Dans son message à la Nation du 31 décembre 2017, le Président Macky Sall a consacré une ode à la paix en Casamance. Il a tendu une «main fraternelle» aux rebelles armés du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) et leur a proposé un pacte de «paix définitive» qui ne ferait ni de vainqueurs ni de vaincus. Un énième appel solennel à la paix et à la concorde nationale pour impulser le développement de la région naturelle de Casamance. La réponse de factions armées ne s’est pas fait attendre. Moins d’une semaine après ce vibrant appel du chef de l’Etat, une escouade armée a canardé des jeunes gens, rencontrés dans la forêt de Bourofaye, dans la péripétie de Ziguinchor. Le bilan du carnage est terrible et révoltant. Treize jeunes gens ont perdu la vie et six autres atteints grièvement par balles et sont marqués à jamais. La Nation sénégalaise est en deuil et en colère ; une colère légitime. Cette dernière attaque nous ramène à la réalité de la situation du conflit armé qui secoue cette partie du Sénégal depuis plus de trente-cinq ans. Combien de fils et filles du Sénégal y ont déjà perdu la vie ? Combien de missions de bons offices, de missions de paix ont été conduites ? Combien de cessez-le-feu ont été signés ? Combien de mesures de grâce ont été accordées à des combattants et autres leaders indépendantistes arrêtés ? Combien de fois des prisonniers ont été libérés dans l’espoir de les voir revenir dans la «famille» de la Nation sénégalaise ? Combien de valises d’argent ont été convoyées dans le maquis dans l’esprit qu’elles calmeraient la furie des chefs de guerre ? Toutes ces mesures et toutes les sommes dépensées pour des projets de réinsertion sociale de combattants rebelles n’ont abouti qu’à la tuerie de samedi dernier. L’Etat du Sénégal a fait toutes les concessions imaginables dans ce conflit. L’Armée nationale et les autres forces de sécurité ont essayé de jouer leur partition de sauvegarder l’intégrité du territoire national. Malheureusement, chaque fois que les rebelles du Mfdc sont pris en étau et sont lourdement affaiblis, ils trouvent des faiseurs de paix pour engager des négociations. En conséquence, l’étau se desserre et cela permet aux rebelles de reprendre des forces. Surtout que les négociations de paix sont accompagnées d’un volet de distribution d’argent qui permet aux rebelles de se refaire ainsi une santé, de panser les blessures et peut-être même d’acheter de nouvelles armes avec l’argent fourni par le gouvernement du Sénégal. Trop de personnes vivent de cette guerre ! Cette politique n’a que trop duré. Que l’Etat du Sénégal nous dise s’il a bien les moyens de régler ce conflit et ne plus laisser des citoyens sénégalais exposés à des battues lâches du genre. Personne ne se trouve en sécurité en Casamance. Des coupeurs de route peuvent surgir de n’importe quel buisson pour attaquer. Des voyageurs ou des paisibles agriculteurs ou éleveurs sont attaqués et dépossédés de leurs biens et même tués. Cette situation d’insécurité ne saurait encore être acceptable.
Il urge donc de prendre toutes les mesures nécessaires pour traquer ces bandits qui, il faut le dire, ne sont point mus par un élan de combat patriotique, mais plutôt sont des brigands qui cherchent à exercer une terreur pour continuer à rançonner l’Etat du Sénégal. L’Armée sénégalaise qui a été dotée, ces dernières années, d’une puissance de feu qui devrait l’autoriser à expurger les rebelles de leurs dernières caches doit être lancée, sans répit,  aux trousses des agresseurs. Il ne doit plus rester un centimètre carré du territoire national qui servirait de sanctuaire à des groupes rebelles armés. Les cantonnements rebelles doivent tous être éradiqués et leurs occupants rudement pourchassés. Le choix doit être clair pour tout le monde : C’est celui de quitter le maquis ou d’être traité comme un vulgaire terroriste et tueur. Le Sénégal est dans une situation de légitime défense face à des hordes qui assassinent et massacrent d’innocents citoyens. Il nous faut être clair. Le Sénégal ne doit continuer de souffrir de voir ses fils et filles tués sur son propre sol et d’envoyer des contingents de militaires qui travaillent à rétablir l’ordre dans d’autres zones du monde. Le travail de sécurisation doit commencer à l’intérieur de nos frontières nationales. C’est comme qui dirait, nous devons d’abord balayer devant notre propre porte. Les rares moments où le Sénégal a pu vivre une période d’accalmie restent les rares fois où l’Armée sénégalaise n’avait pas lésiné sur les moyens et avait utilisé à volonté sa puissance de feu. Il n’est pas besoin d’être un stratège militaire pour bien s’imaginer que si des contingents militaires se mettaient de part et d’autre des zones infestées de rebelles et qu’ils se donnaient pour mot d’ordre de réaliser la jonction après que chaque buisson soit ratissé, fouillé et sécurisé, l’opération sonnerait le glas du Mfdc. Le cas échéant, il faudra rester sourd à des appels d’organisations dites humanitaires et qui interviennent à chaque fois que les rebelles du Mfdc sont en mauvaise posture. Un rapport de forces doit être imposé aux groupes rebelles, jusqu’à ce qu’ils acceptent un désarment sans condition. Il faut que le chef de l’Etat nous dise si l’Armée nationale a les moyens de gagner cette guerre ou pas ? De nombreuses sources militaires répondent par l’affirmative. C’est l’occasion de les prendre au mot. Si d’aventure le Sénégal n’aurait pas encore les moyens de gagner la guerre, il ne saurait se trouver aucune autre urgence ou priorité pour le Sénégal que de donner à l’Armée les moyens pour garantir notre sécurité et l’intégrité de notre territoire national.
L’Etat du Sénégal ne doit pas non plus exclure une main sournoise d’un Yahya Jammeh par exemple, derrière le coup tordu du week-end dernier. L’ancien autocrate de Gambie avait toujours utilisé le Mfdc pour porter des coups au Sénégal. Il pourrait bien trouver de l’intérêt dans cette dernière opération, d’autant qu’il n’a pas digéré l’intervention du Sénégal pour le bouter hors de la Gambie après qu’il avait perdu l’élection présidentielle et cherchait à s’accrocher au pouvoir. Une enquête doit être diligentée et si jamais une implication du genre était établie, il conviendrait de prendre toutes les dispositions nécessaires pour lancer des poursuites contre les acteurs et les traquer partout où ils se trouveraient. En effet, chaque pays doit se donner les moyens d’assurer sa sécurité intérieure.