dans le sentier d’Allah, et pour la cause des faibles : hommes, femmes et enfants…»
Et dans la sourate Achoura, verset 39 :
«Et ceux qui, atteints par l’injustice, ripostent.»
Alors, que faisons-nous de ces versets ? Les citons-nous juste pour briller dans un débat WhatsApp ? Où est passée cette foi qui nous poussait autrefois à défendre l’opprimé, à donner sans attendre un retour, à construire des ponts plutôt que des murs entre nous ?
Nos guides spirituels, eux aussi, doivent se réveiller. Ils ont, volontairement ou non, laissé leur autorité fondre comme beurre au soleil devant les intérêts politiques. Leur silence, leur neutralité, leur absence d’engagement sont une trahison envers les fidèles, envers le Peuple. Et un jour, ce Peuple les jugera, ici ou dans l’Au-delà.
Il est temps de se lever. De s’unir. D’agir.
Car la vraie réforme ne viendra ni de Dakar, ni d’un palais doré, ni d’une visite présidentielle avec caméras et boubous neufs. Elle viendra de nous, du Peuple, de la base, des gens simples, mais éveillés. Il faut qu’on arrête d’attendre un sauveur. Le sauveur, c’est toi. C’est moi. C’est nous.
Assez de lamentations. Assez de prières creuses sans action. Le Sénégal mérite mieux. Nos enfants méritent mieux. L’histoire ne pardonnera pas notre lâcheté. Mais elle honorera notre union, notre courage, notre solidarité.
Alors, Sénégalais, tendons-nous la main. Cessons les rivalités inutiles. Que l’empathie l’emporte sur l’égoïsme, la fraternité sur l’orgueil, l’action sur les slogans.

Ensemble, sortons de cette pauvreté organisée, brisons ce cycle de souffrances recyclées, et bâtissons un avenir commun. Pas chacun pour soi, mais tous pour tous.
Ndiawar DIOP