L’hypocrisie est l’hommage que paie la vérité à l’erreur et puis, un autre hommage encore plus infect fait aux vulgaires intérêts de l’homme (politique ici).
Il est évident qu’un succès bâti sur le mensonge et sur la tricherie, ne sera jamais qu’un échec lamentable et éphémère. Il est possible et même très facile de berner une partie d’un peuple -sa jeunesse surtout- en exploitant traitreusement ses frustrations, ses difficultés et son envie d’un «devenir meilleur». Mais le réveil peut être brutal et dévastateur car pour un homme désespéré, n’avoir aucune envie de vivre est la plus vieille façon de vivre. Et qui vivra, verra. Yagg a tul, la jeunesse de mon pays comprendra le jeu de chacun, pour avoir dansé sur la musique de chacun.
Qu’on ne se méprenne surtout pas : ce n’est pas une menace contre nos politiciens. C’est tout juste une mise en garde. Le manipulé d’hier peut, à tout moment, se révéler le bourreau de nos ambitions politiciennes d’aujourd’hui ; la prise de conscience et le réveil subi sont trop souvent spontanés et mais encore trop vengeurs. Kuy door a mên kuy saaga ! Alors, wait and see, comme dirait mon cousin anglophone.
Qu’on le veuille ou non, mon pays est une démocratie avérée. Il n’est pas les Etats-Unis où Trump fut président parce qu’il est né avec une cuillère en or dans la bouche ; il n’est pas la France qui vient tout juste de présenter à la face du monde, une Pécresse, une Le Pen ou un Zemmour. Mon pays n’est ni le chaos libyen ni la chienlit malaisienne. Cessons de le présenter à notre jeunesse comme une dictature sans issue !
En démocratie, il est légitime pour celui qui est aux affaires, d’user de son droit de conservation de ce même pouvoir. Comme il est consacré à l’opposant les moyens de le conquérir pacifiquement. Mais le tout, dans un geste et un verbe de vérité, de respect des institutions et de l’Administration. Il est facile de tromper un peuple, même par la parole : depuis plus d’une décennie, l’opposition et une frange de la Société civile dépeignent ce pays comme un enfer ; poussant les plus jeunes au désespoir, à la défiance des institutions et au sabordage de notre quiétude. Pourquoi s’émouvoir alors lorsque les bras les plus valides de la Nation bravent les océans (un suicide collectif) pour les sirènes du mirage occidental, pourquoi piquer une crise lorsqu’ils mettent le feu aux biens publics et privés, pourquoi épiloguer lorsqu’ils défient l’autorité de la loi et de ses rouages (police, gendarmerie) ?
Ce qui se passe dans ce pays, avec les politiciens, est lamentable. Pourtant, le Sénégal survivra à nous tous. Par conséquent, il est plus important que nos ambitions politiques du moment. Que nous proposez-vous jusqu’ici ? Une alternative aux manquements (réels ou supposés) du pouvoir en place ? Que nenni !
Un programme alternatif n’est pas un appel quasi permanent à l’insurrection (le maire de Dakar qui nous dit qu’à vingt heures, la ville va brûler) ; un programme alternatif n’est pas une éternelle défiance des institutions (le chef de l’Etat surtout) que l’on accuse au quotidien ; une alternative sérieuse ne se résume pas à des attaques perpétuelles contre les magistrats que l’on voue à la vindicte populaire ; un programme de gouvernement ne scie pas la branche nourricière sur laquelle il veut s’adosser dans le futur (présenter l’Administration comme un nid de corrompus à la solde de l’Apr et Macky Sall). Le plus grave dans tout cela : orchestré par des individus peu scrupuleux que cette Administration a boutés dehors pour faute grave ou par d’autres encore dont les compétences intellectuelles interdisent d’aspirer à aucune de nos stations administratives sérieuses. Qu’ont-ils (les opposants) de mieux que nos magistrats, que nos fonctionnaires, pour les acculer de la sorte ? Pourquoi tant de mensonges sur des hommes et femmes dont le mérite ne souffre d’aucune contestation ? II est vrai de dire que dans le cercle qui exerce le pouvoir depuis dans douze bonnes années, il y a des brebis galeuses et des traineurs de casseroles mais à côté, que vaut cette opposition qui rue dans les brancards ? Une opposition qui se dédit (faire liste commune avec les animateurs du «système» que l’on voulait décapiter il y a juste quelques temps ; attention, le Var est là), qui fait des compromis de bas étage (s’accuser les uns les autres dans le rejet de la liste de députation à Dakar), qui use des carnations versatiles et des nuances volatiles (soutien aux homosexuels -je démissionne de la liste de députation, mais je reste dans la coalition), qui méconnait tragiquement l’esprit des lois et règlements (loo jangul, doo doon sêrignam) et ensuite oser invectiver ou attaquer tous ceux qui vous rappellent à l’ordre (Dge) au nom du Peuple et de la République, je dis que le leader du Pastef et ses spoutniks vont trop loin.
Notre Etat est-il si faible ? Comment Barth’ a-t-il pu passer la nuit chez lui après son incursion inconcevable à la Dge ? Sur quoi un Déthié Fall nous menace-t-il dans la non-organisation effective des élections législatives sans son cartel à Dakar ? Qui est Sonko, pour que nos journalistes accourent spontanément à lui (au moindre son de cloche) pour lui donner la possibilité de débiner ses monologues schizophrènes, sans leur accorder la moindre chance de lui poser des questions sur ce que les citoyens de ce pays veulent savoir de lui ? Qui sont ces messieurs intouchables que personne n’ose contredire (bien fait pour la coordination des organisations de la Société civile qui en a pris pour son grade) ?
La manipulation et l’hypocrisie ne donnent que des fruits éphémères. Un peuple a besoin de s’abreuver à la bonne source ; le crétiniser, c’est en faire une bombe dormante qui explosera tôt ou tard entre les mains de celui qui l’aura armée. Et je vous assure que ce Peuple est plus mûr que ceux qui pensent le tenir entre leurs mains incultes. Personne ne versera plus son sang pour vos fades combines de politiciens attardés.
«JOCK : la République est mienne»