…Parce que vieux de plusieurs décennies, dans le cadre d’un militantisme fervent, moulé dans une conviction robuste. Que le syndicalisme demeure, à son entame, une affaire ouvrière, et non une affaire de col blanc, voire de plan de carrière. Et que [de surcroît], le syndicaliste milite dans un syndicat, plutôt que dans un parti politique. Il ne peut être aussi un activiste aux comportements liberticides.

Ainsi, le syndicalisme a pour vocation de regrouper des personnes de certitudes, défendant des intérêts communs [et solidement ancrées dans le monde du Travail], dans sa quintessence. Au cas contraire, lesdites personnes relèvent de coquinerie [sans scrupules], capables de sournoiseries et de poignarder dans le dos, leurs propres camarades de lutte. C’est le quotidien de plusieurs leaders qui se taisent, incapables de se prononcer sur les évènements brûlants qui concernent le milieu du Travail sénégalais et africain. Ils ne communiquent point avec les travailleurs-salariés et les excluent des débats d’idées qui les concernent au premier degré. Et [d’ailleurs], ils restent à la merci de tout pouvoir politique, refusant de livrer leurs propres opinions ; parce qu’en communiquant, ils se découvrent et ne sont guère favorables à un style linguistique syndical. Ils n’écriront jamais, parce qu’ils en sont incapables… alors, ils calomnient au lieu de se taire.

Le syndicalisme ouvrier s’est révélé avant le syndicalisme patronal. Il en est de même quant à son organisation. Il a été bloqué de mille manières et de mille façons, interdit [ledit syndicalisme] par la législation issue de la Révolution française [loi Le Chapelier, juin 1791], face aux ordres du capitalisme.
Autrement dit, il a fallu attendre [mars 1884] pour sa restauration par la loi Waldeck-Rousseau : autorisation et réglementation. Et dès cet instant, les bourses du Travail s’implantèrent aux fins de coordonner les actions ouvrières [1895]. En ce sens, une bourse du travail ne ferme pas le dimanche. Parce que l’organisation du travail dans les entreprises, à l’heure du progrès, impose : le travail par roulement et durant toute une semaine. Parce que les demandes d’explications ne peuvent attendre, au risque de sacrifier le salarié-travailleur qui a besoin de son syndicat de base. Et c’est gravissime de procéder en violation desdites dispositions sociales.

Que sous cette emprise donc, l’histoire syndicale doit être connue par tout novice qui voudrait épouser le syndicalisme : un sacerdoce ! C’est là tout un ensemble de règles d’écriture et d’enseignement d’un programme élaborées dans un langage et formant la grammaire dudit langage syndical. A cet effet, un ignorant ne saurait en percevoir le mystère et le vocabulaire. Et dommage pour les tricheurs et les profiteurs !

Dans un tel contexte, il est important de se rendre compte que le syndicalisme n’a pas besoin de déléguer ses pouvoirs à un parti politique, ni à un politicien, de n’importe quelle obédience qu’il soit. Sous ce rapport, le camarade Alassane Ndoye, Sg du Syndicat des routiers [Cnts], l’a bien appris [un exemple !] ; lui qui a su poser des actes concrets, en étant élu député du Peuple par les travailleurs de son secteur. Il a été en fonction à l’Hémicycle [Assemblée nationale] durant une mandature, là où le sort du travailleur-salarié se décide [lois, décrets, arrêtés généraux entre autres], nouant des relations et défendant bec et ongles le monde du Travail, dans une autonomie absolue. Alors, pourquoi les centrales syndicales sénégalaises, à son image, ne peuvent-elles pas s’unir ? C’est tout un travers et une incompréhension inadmissible ?
Attendu que «le respect des principes et droits fondamentaux est en effet un préalable à la construction d’un marché du travail socialement légitime ; le dialogue social est le moyen par lequel les travailleurs, les employeurs et leurs représentants engagent le débat et l’échange sur les moyens d’y parvenir. La création d’emploi est l’instrument essentiel d’élévation des niveaux de vie et d’augmentation de l’accès à un revenu, tandis que la protection sociale permet d’accéder à une sécurité du revenu et de l’environnement de travail». CQFD !
Puisque le projet de nouveau Code du travail sénégalais qui se dessine ne peut rencontrer favorablement l’adhésion du monde du Travail qui en était exclu, au préalable, à son élaboration. Parce qu’en finalité, le syndicalisme est une lutte de classe.
Ibrahima Khalil MENDY
SG Syntips & Président
Des Permanents Cnts