«Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs.»

La sérénité ! Voilà en vérité, ce qui manqua au Pastef et à son leader depuis que l’on eut parlé de confrontation. Trop de communication tue la communication pour des oreilles alertes et non partisanes. Parce que justement la manipulation ne paye pas toujours. On ne trompe pas l’opinion infiniment. Le croire, c’est manquer de respect à tous ses concitoyens.

Occuper, bien occuper l’espace audio-visuel peut effectivement faire gagner une bataille (celle de l’opinion) mais que vaut-elle dans toute la guerre (celle dite judiciaire) où seule la vérité des faits et leur véracité peuvent faire triompher ? Les quinze avocats du grand monsieur ont du pain sur la planche. Et c’est certain. Car ce qu’il y a dans ce dossier sur la table du juge, semble en horrifier plus qu’un.
A voir, le calme olympien venant du tonitruant maître El Hadji Diouf et l’empressement à communiquer des autres défenseurs de monsieur, cela peut nous édifier sur beaucoup de choses. A voir, la tenue de cette jeune fille, au sortir de la confrontation, aller d’un pas léger vers les journalistes pour répondre soigneusement aux questions, devrait faire réfléchir bon nombre de cette grande et importante corporation.

A voir, le grand monsieur rejoindre furtivement son domicile et s’adonner à son jeu favori (monologue égrillard et licencieux) devait faire comprendre aux hommes de presse, qu’il sait les utiliser comme relais mais nak def u leen ay nawleem. Vous ne méritez pas qu’il perde du temps à répondre à vos interrogations. Il sait vous laisser avec ses avocats qui brouillent les pistes avec du dilatoire insipide et à ses déclarations intempestives qui cherchent à ouvrir des dossiers dans un dossier. Pourtant, nous savons tous que lorsqu’un avocat parle de son dossier, il tire toujours du bon côté de son client.

Osons le dire ouvertement : Sonko est sorti de cette confrontation, tout petit. Et la bonne question est : pourquoi ses quinze conseillers (d’habiles avocats je suppose) lui ont-ils suggéré la stratégie du silence face aux questions venant du juge, du procureur et des défenseurs de la partie civile ? Si la réplique à cette question s’arrête à son droit de ne pas répondre surtout à des questions indécentes, alors ce serait trop léger. Ndax nak lamign du lekk lamign dit la diction wolof. Le viol est un crime odieux et toute question y relative sera forcément indécente. Rester aphone face à l’horreur d’une aussi grave accusation, c’est loin du fait de défendre son statut ou son honneur. Wax leen ma leneen waay !

La manipulation (des deux côtés) doit s’arrêter pour de bon. Surtout du côté de Pastef où une armée de mercenaires occupe jour et nuit l’espace médiatique pour embobiner les jeunes afin d’en faire un bouclier. Que protège-t-on si ardemment au détriment de la paix civile et de la concorde nationale ? Un projet ou un homme ? Le projet ne peut-il pas survivre à l’homme ? Sinon, où est cette rupture que l’on nous chante toujours ? Il y a un complot ourdi par les gens du pouvoir, en a-t-on objectivement les preuves ?

Cette armée mexicaine composée d’insulteurs publics, de chroniqueurs haineux donc peu objectifs, de journalistes qui ont oublié le sens de l’équilibre dans l’information, passe tout son temps à se défouler sur une jeune fille sans défense. On lui cherche des incohérences dans son discours ; on s’interroge sur sa «grossesse» et sur ses origines modestes. On va même jusqu’à parler de sa moralité (caga la). Pourtant les incohérences dans le discours de leur champion sont plus criardes. Quel est cet oustaz qui lui légitima les portes de Sweet Beauty ? Adji Sarr serait-elle une professionnelle de la santé ?

Quel est ce père de famille responsable qui doit aller se faire soigner d’un mal quelconque sans en parler à ses conjointes ? Quel est cet institut spécialisé de santé que l’on cache à ses épouses, à ses gardes du corps et à son chauffeur ? Si elle est aussi «caga», pourquoi un aussi  illustre homme» la fréquente-t-il jusqu’à lui faire des confidences sur sa vie intime ? La grossesse peut être effectivement la conséquence d’un viol mais son absence n’absout en rien la réalité du crime abject s’il a eu lieu.

Le responsable de l’école du Parti Pastef (sic) nous dit qu’ils n’ont pas besoin d’un imam. C’est curieux pour des gens qui vantent et nous vendent la rupture. Une rupture, ce ne sont que des hommes probes, lucides et responsables qui peuvent et doivent la prôner. Quel est le Sénégalais qui accepterait de placer à la tête de son pays un homme soupçonné d’avoir violé une compatriote ?
Ce pays a payé un lourd tribut à cette histoire sordide ; nous y avons laissé la vie de quatorze de nos jeunes concitoyens, des milliards de dégâts matériels, des pertes d’emploi énormes et la réputation de notre démocratie légendaire. Même notre cohésion sociale est menacée avec un «ethnicisme» rampant mais réel dans le discours et dans les actes. Trêve de plaisanterie, le Sénégal veut savoir la vérité. Il est temps de nous dire qui est responsable de nos morts.
Adji Sarr est-elle dans le faux ? Elle le payerait cher alors ! Ses complices avec elle. Sonko, quant à lui, nous doit la vérité. Il la doit à ce monde fou qui croit en lui, à la jeunesse qui l’idolâtre et au monde entier qui l’observe. La seule popularité dont il jouit, le large soutien dont il bénéficie ne suffisent plus à le blanchir. Son armada d’avocats doit plutôt se pencher sur les questions de droit pour le sortir de ce guêpier où il s’est fourré lui-même. Mbir yi du doole, mbir yi nekkatul ci ku daq a wax, mbir mi mingi ci dêgg gi fi mu feete.
Amadou FALL
Inspecteur de l’Education à Guinguineo
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