Le Stade des Martyrs «climatisé»

«Ce ne sont plus des Congolais, ce sont des congelés», raille un supporter des Lions sur le Net.
La geste de nos «Lions» vient d’enregistrer un de ces fabuleux chapitres que l’on se plaît à ressasser avec nostalgie les jours de spleen. Cette équipe de Pape Thiaw fait montre de nerf, de jarret et de sourcil pour jeter un coup de froid dans le Stade des Martyrs de Kinshasa, et nous ramener trois précieux points qui la mettent sur orbite en direction du Mondial américain de 2026.
Iliman Ndiaye, cela mérite d’être dit, éclabousse de sa classe cette rencontre durant laquelle il prend le match en main et sonne l’assaut. Que dire de la reprise instantanée de Pape Matar Sarr qui scelle le destin du match ? Cet exploit reflète la confiance en soi, en son talent et sa bonne étoile, la marque des champions…
Si l’on en croit ce que l’on voit, les papys résistants de la troupe des champions d’Afrique, qui entament la pente descendante du vieillissement, pourront bientôt raccrocher les crampons et dormir tranquille : la relève est déjà là, plus qu’à la hauteur.
Un esprit facétieux, tout ce qu’il y a de sénégalais, de railler les malheureux Congolais sur les réseaux sociaux : «Les Lions ont climatisé le Stade des Martyrs ; ce ne sont plus des Congolais, ce sont des congelés !»
C’est en effet une cruelle torture que d’attendre une heure avant d’anéantir tous les espoirs d’un Peuple en proie à une guerre civile et toutes autres sortes de calamités, qui aurait pu se consoler provisoirement au moyen d’une qualification en Coupe du monde. Il l’appelle de tous ses vœux depuis la première et la dernière, celle d’Allemagne, en 1974, après que le Congo Kinshasa, au nom de l’authenticité, se rebaptise Zaïre, tombe le costume classique pour étrenner l’Abacost, qui serait un condensé d’«à bas le costume».
Il faut dire que cette expédition tourne vite au désastre, après une crise interne due à une question de primes -pour ne rien changer, n’est-ce pas ?- et une série de déculottées dont celle, record, de neuf buts à zéro face à la Yougoslavie.
La désintégration de cette fédération serait-elle l’œuvre des sorciers zaïrois qui ne pardonneraient jamais cette tragédie allemande ?
Rien n’est alors trop grand ni trop beau pour le pays de Mobutu Sésé Séko Kuku Ngbengu wa Za Banga, (traduction officieuse : le coq dans la basse-cour ne laisse aucune poule intacte). Le Zaïre dont le sous-sol donne des vertiges aux leaders des pays industrialisés, est alors la place forte de la renaissance africaine, où l’on achète, rien que pour la gloire, des combats de boxe du style Ali-Foreman.
Les Occidentaux, Américains en tête, sont aux petits soins pour le tyran de Gbadolite. Quant aux Sénégalais, ils ne se plaignent pas trop de leur sort au Zaïre : ils sont quelques diamantaires dont des «marabouts», à en revenir avec des fortunes colossales. Les autres, qui ne sentent pas le vent tourner, seront rapatriés avec leurs seuls baluchons. Nos footballeurs viennent-ils de les venger ?
Cela dit, les Lions, depuis hier, sont leurs seuls vrais adversaires pour la qualif’…
Il leur reste deux matchs pour y être : on se connaît, c’est très sénégalais d’échouer quand ça paraît si facile, comme nous sommes capables du meilleur quand personne n’y croit plus. Le match d’ouverture de la Can au Caire en 1986, après une vingtaine d’années de disette, face à l’Egypte aussi, glacera le pays des Pharaons ; celui du Mondial 2002, face aux champions du monde sortants, les Français, réfrigèrera l’Hexagone de l’ancien colonisateur…
A nos Lions, il faudrait sans doute expliquer, calmement et longuement, qu’il n’est pas pensable qu’ils nous ramènent la Coupe d’Afrique et la Coupe du monde sous le régime «Diomaye môy Sonko».
Je sais d’avance ce qu’ils nous répondront : «Impossible n’est pas sénégalais…»
Snif, rentrons à la maison où nous attend un réaménagement gouvernemental. Une mauvaise nouvelle et une bonne nouvelle à annoncer. On commence par la bonne ?
Dieu merci, les Affaires étrangères sont retirées à Madame Yassine Fall pour être confiées à Cheikh Niang, ancien ambassadeur du Sénégal à Washington, avant d’être notre représentant aux Nations unies.
Un plus gros calibre ?
La mauvaise nouvelle est que Madame Yassine Fall hérite encore d’un ministère, celui de la Justice. Tout comme l’un des avocats de l’opposant Ousmane Sonko, Me Bamba Cissé, atterrit à l’Intérieur.
Logique, au fond…
Après le coup de gueule du Premier ministre sur «le manque d’autorité» qui mine notre pays, il n’y a que deux solutions : soit le démettre, soit lui permettre d’exercer l’autorité, que l’Intérieur et la Justice représentent. Le Président Diomaye Faye qui se dit son ami, préfère lui faire endosser la responsabilité de l’exercice d’une vraie autorité en lui permettant de choisir ses proches pour faire la police et rendre justice.
Surtout après le lancement du mouvement «Sonko dégage» la semaine précédente et les rendez-vous que lui fixent les opposants de la diaspora, à Paris d’abord et Milan ensuite. Bref, ça se corse dans les deux camps et, manifestement, le Président Bassirou Diomaye Faye ne semble pas vouloir monter au front.
S’il y a de la castagne sur la voie publique, il ne faudrait pas la lui faire endosser ?
Avant de prendre les airs, le Premier ministre aura tout de même présenté sa, euh, vision de Dakar Métropole 2050, au moment où Abass Fall, le nouvel édile de la capitale, enfile son écharpe et s’installe dans le maroquin de Ngoné Mbengue qui le chauffe jusque-là pour Barthélemy Dias. Bien entendu, le, euh, projet de Dakar 2050 sort des officines de ce brave Victor Ndiaye qui ne doit pas mourir de faim ces derniers temps.
Question impie : si la Cour suprême rend à Barthélemy Dias son maroquin, on fait comment ?