Affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr : c’est une question de viol présumé qui défraie la chronique au Sénégal depuis plus de 5 jours. D’habitude dans ce genre de situation, les organisations de défense des droits des femmes sont toujours les premières à se signaler pour soutenir la présumée victime pour que justice soit faite. Seulement, cette fois-ci certaines d’entre elles comme l’Ajs sont restées presque aphones.

Dans l’affaire de viol présumé dans laquelle l’homme politique Ousmane Sonko est cité, c’est le silence des organisations qui luttent pour les droits des femmes qui suscite des interrogations. Pourtant ces organisations dans de pareilles situations sont toujours les premières à monter au créneau pour apporter leur soutien à la présumée victime et exiger que justice soit faite. Presque une semaine après la plainte de l’accusatrice, seul le Collectif pour la promotion et la protection des droits des femmes et des filles a sorti un communiqué pour s’inquiéter du sort de la jeune femme. Dans le document, les membres dudit collectif constatent pour le déplorer que «l’attention est plus tournée vers le présumé auteur que vers la présumée victime, et que des tentatives de décrédibilisation de sa parole vont même jusqu’à porter atteinte à sa dignité». Dès la publication de ce communiqué, le réseau Siggil Jigéen s’est démarqué soutenant que «ses 18 organisations membres ne sont en aucun cas concernées de près ou de loin par ce communiqué qui n’engage que ses auteurs». Interpellée hier sur l’attitude de son organisation face à cette situation, la présidente du réseau Siggil Jigéen a fait savoir que c’est une affaire pendante devant la justice. Selon Safiétou Diop, tout ce qu’elles souhaitent, «c’est que la justice fasse son travail». Précisant qu’elle ne compte pas accorder d’interview sur cette affaire, Mme Diop demande à « toutes les parties de ne pas utiliser les acquis de 3 générations de femmes et d’hommes de la Société civile à des fins politiques». Pour le reste des questions, la présidente de ce réseau renvoie à ce qui a été dit dans leur communiqué. Il faut noter que dans le document, «le réseau Siggil Jiguéen invite les personnes impliquées dans le combat partisan à respecter l’image de la Société civile acquise de haute lutte par 3 générations de femmes et d’hommes patriotes et citoyens engagés pour la dignité et la justice au service du Peuple sénégalais». Et à toutes les organisations de la Société civile, il demande de «continuer le combat pour la défense de l’intégrité physique et morale de toutes les femmes à chaque fois que des faits avérés l’exigent mais dans le respect des principes et valeurs partagés de la Nation sénégalaise pour un pluralisme respectueux des différences et une forte démocratie».
Quid de l’Association des juristes sénégalaises ? Jointe par téléphone, Amy Sakho de l’Ajs renseigne que l’organisation n’a pas encore jugé opportun de parler de cette affaire. En tout cas hier, lors du débat du jour sur la Rfm, le secrétaire exécutif de la Lsdh a essayé d’expliquer le silence des organisations des droits des femmes dans cette affaire. Selon Alassane Seck, cela fait juste «4 jours, il ne faudrait pas qu’on se précipite pour affirmer de façon péremptoire». A son avis, «les gens prennent le temps de réfléchir parce que c’est une question éminemment politique». «Ousmane Sonko c’est un acteur politique de premier plan, il y a des relents politiques. Dans tous les cas de figure, il faut que les gens soient prudents dans leur jugement», a-t-il déclaré.